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Full text of "Qualité des sols dans le contexte canadien : 1988 documents d'examen."

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1^1      Agriculture 


Canada 

Research        Direction  générale 
Branch  de  la  recherche 

Bulletin  technique  1991-1 F 


Qualité  des  sols  dans  le 
contexte  canadien  -  1988 
documents  d'examen 


M  *  ■     Agriculture 


Canada  AVR  I     I3Î5» 

Library  /  Bibliothèque,  Ottawa  K1A  0C5 


630 . 72 
C75S 

C  °li  -i 

F*  > 


Canada 


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2013 


http://archive.org/details/qualitdessolsdan19911math 


Qualité  des  sols  dans  le 
contexte  canadien  -  1988 
documents  d'examen 


Centre  de  recherches  sur  les  terres 
Ottawa  (Ontario) 

Rédigé  par  : 

S.P.  MATHUR  et  C  WANG 

Bulletin  technique  1991- IF 
CRT  Contribution  N°  89-12 


Direction  générale  de  la  recherche 

Agriculture  Canada 

1991 


On  peut  oblenir  cette  publication  à  l'adresse  suivante  : 

Directeur 

Centre  de  recherches  sur  les  terres 

Direction  générale  de  la  recherche,  Agriculture  Canada 

Ottawa  (Ontario) 

K1A0C6 

Production  du  Service  aux  programmes  de  recherches 

c  Ministre  des  Approvisionnements  et  Services  Canada  1991 
N°decat.  A54-8/1991-1F 
ISBN  0-662-96435-7 

Also  available  in  English  under  the  title 

Soil  quality  in  the  Canadian  context  -  1988  discussion  papers 


Illustration  de  la  couverture 
l^es  points  sur  la  carte  indiquent 
les  établissements  de  recherches 
d'Agric  ulture  Canada. 


TABLE  DES  MATIERES 


N°  Titre 


Auteur(s) 


Pages 


Préface 


1.  Concepts  et  critères  relatifs  à  la 
qualité  du  sol  dans  le  contexte 

de  l'Ouest  canadien 

2.  Critères  de  qualité  des  sols  dans 
le  contexte  de  l'Est  canadien 

3.  Critères  de  qualité  des  sols 
organiques 


4.  Matière  organique  et  qualité  du  sol 

5.  Quelques  commentaires  sur 

la  perte  ou  l'accumulation  de 
matière  organique  dans  le  sol  et 
effets  sur  la  qualité  des  sols 

6.  Proposition  d'un  système  de 
classification  de  la  qualité  des 
sols  minéraux  pour  les  terres  arables 


J.L.  Nowland  1 

D.F.  Acton  2-5 

D.R.  Coote  6-18 

M.  Lévesque 

S. P.  Mathur  19-37 

M.  Schnitzer  38-57 

S. P.  Mathur  58-61 

C .  Wang 

D.R.  Coote  et 

D.F.  Acton  62-73 


-  1  - 

PRÉFACE 

Ce  n'est  qu'au  cours  des  trois  dernières  années  que  s'est  manifestée  l'urgence 
de  surveiller  systématiquement  la  qualité  du  sol  au  Canada.  Avant  cela,  on  se 
préoccupait  vaguement  du  bon  état  des  terres  agricoles,  que  l'on  traitait  dans 
une  large  mesure  par  des  applications  de  fertilisants.   Des  spécialistes  de 
tous  les  coins  du  pays,  lors  de  discussions  en  vue  de  mettre  sur  pied  un 
programme  national  de  conservation  des  sols,  ont  souligné  à  plusieurs  reprises 
la  nécessité  de  surveiller  la  qualité  du  sol.  Avant  d'entreprendre  un 
important  programme  de  surveillance,  il  est  absolument  essentiel  de  définir  la 
qualité  du  sol  et  de  bien  comprendre  que  ce  terme  englobe  un  certain  nombre  de 
caractéristiques.   Il  est  également  important  de  choisir  les  éléments-clés  qui 
peuvent  être  étudiés,  compte  tenu  des  ressources  disponibles,  et  qui  sont 
essentiels  pour  la  préservation  des  terres  agricoles. 

Le  concept  du  développement  viable  vient  à  l'esprit.   Les  articles  présentés 
ici  nous  paraissent  présenter  des  bases  solides  sur  lesquelles  il  serait 
possible  d'élaborer  des  programmes  dont  les  générations  futures  nous  sauront 
gré. 

Le  présent  rapport  traite  des  critères  qui  doivent  être  utilisés  pour  évaluer 
la  qualité  du  sol  ainsi  que  des  différences  de  points  de  vue  selon  qu'il 
s'agit  de  l'est  ou  de  l'ouest  du  pays.   Le  rapport  traite  des  sols  minéraux  et 
organiques,  extrêmement  sensibles,  bien  que  de  manière  différente,  aux  mauvais 
traitements.  Un  schéma  de  classification  est  proposé,  comme  élément  important 
pour  organiser  nos  connaissances.   Quelques  articles  traitent  du  rôle 
particulier  que  joue  la  matière  organique  dans  les  sols  -  depuis  les  principes 
et  composantes  de  base  jusqu'aux  divers  effets  sur  les  caractéristiques  des 
sols  relativement  à  leur  utilisation  en  agriculture. 

Nous  savons  pertinemment  qu'un  rapport  de  cette  taille  ne  peut  pas  traiter  de 
tous  les  aspects  de  la  qualité  du  sol.  Ainsi,  la  qualité  du  sol  en  ce  qui 
concerne  ses  caractéristiques  physiques  n'a  été  que  survolée  à  cause  du  manque 
d'information  sur  le  sujet.   De  plus,  le  rôle  de  la  structure  des  sols  dans  le 
maintien  des  régimes  optimaux  d'air  et  d'eau,  l'influence  de  la  gestion  des 
terres  sur  la  qualité  des  eaux  souterraines  et  de  nombreuses  questions  liées  à 
la  compaction  des  sols  doivent  faire  l'objet  de  plus  amples  recherches. 
Malgré  ces  mises  en  garde,  nous  recommandons  la  lecture  de  ce  rapport  à 
quiconque  désire  avoir  une  vue  d'ensemble  des  nombreux  aspects  primordiaux  de 
la  qualité  du  sol  pouvant  être  touchés  de  façon  importante  par  la  gestion  des 
terres  et  ayant  une  importance  particulière  pour  le  maintien  de  nos  ressources 
alimentaires  futures. 

John  L.  Nowland 

Directeur  intérimaire 

Centre  de  recherches  sur  les  terres 

Direction  générale  de  la  recherche, 

Agriculture  Canada 

Ottawa 


-  2  - 

CONCEPTS  ET  CRITÈRES  RELATIFS  À  LA  QUALITÉ  DU  SOL 
DANS  LE  CONTEXTE  DE  L'OUEST  CANADIEN 

DON.  F.  ACTON 


CONCEPTS  DE  LA  QUALITE  DU  SOL 

Tout  le  monde  semble  avoir  une  idée  de  ce  qu'est  la  qualité  du  sol,  mais 
peu  de  gens  en  ont  une  définition  précise  et  concise.  Anderson  (1983)  a 
adapté  la  définition  de  Leopold  (1949)  que  voici  :  «La  qualité  du  sol  est  la 
capacité  soutenue  qu'a  un  sol  d'accepter,  d'emmagasiner  et  de  recycler  l'eau, 
les  éléments  nutritifs  et  l'énergie.»  D'après  lui,  un  sol  de  bonne  qualité 
possède  les  caractéristiques  suivantes  :  i)  une  profondeur  suffisamment  grande 
pour  permettre  l'emmagasinement  de  l'eau  et  l'enracinement;  ii)  des 
colloïdes  organo-minéraux  en  quantité  suffisante  pour  conserver  l'humidité 
et  les  éléments  nutritifs  sous  diverses  formes  disponibles  pour  les  plantes; 
iii)  aucune  caractéristique  chimique  inadéquate,  par  exemple  acidité  ou 
salinité  et  iv)  un  état  physique  propice  à  l'infiltration  de  l'humidité  et  à 
son  emmagasinage,  à  l'aération  et  au  développement  des  racines.   Le  sol  doit 
être  capable  d'accepter,  d'emmagasiner  et  de  recycler  l'énergie  que  renferme 
la  matière  organique,  moteur  des  processus  biologiques  dans  le  sol,  ainsi  que 
d'absorber  l'énergie  dynamique  des  gouttes  de  pluie  ou  des  particules  de  sol 
transportées  par  le  vent  sans  qu'elles  emportent  le  sol. 

D'après  Anderson  (1983),  la  matière  organique  est  l'une  des  composantes- 
clés  de  la  qualité  du  sol.   Nous  savons  tous  que  l'érosion  peut  facilement 
emporter  la  matière  organique,  dont  la  teneur  peut  varier  selon  les  pratiques 
de  gestion  utilisées. 

La  qualité  du  sol  et  sa  productivité  sont  étroitement  liées;  il  arrive 
souvent  qu'un  changement  de  l'une  entraîne  un  changement  de  l'autre.   Anderson 
et  Gregorich  (1983)  ont  identifié  quatre  conséquences  de  l'érosion  sur  la 
productivité,  donc  la  qualité  du  sol  :  i)  perte  de  la  capacité  d'emmaga- 
sinement  de  l'eau  disponible  pour  les  plantes;  ii)  perte  des  éléments 
nutritifs  pour  les  plantes,  iii)  dégradation  de  la  structure  du  sol  et  iv) 
augmentation  de  l'hétérogénéité  du  sol  dans  un  champ. 

D'autres  chercheurs,  notamment  Pierre  et  al.  (1982),  ont  tenté  de 
quantifier  la  productivité  du  sol  afin  d'évaluer  la  perte  de  productivité  à 
long  terme  résultant  de  l'érosion.   D'après  eux,  la  nature  du  sol  détermine  en 
grande  partie  le  rendement  des  cultures  parce  que  c'est  là  où  croissent  les 
racines;  le  climat,  la  gestion  et  le  potentiel  génétique  des  plantes  sont 
également  importants.   En  s 'inspirant  de  Neill  (1982),  voici  les  cinq 
paramètres  du  sol  que  Pierre  et  al.  jugent  primordiaux  pour  la  croissance  des 
racines  :  capacité  de  rétention  d'eau,  densité  apparente,  aération,  pH  et 
conductivité  électrique.   Ils  ont  de  plus  fait  intervenir  un  facteur  de 
pondération  pour  tenir  compte  des  effets  de  l'épaisseur  des  couches  de  sol. 
Neill  (1982)  a  posé  comme  hypothèse  que  les  éléments  nutritifs  ne  limitaient 
pas  la  croissance  des  plantes. 


-  3  - 

Meyer  et.  al.  (1985)  ont  préparé  une  longue  liste  de  mesures  standardisées 
permettant  de  quantifier  des  facteurs  qui  ont  un  effet  sur  la  productivité. 
Les  propriétés  du  sol  sont  les  suivantes  :  a)  propriétés  physiques  :  rétention 
d'eau,  densité  apparente,  distribution  granulométrique,  résistance,  stabilité 
structurale,  taux  d'infiltration  et  potentiel  de  retrait-gonflement,  b) 
propriétés  chimiques  :  carbone  organique,  azote  total,  rapport  C:N,  nitrate  et 
ammonium,  phosphore  organique  et  inorganique  total,  capacité  d'échange 
cationique,  taux  de  saturation  en  bases,  pH  et  peut-être  saturation  en 
aluminium,  soufre,  oligoéléments,  sels  solubles  et  rapport  d'absorption  du 
sodium,  c)  propriétés  biologiques  :  indice  hétérotrophe,  respiration  du  sol  et 
d)  caractéristiques  du  relief  :  degré  et  longueur  de  la  pente,  orientation. 
D'après  ces  auteurs,  les  expériences  de  productivité  en  fonction  de  l'érosion 
doivent  également  prendre  en  considération  le  milieu  ambiant,  la  croissance 
des  plantes  et  les  particularités  de  la  gestion. 

Renard  et  Follett  (1985)  ont  identifié  les  propriétés  du  sol  utilisées 
dans  le  modèle  de  calcul  de  l'impact  de  l'érosion  sur  la  productivité  (EPIC) 
et  fourni  certaines  directives  concernant  les  expériences  de  productivité  ou 
d' érosion. 

Un  rapport  anonyme  et  non  daté  :  «Soil  Quality  Criteria  for 
Agriculture»  (Critères  de  la  qualité  du  sol  pour  l'agriculture)  préparé  par 
un  sous-comité  du  Alberta  Soils  Advisory  Committee  (Comité  consultatif  sur  les 
sols  de  1 'Alberta),  et  imprimé  par  Agriculture  Canada,  présente  un  certain 
nombre  de  critères  d'évaluation  de  la  qualité  du  sol  pour  la  production 
agricole.   En  général,  ces  critères  correspondaient  à  des  propriétés  qui 
peuvent  être  mesurées  de  façon  quantitative  dans  le  sol.   L'interprétation  des 
résultats,  nécessairement  subjective,  doit  prendre  en  considération  d'autres 
facteurs,  notamment  les  variables  climatiques,  les  facteurs  économiques,  les 
espèces  de  culture  et  les  pratiques  de  gestion.   Les  critères  chimiques  sont 
les  suivants  :  i)  la  réaction  du  sol,  ii)  la  teneur  en  sel,  iii)  le  rapport 
d'absorption  du  sodium,  iv)  la  concentration  de  potassium,  v)  le  nitrate 
soluble  et  échangeable,  vi)  les  sulfates  et  les  chlorures,  vii)  les  métaux, 
viii)  les  matières  organiques,  ix)  les  matériaux  carbonés  étrangers  et  x)  les 
pesticides.  Les  critères  physiques  comportent  :  i)  la  vulnérabilité  à 
l'érosion,  ii)  la  perméabilité  à  l'eau  d'irrigation,  iii)  la  densité 
apparente,  iv)  le  taux  de  saturation  en  humidité  (%),  v)  l'humidité 
disponible,  vi)  la  profondeur  de  la  rhizosphère  et  vii)  la  pierrosité. 
Finalement,  ce  rapport  souligne  l'importance  des  critères  microbiologiques, 
mais  précise  qu'il  n'existe  aucun  moyen  quantitatif  simple  d'exprimer  les 
processus  microbiologiques. 

Le  Groupe  de  travail  sur  la  qualité  du  sol  du  Comité  consultatif  sur  les 
sols  de  1' Alberta  s'est  penché  sur  la  question  des  critères  de  qualité  du  sol, 
en  ce  qui  a  trait  à  la  perturbation  et  à  la  remise  en  valeur  des  terres.   La 
classification  des  sols  arables  dans  les  Prairies  était  fondée  sur  :  i)  la 
réaction,  ii)  la  salinité,  iii)  la  sodicité,  iv)  le  pourcentage  de  saturation, 
v)  la  pierrosité,  vi)  la  texture,  vii)  la  consistance  à  l'état  humide,  viii) 
la  teneur  en  carbone  organique  et  ix)  l'équivalent  en  CaCC^.   Pour  la 
classification  des  sous-sols,  la  teneur  en  gypse  a  été  prise  en  considération 
mais  on  n'a  pas  tenu  compte  du  taux  de  la  matière  organique. 


-  4  - 

La  publication  spéciale  n°  44  de  1' American  Society  of  Agronomy  (1982) 
renferme  un  certain  nombre  de  très  bons  articles  qui  traitent  des  effets  des 
pratiques  culturales  sur  :  les  propriétés  hydrauliques  des  sols  (Klute),  la 
densité  apparente  des  sols  et  les  caractéristiques  mécaniques  (Cassel),  la 
température  et  la  conductivité  thermique  des  sols  (Wierenga  et  al.)  et 
l'aération  des  sols  (Erickson) .   Tous  ces  auteurs  soulignent  la  difficulté  de 
mesurer  ces  caractéristiques  et  le  fait  que  les  changements  apportés  à  ces 
caractéristiques,  possibles  en  théorie,  ont  très  peu  été  étudiés. 

CRITÈRES  DE  QUALITÉ  DU  SOL 

Seuls  quelques-uns  des  paramètres-clés  qui  peuvent  servir  à  mesurer  la 
qualité  du  sol  ont  été  décrits  brièvement  ci-dessus;  le  choix  final  des 
critères  devrait  dépendre  des  objectifs  visés  plus  précisément.   Par  exemple, 
les  critères  utilisés  pour  suivre  l'évolution  à  long  terme  d'un  sol  ne  sont 
pas  forcément  les  mêmes  que  ceux  qui  servent  à  évaluer  l'état  actuel  de  la 
qualité  du  sol  (variations  de  productivité  ou  pertes  causées  par  l'érosion). 
On  peut  choisir,  dans  ce  cas,  d'inclure  la  taille  des  agrégats  et  la  stabilité 
pour  prédire  les  pertes  causées  par  l'érosion,  paramètres  qui  ne  sont  pas 
toujours  nécessaires  pour  assurer  un  suivi  des  variations  de  la  qualité. 

Il  faut  également  se  fixer  un  sol  de  référence;  ainsi,  au  Canada,  où  la 
charrue  n'est  utilisée  que  depuis  cent  ans  à  peine,  on  se  sert  fréquemment  du 
sol  à  l'état  vierge  ou  cultivé  comme  sol  de  référence.   Cela  peut  être 
approprié  dans  certains  cas,  mais  pas  toujours.  Un  sol  cultivé  depuis  moins  de 
10  à  20  ans  conviendrait  peut-être  mieux. 


REFERENCES 

Alberta  Soils  Advisory  Committee.  Soil  quality  criteria  for  Agriculture. 
Agriculture  Canada.  6  pp. 

Anderson,  D.W.  and  E.G.  Gregorich.   1983.   Effect  of  soil  érosion  on  soil 
quality  and  productivity.  Pp.  105-113  In  Soil  Erosion  and  Land 
Dégradation.   Sask.  Inst.  of  Pedology,  Saskatoon. 

Cassel,  D.K.   1982.  Tillage  effects  on  soil  bulk  density  and  mechanical 
impédance.  ASA  Sp.  Publ.  44:  45-67. 

Klute,  A.   1982.   Tillage  effects  on  the  hydraulic  properties  of  soil:  a 
review.  ASA  Spécial  Publ.  44:  20-43. 

Meyer,  L.P.,  A.  Bauer  and  R.D.  Heil.   1985.   Expérimental  approaches  for 
quantifying  the  effect  of  soil  érosion  on  productivity.  Pp.  213-234  in 
R.F.  Follett,  B.A.  Stewart,  eds.  Soil  Erosion  and  Crop  Productivity.  Amer. 
Soc.  Agron.,  Madison,  Wisc. 

Renard,  K.G.  and  R.F.  Follett.   1985.  A  research  strategy  for  assessing  the 
effect  of  érosion  in  future  soil  productivity  in  the  United  States.  Pp. 
691-702  in  S.A.  El  Swaify,  W.D.  Moldenhauer  and  Andrew  Lo,  eds.  Soil 
Erosion  and  Conservation.  Soil  Cons.  Soc.  Amer. 


-  5  - 

Soil  Quality  Criteria  Working  Group.  1987.  Soil  quality  criteria  relative  to 
disturbance  and  réclamation  (revised).  Soils  Branch,  Alberta  Agriculture, 
Edmonton,  Alta. 


-  6  - 
CRITÈRES  DE  QUALITÉ  DU  SOL  DANS  LE  CONTEXTE  DE  L'EST  DU  CANADA 

D.R.  COPTE 

INTRODUCTION 

La  présente  étude  traite  des  effets  de  l'érosion  (hydrique  et  éolienne),  de 
l'acidification  et  de  la  compaction  sur  la  qualité  du  sol.  Le  concept  de 
«qualité  du  sol»  peut  se  comprendre  de  deux  façons  : 

A.  Une  série  de  critères  permettant  d'évaluer,  en  fonction  de  normes 
déterminées,  si  un  sol  donné  peut  servir  à  une  fin  précise.   Par  exemple, 
s'il  s'agit  d'appliquer  des  critères  de  qualité  du  sol  en  vue  de 
maximiser  la  productivité  agricole  ou  sylvicole  d'une  surface  unitaire, 
ces  critères  devront  refléter  le  potentiel  de  productivité  du  sol  pour 
des  cultures  données.   Cela  s'apparente  en  de  nombreux  points  à  la 
classification  des  sols  en  fonction  des  possibilités  d'utilisation  à  des 
fins  agricoles  ou  forestières. 

B.  Les  propriétés  d'un  sol.   Dans  ce  cas,  il  serait  plus  juste  de  parler  des 
«qualités  du  sol». 

Les  auteurs  du  présent  article  privilégient  la  première  de  ces  deux 
définitions. 

Dans  l'est  du  Canada,  la  détérioration  de  la  qualité  du  sol  résultant  de 
l'érosion  hydrique  fait  l'objet  d'études  depuis  plusieurs  décennies.   Par 
exemple,  la  perte  de  productivité  des  sols  due  à  l'érosion  a  été  étudiée  pour 
le  sud-ouest  ontarien  (Battison  et  al.,  1984),  l'est  ontarien  (Ripley  et  al. , 
1966),  le  Québec  (Dubé,  1975)  et  l'île-du-Prince-Édouard  (Stewart  et  Himelman, 
1975).   La  seule  étude  actuelle  de  surveillance  continue  et  directe  de 
l'érosion  du  sol  et  de  ses  effets  sur  la  productivité  se  fait  dans  la  région 
de  culture  de  la  pomme  de  terre  du  nord-ouest  du  Nouveau-Brunswick  (T.L.  Chow, 
communication  personnelle).  À  certains  endroits  en  Ontario,  au  Québec  et  à 
l'île-du-Prince-Édouard  des  chercheurs  examinent  les  effets  de  diverses 
pratiques  culturales  du  sol  sur  l'érosion  (eaux  de  pluie  et  de  fonte  des 
neiges)  à  l'aide  de  simulateurs  de  précipitations  (G.J.  Wall,  G.  Meyhus,  A. 
Pesant  et  J.R.  Burney,  communication  personnelle).  Le  principal  objet  de  ces 
expériences  est  d'améliorer  la  capacité  de  prévision  de  l'érosion  hydrique  et 
d'évaluer  l'effet  de  diverses  options  de  pratiques  culturales  du  sol  sur  les 
taux  d'érosion. 

L'érosion  éolienne  a  moins  fait  l'objet  d'études  dans  l'est  du  Canada,  bien 
que  depuis  quelques  années  des  épisodes  d'érosion  éolienne  intenses  se  soient 
manifestées  dans  le  sud-ouest  de  l'Ontario  (Fitzsimons  et  Nickling,  1982)  et  à 
certains  endroits  dans  la  partie  inférieure  de  la  vallée  du  Saint-Laurent,  au 
Québec  (F.  Fournier,  communication  personnelle).   Ces  épisodes  se  produisent 
aussi  à  l'occasion  à  l'î.-P.-É.,  dans  la  vallée  d'Annapolis  en  Nouvelle-Ecosse 
et  à  Terre-Neuve.   Les  pertes  de  productivité  n'ont  pas  été  bien  étudiées, 
mais  l'on  pense  que  l'abrasion  causée  par  les  particules  de  sable  poussées  par 
le  vent  a  entraîné  une  baisse  du  rendement. 


-  7  - 

L'acidification  du  sol  est  bien  comprise  bien  que  peu  étudiée,  parce  qu'il  est 
souvent  difficile  de  distinguer  les  sols  à  pH  naturellement  faible  des  sols 
qui  ont  été  acidifiés  artificiellement  (pluies  acides  ou  fertilisants).   Des 
essais  réalisés  en  laboratoire  à  l'île-du-Prince-Édouard  ont  montré,  par 
exemple,  que  le  pH  des  échantillons  étudiés  avait  diminué  de  façon  progressive 
au  fil  des  ans  (Veinot,  1978).   D'après  des  rapports  portant  sur  la  perte  de 
rendement  dans  les  sols  sableux  du  sud  de  l'Ontario  le  pH  (inférieur  à  4,0) 
serait  responsable  en  partie  de  cette  diminution  (Protz  et  al. ,    1977).   Dans 
ce  cas,  les  sols  seraient  normalement  considérés  comme  étant  calcaires,  comme 
ils  le  sont  sous  la  couche  arable.  Une  large  part  des  sols  du  Bouclier 
canadien,  de  l'est  du  Québec  et  de  la  région  atlantique  sont  des  podzols  et 
affichent  donc  un  pH  naturellement  faible.   Dans  ces  régions,  l'ajout 
d'amendements  calcaires  est  pratique  courante;  en  fait,  la  correction  de 
l'acidité  est  relativement  facile  et  peu  coûteuse.   L'apparition  de  zones 
d'acidification,  comme  dans  le  sud  de  l'Ontario,  pourrait  placer  les 
agriculteurs  devant  de  nouvelles  séries  de  contraintes  et  de  besoins. 

La  compaction  du  sol  est  le  phénomène  le  moins  étudié  et  le  moins  bien 
compris;  il  s'agit  cependant  du  problème  qui  pourrait  entraîner  la  plus  grande 
perte  de  rendement.   La  compaction  du  sol  produit  un  horizon  Ap  très  mal 
structuré  ou  une  dense  couche  à  faible  perméabilité,  située  immédiatement  sous 
la  couche  Ap  (semelle  de  labour).   Dans  le  premier  cas,  le  type  de  culture 
peut  être  en  partie  responsable  de  ce  type  de  «compaction»;  par  exemple, 
la  monoculture  de  maïs  est  souvent  associée  à  ce  problème.   Dans  le  deuxième 
cas,  la  compaction  pourrait  résulter  plutôt  du  travail  du  sol,  notamment 
lorsqu'il  est  trempé,  et  d'une  charge  élevée  des  roues. 

Il  existe  peu  de  données  chiffrées  permettant  de  déterminer  l'étendue  et  même 
la  présence  de  la  compaction  du  sol  dans  les  champs.  Par  exemple,  dans  un 
champ  de  l'est  ontarien  où  l'agriculteur  prétendait  avoir  un  problème  de 
«compaction»,  l'examen  de  la  structure  du  sol  et  la  mesure  du  Ksat  ont 
révélé  que  les  conditions  étaient  plutôt  favorables  à  la  libre  croissance  des 
racines  (J.A.  McKeague,  C.  Wang,  communication  personnelle).   Au  moment  de 
l'examen,  le  champ  était  cultivé  en  orge  depuis  un  an;  il  était  cultivé 
uniquement  en  maïs  avant  cela.   Il  n'est  pas  clair  si  la  culture  de  l'orge 
avait  permis  de  corriger  le  problème  ou  s'il  y  avait  réellement  un  problème. 
Des  agriculteurs  du  sud-ouest  ontarien  ont  signalé  que  les  drains  souterrains 
espacés  de  50  pieds  ne  fonctionnaient  plus  adéquatement;  on  a  donc  installé  de 
nouveaux  drains  entre  les  anciens.   Ces  mesures  résultent  peut-être  aussi  en 
partie  de  pressions  exercées  par  des  entreprises  spécialisées  en  drainage. 
Dans  les  basses-terres  du  Saint-Laurent  au  Québec,  la  compaction  du  sol 
s'observe  souvent  sous  certains  types  de  culture,  comme  le  maïs  et  la 
betterave  (G.  Meyhus,  communication  personnelle).   Certains  agriculteurs 
utilisent  des  charrues  sous-soleuses,  ce  qui  leur  coûte  cher,  pour  tenter 
d'améliorer  la  migration  de  l'eau  dans  les  sols  les  plus  touchés. 

Dans  la  région  de  la  culture  de  la  pomme  de  terre  du  Nouveau-Brunswick,  la 
compaction  du  sol  semble  être  partiellement  liée  à  l'érosion.   La  perte  des 
couches  superficielles,  qui  se  trouvent  au-dessus  des  couches  souterraines 
naturellement  compactes,  produit  un  horizon  Ap  plus  dense  et  pourrait 
expliquer  certains  des  problèmes  de  «compaction»  qui  ont  été  signalés.   On 


-  8  - 

peut  s'attendre  à  ce  que  les  lourdes  machines  de  récolte,  sources  de 
vibrations,  entraînent  un  certain  degré  de  compaction  dans  le  cas  de  sols 
détrempés. 

Des  études  réalisées  sur  des  parcelles  expérimentales  dans  des  sols  argileux 
du  sud-ouest  québécois  ont  montré  le  rôle  de  la  pression  des  pneus,  du 
patinage  des  roues  et  de  l'eau  dans  le  sol  dans  l'augmentation  de  la  densité 
apparente  du  sol  au  cours  des  travaux  des  champs  (Raghavan  et  al.,  1977a,  b). 
Reid  et  Goss  (1982)  ont  montré  que  les  racines  de  maïs  augmentent  les 
problèmes  de  structure  du  sol;  cela  semble  avoir  été  confirmé  par  des  études 
réalisées  en  laboratoire  sur  un  sol  du  sud  de  l'Ontario  (B.  Kay,  communication 
personnelle).   On  a  également  observé  que  les  racines  de  certaines  plantes, 
notamment  le  brome,  renforcissaient  la  structure  du  sol.   Ces  effets  semblent 
cependant  varier  beaucoup  en  fonction  des  saisons,  comme  cela  a  été  démontré 
au  Québec,  dans  des  parcelles  expérimentales  et  en  laboratoire,  à  partir  d'un 
indice  des  agrégats  stables  à  l'eau  (D.  Angers,  communication  personnelle). 
Une  étude  récente  vise  à  définir  la  compaction  d'un  sol  d'une  façon  qui 
pourrait  être  mesurée  quantitativement  au  champ  (Kay  et  al.,  1986).   Wang  et 
al.  (1985b)  ont  montré  que  des  interprétations  morphologiques  de  la 
distribution  des  racines  et  des  biopores  et  de  la  structure  du  sol  ont  permis 
de  prédire  de  façon  relativement  fiable  les  catégories  de  conductivité 
hydraulique  du  sol  (Wang  et.  al.,  1985b). 

Il  s'agit  donc  de  déterminer,  de  définir  et  de  quantifier  les  propriétés  du 
sol  qui  sont  touchées  par  l'érosion,  la  compaction  et  l'acidification;  il  faut 
aussi  préciser  les  limites  pour  chaque  propriété  (seule  ou  en  combinaison  avec 
d'autres)  permettant  de  caractériser  la  productivité  du  sol.   Ces  limites 
doivent  cependant  être  suffisamment  sensibles  pour  que  toute  variation  de  la 
productivité  du  sol  résultant  de  la  dégradation  puisse  être  détectée.   Nous 
disposerons  alors  d'un  «réseau  d'alerte  rapide»  en  ce  qui  a  trait  à  la 
perte  de  productivité  du  sol. 

CRITÈRES 

Aux  fins  du  présent  exposé,  les  critères  de  qualité  du  sol  seront  classés  en 
deux  catégories  :  i)  ceux  qui  déterminent  l'ampleur  et  l'importance  d'un 
problème  qui  s'est  déjà  produit  (effet  cumulatif)  et  ii)  ceux  qui  permettent 
d'identifier  un  problème  potentiel  (risque). 

Érosion  du  sol 

i.   Effets  cumulatifs  de  l'érosion  :  Il  n'existe  pas  de  critères  bien  établis 
permettant  de  déterminer  la  perte  de  qualité  ou  de  productivité  du  sol 
résultant  de  l'érosion.   L'épaisseur  de  la  couche  arable  sert  fréquemment 
d'indicateur,  mais  il  s'agit  d'un  critère  peu  intéressant.   En  effet,  le 
terme  «épaisseur»  de  la  couche  arable  perdue  n'a  presque  aucun  sens 
puisque  le  mélange  qui  se  produit  à  mesure  que  l'horizon  A  s'amincit 
entraîne  des  variations  continuelles.   Les  critères  de  variation  de  la 
profondeur  d'enracinement  ou  de  la  capacité  de  rétention  d'eau,  ou  les 
deux,  sont  à  peine  meilleurs.   En  effet,  il  existe  rarement  une  limite 
distincte  sous  laquelle  les  racines  ne  pénétreront  pas  ou  à  travers 


-  9  - 

laquelle  l'eau  ne  se  déplacera  pas  dans  un  plan  vertical;  il  n'existe  donc 
aucun  rapport  direct  entre  ces  critères  et  l'érosion  d'un  sol.   Il  est 
également  possible  qu'un  sous-sol  ait  une  capacité  de  rétention  d'eau 
supérieure  à  celle  du  sol  superficiel.  La  perte  de  productivité  du  sol  a  été 
calculée  en  fonction  de  la  perte  de  rendement  par  profondeur  unitaire  de  sol 
érodé  (Lyles,  1975).   Cela  ne  tient  pas  compte  des  problèmes  de  non-linéarité 
et  de  mélange,  ainsi  que  de  la  variabilité  des  techniques  de  gestion  du  sol; 
cette  façon  de  faire  n'a,  de  plus,  aucun  fondement  scientifique.   Dans  le  cas 
où  des  couches  peuvent  être  facilement  distinguées  (par  exemple,  des  teneurs 
en  Fe  maximales  -  Oison  et  Beavers,  1987),  la  variation  d'épaisseur  peut 
donner  une  indication  de  la  perte  de  sol,  mais  pas  nécessairement  de  la  perte 
de  productivité.  Une  variation  de  l'abondance  relative  de  137Cs  dans  le  sol 
est  une  autre  mesure  de  perte  de  sol,  mais  ne  vaut  que  pour  l'érosion  qui 
s'est  produite  au  cours  des  vingt  dernières  années  (deJong  et  al.,  1983). 
Parce  que  les  chercheurs  connaissent  assez  peu  les  niveaux  d'érosion  qui  se 
sont  manifestés  il  y  a  plus  de  deux  décennies,  ce  critère  pourrait  être  le 
meilleur  que  nous  possédons  à  l'heure  actuelle.   Il  permet  également  d'évaluer 
les  dépôts  de  sol  sur  les  champs  érodés.   Ces  dépôts  pourraient  bien  expliquer 
une  certaine  part  de  la  variabilité  observée  dans  les  mesures  d'épaisseur  du 
sol. 

Les  variations  des  propriétés  physiques  du  sol  résultant  de  l'érosion  ont  été 
peu  étudiées.  Dans  certains  cas,  il  semble  y  avoir  une  augmentation  de  la 
teneur  en  sable,  accompagnée  d'une  perte  d'argile  et  de  matière  organique  vu 
le  potentiel  élevé  de  transport  et  d'érosivité  de  ces  matériaux  (Spires  et 
Miller,  1978).   D'autre  part,  le  sable  représentant  souvent  la  fraction 
dominante  des  dépôts  dans  le  champ,  vers  le  bas  de  la  pente  (Bourget  et 
Mclean,  1963),  des  augmentations  de  la  teneur  en  sable  peuvent  donc  être 
causées  par  érosion  ou  par  accumulation.   Il  peut  être  difficile  de  distinguer 
ces  deux  causes  l'une  de  l'autre.   Les  variations  de  texture  (et  de  structure) 
peuvent  également  résulter  du  mélange  des  couches  superficielles  et  des 
couches  sous-jacentes  dont  la  texture  est  différente;  cela  serait  difficile  à 
distinguer  des  effets  de  l'érosion  différentielle  à  la  surface. 

ii.   Risque  d'érosion  :  La  méthode  la  plus  fréquemment  utilisée  d'estimation 
du  risque  de  l'érosion  du  sol  par  la  pluie  est  la  Universal  Soil  Loss 
Equation  (équation  universelle  de  perte  du  sol  :  USLE).   Les  facteurs  de 
l'USLE  ont  été  établis  aux  États-Unis  après  de  nombreuses  années  de 
recherches.   Pour  utiliser  cette  équation  il  faut  connaître  au  moins  la 
texture  du  sol  et  sa  teneur  en  matière  organique,  l'angle  et  la  longueur 
de  la  pente  ainsi  que  l'énergie  de  la  pluie  (Wischmeier  et  Smith,  1978). 
Au  Canada,  le  facteur  climatique  est  de  toute  évidence  beaucoup  plus 
complexe.   En  fait,  l'effet  du  gel  et  du  dégel  sur  l'érosivité  du  sol 
n'est  pas  encore  entièrement  connu,  bien  que  l'on  estime  que  la  surface 
d'un  sol  tout  juste  dégelé  et  qui  repose  sur  un  sol  gelé  est  probablement 
10  à  15  fois  plus  érodable  que  ne  l'indique  l'estimation  «annuelle 
moyenne»  obtenue  par  la  méthode  de  l'USLE  (Coote  et  al.,  1988a;  Wall  et 
al. .  1988).   Par  contre,  à  la  fin  de  l'été,  lorsque  la  surface  du  sol  est 
sèche  et  dure  ou,  lorsqu'elle  est  gelée  en  hiver,  l'érosivité  pourrait 
être  inférieure  à  ce  que  laisse  croire  l'estimation  obtenue  par  l'USLE 


-  10  - 

(Kirby  et  Meyhus,  1987).   Il  est  nécessaire  de  déterminer  l'érosivité 
saisonnière  afin  d'estimer  les  risques  d'érosion  hydrique  pour  diverses 
cultures  et  différents  scénarios  de  gestion  du  sol  au  Canada. 

L'application  des  facteurs  climatiques  à  l'érosion  hydrique  au  Canada 
doit  tenir  compte  du  ruissellement  de  l'eau  de  fonte  des  neiges  et  de  la 
fréquence  des  cycles  de  gel  et  de  dégel.   Le  facteur  de  l'eau  de  fonte  a 
été  traité  très  brièvement  dans  l'étude  de  l'USLE,  dans  la  partie  sur  les 
précipitations  hivernales  totales  (Wischmeier  et  Smith,  1978),  mais  le 
facteur  des  cycles  de  gel-dégel  n'a  pas  du  tout  été  inclus. 

La  US  Wind  Erosion  Equation  (équation  américaine  d'érosion  éolienne)  est 
le  seul  outil  qui  permet  à  l'heure  actuelle  d'estimer  le  risque  d'érosion 
éolienne  dans  l'est  du  Canada  (Woodruff  et  Siddoway,  1965).   Pour 
utiliser  une  autre  méthode,  appliquée  avec  succès  dans  la  région  des 
Prairies  (Coote  et  al.,  1988b),  il  faut  des  données  sur  l'humidité  du  sol 
qui  ne  sont  pas  encore  disponibles  pour  l'est  du  Canada.   Comme  pour 
l'érosion  hydrique,  l'érosion  éolienne  semble  être  maximale  tout  de  suite 
après  la  fonte  printanière  là  où  s'observent  des  agrégats  granulaires 
fins  à  la  surface  des  sols  secs  (Hilliard  et  al.,  1988).   Les  tableaux 
américains  de  l'érosivité  des  sols  en  fonction  de  la  texture  semblent 
sous-estimer  l'érosion  éolienne  des  sols  canadiens  au  début  du  printemps, 
lorsque  le  problème  est  généralement  le  plus  marqué. 

Acidification  du  sol 

i.   Acidité  cumulative  :  L'évaluation  du  degré  d'acidification  du  sol  à  un 
endroit  donné  se  limite  essentiellement,  pour  des  raisons  pratiques,  à 
celui  qui  résulte  de  l'application  de  fertilisants.  Une  telle  évaluation 
n'est  fiable  que  s'il  est  possible  de  comparer  le  sol  à  un  autre  sol 
semblable,  de  la  même  zone,  qui  n'a  jamais  été  amendé  (ni  chaulage,  ni 
fertilisant).  L'examen  de  la  variation  de  pH  dans  des  champs  d'une  même 
région,  où  le  type  de  sol  est  le  même,  mais  où  les  pratiques  de 
fertilisation  et  de  chaulage  ont  été  différentes,  peut  fournir  une 
estimation  préliminaire  de  l'acidification  passée.  Les  critères  sont  le 
pH  du  sol,  la  capacité  d'échange  cationique  et  la  saturation  en  bases. 
Un  ou  plusieurs  de  ces  paramètres  sont  déterminés  depuis  des  décennies 
sur  des  échantillons  de  sols  cultivés  par  des  laboratoires  provinciaux 
d'essai  sur  les  sols.  Les  recommandations  portent  généralement  sur  la 
quantité  de  chaux  nécessaire  pour  que  le  pH  du  sol  atteigne  le  niveau  qui 
convient  aux  plantes  cultivées.   Dans  les  cas  où  les  résultats  d'essais 
sur  les  sols  sont  disponibles  pour  un  même  champ  sur  une  période  de 
plusieurs  années,  on  peut  estimer  le  taux  d'acidification.   Il  faut  être 
très  prudent  dans  l'évaluation  des  valeurs  du  pH  obtenues  de  cette  façon 
si  le  champ  a  été  échantillonné  à  des  périodes  différentes  de  l'année  ou 
si  les  techniques  utilisées  en  laboratoire  ont  changé. 

ii.   Risque  d'acidification  :  Le  risque  d'acidification  du  sol  peut  être 
estimé  à  partir  de  données  portant  sur  les  bases  échangeables  et  la 
«capacité  tampon».  Le  cas  échéant,  les  bases  échangeables  peuvent 
être  estimées  à  partir  du  pH  et  de  la  capacité  d'échange  cationique  (CEC) 


-  11  - 

et  la  CEC  peut  être  estimée  à  partir  de  la  texture  et  de  la  teneur  en 
matières  organiques  (Wang  et  Coote,  1980). 

L'acidification  résultant  de  la  fertilisation  peut  être  estimée  à  partir 
de  la  quantité  connue  de  fertilisants  utilisés.   Tisdale  et  Nelson  (1985) 
ont  publié  des  tableaux  de  l'acidité  produite  par  l'ajout  de  divers 
fertilisants.   L'apport  en  pluies  acides  est  aussi  généralement  connu; 
Barrie  et  al.  (1980)  ont  publié  une  carte  des  configurations  des 
précipitations  pour  tout  l'est  du  Canada.   Les  lignes  relient  des  valeurs 
ponctuelles  déterminées  à  partir  de  données  sur  les  retombées 
atmosphériques  prélevées  à  des  sites  d'échantillonnage.   L'auteur  a 
élaboré  un  modèle  permettant  d'estimer  le  taux  d'acidification  du  sol  en 
fonction  des  cycles  des  bases  et  des  acides  dans  le  sol  et  les  cultures; 
les  données  d'entrée  peuvent  être  les  quantités  de  fertilisants  et  de 
pluies  acides  pour  un  type  de  sol  et  une  pratique  culturale  donnés. 

Compaction  du  sol 

i.    Compaction  cumulative  :  La  compaction  du  sol  qui  s'est  déjà  produite  a 
été  estimée  à  partir  d'un  certain  nombre  de  propriétés  physiques  du  sol, 
notamment  la  densité  apparente,  le  Ksat,  la  résistance  au  pénétromètre, 
les  taux  de  diffusion  d'oxygène,  la  porosité,  la  structure,  la 
micromorphologie  et  les  modes  de  distribution  des  racines  (Coote  et 
Ramsey,  1983;  Taylor  et  al.,  1981;  Wang  et  al.,  1985a).   Pour  chacune  de 
ces  propriétés  il  semble  y  avoir  une  série  de  problèmes  associés  à  la 
variabilité  entre  les  sites,  à  la  texture  et  à  la  teneur  en  humidité. 

La  densité  apparente  semble  l'une  des  mesures  les  plus  évidentes  pour 
évaluer  la  compaction  d'un  sol  puisqu'il  s'agit  d'une  mesure  directe 
d'une  propriété  du  sol  qui  représente  en  principe  un  indicateur  clair  du 
degré  de  resserrement  des  particules  de  sol,  c'est-à-dire  de  la 
«compaction  du  sol».   Cela  n'est  cependant  pas  si  simple.   D'abord, 
la  densité  apparente  est  fonction  de  la  densité  des  particules  de  sol 
pour  tout  «degré  de  compaction».  La  densité  particulaire  est  moins 
grande  pour  l'argile  que  pour  le  sable  et  l'est  encore  moins  pour  la 
matière  organique.   De  plus,  la  densité  varie  en  fonction  de  la 
minéralogie  chez  les  argiles.  Ensuite,  les  sols  riches  en  argile  ou  en 
matière  organique  rétrécissent  ou  gonflent  selon  les  modifications  de  la 
teneur  en  humidité,  faisant  ainsi  varier  la  densité  apparente  alors  que 
la  compaction  ne  change  pas. 

Troisièmement,  il  est  difficile  et  long  de  mesurer  avec  précision  la 
densité  apparente  sur  le  terrain.   De  même,  une  certaine  part  de 
compression  ou  d'éclatement,  selon  la  teneur  en  humidité,  est  presque 
inévitable  dans  le  cas  des  méthodes  de  carottage  (Blake,  1965). 
L'atténuation  des  radiations  provenant  d'une  source  abaissée  dans  un  trou 
dans  le  sol  est  moins  destructrice  et  beaucoup  plus  rapide.   Le 
perfectionnement  récent  des  instruments  à  deux  sondes  exploratrices 
parallèles  a  simplifié  la  mesure  des  variations  de  la  densité  apparente 
en  fonction  de  la  profondeur  (Gameda  et  al.,  1983).   Il  n'est  cependant 
possible  que  de  mesurer  la  densité  humide  de  cette  façon;  des  mesures 


-  12  - 

précises  de  l'humidité  du  sol  sont  nécessaires  afin  de  pouvoir  déterminer 
la  densité  apparente  réelle. 

Des  travaux  de  recherche  réalisés  dans  la  région  d'Ottawa  semblent 
indiquer  que  le  Ksat  in  situ  est  l'un  des  meilleurs  indicateurs  de  la 
«compaction»  (Coote  et  Ramsey,  1983).   Ce  paramètre  a  été  déterminé  à 
l'aide  d'un  perméamètre  à  entrée  d'air,  ce  qui  est  une  technique  lente. 
La  variabilité  du  Ksat  est  très  élevée  lorsqu'il  est  mesuré  sur  le 
terrain;  l'utilisation  du  perméamètre  de  Guelph  pourrait  permettre 
d'augmenter  le  nombre  de  mesures,  et  donc  fournir  de  meilleures 
estimations  du  Ksat  moyen  de  chacune  des  zones  de  profondeur  du  sol  là  où 
cette  méthode  fonctionne  bien.   La  méthode  morphologique  simple  d'examen 
de  la  structure  du  sol  (y  compris  les  pores)  a  permis  de  calculer  avec 
succès  le  Ksat  vertical  (McKeague  et  al.,  1986)  et  horizontal  (Wang  et 
al.,  1985b). 

La  méthode  de  la  résistance  au  pénétromètre  (RP)  est  également  attirante 
par  principe  parce  qu'elle  évoque  l'image  des  racines  qui  tentent  de 
pénétrer  le  sous-sol.  Malheureusement,  la  RP  est  étroitement  liée  à 
l'humidité  du  sol  et  doit  donc  être  utilisée  avec  des  courbes 
d'étalonnage  humidité/RP  ou  limitée  à  des  comparaisons  à  l'intérieur  d'un 
seul  site  où  l'humidité  du  sol  ne  risque  de  varier  que  très  légèrement. 
Les  instruments  à  enregistreurs  de  données  automatiques  fournissent  des 
résultats  très  rapidement,  dont  l'interprétation  demeure  difficile;  il 
est  aussi  compliqué  d'établir  des  limites. 

Les  taux  de  diffusion  de  l'oxygène  (TDO)  sont  une  autre  façon  de  mesurer 
indirectement  la  compaction  du  sol  (Lemon  et  Erickson,  1952).   Le 
déplacement  d'oxygène  vers  une  électrode  qui  peut  être  insérée  à  une 
profondeur  choisie  dans  le  sol  simule  l'apport  en  oxygène  aux  racines  des 
plantes,  indiquant  ainsi  la  qualité  relative  de  l'environnement  gazeux  de 
la  racine;  des  valeurs  faibles  représentent  des  conditions  de  compaction 
dans  les  sols  à  texture  fine.  Cette  méthode  a  tendance  à  produire  des 
résultats  dont  la  variabilité  est  très  élevée  parfois  pour  un  même  site 
(Coote  et  Ramsey,  1983).   En  effet,  c'est  dans  le  sol  qui  entoure 
immédiatement  la  très  petite  électrode  (4  mm)  qu'est  déterminé  le  TDO; 
selon  que  l'électrode  est  dans  un  agrégat  ou  dans  un  macropore  entre  deux 
agrégats,  la  valeur  obtenue  sera  très  différente. 

La  porosité  est  un  terme  que  l'on  peut  comprendre  de  diverses  façons.   La 
porosité  peut  servir  à  décrire  l'espace  total  occupé  par  les  pores,  peu 
importe  la  teneur  en  humidité,  depuis  l'échantillon  saturé  jusqu'à 
l'échantillon  séché  à  l'étuve,  ou  l'espace  empli  d'air  pour  une  teneur  en 
humidité  ou  tension  de  l'eau  précisées  (Vomocil,  1965).  La  porosité  est 
une  mesure  directe  de  la  compaction  du  sol,  étroitement  liée  à  la  densité 
apparente.  La  mesure  de  la  porosité  comporte  des  difficultés  semblables 
à  celles  de  la  mesure  de  la  densité  apparente. 

L'examen  de  la  structure,  ou  macromorphologie,  est  l'une  des  meilleures 
méthodes  d'identification  d'un  sol  à  grande  compaction  (McKeague  et  al. . 
1987).  En  effet,  la  description  de  la  taille,  de  la  forme  et  de  la 


-  13  - 

résistance  des  agrégats  fournit  beaucoup  de  renseignements  sur  l'état  du 
sol.   Cependant,  ces  descriptions  peuvent  être  subjectives  et 
l'examinateur  devrait  suivre  avec  attention  la  méthode  quantitative 
(McKeague  et  al.,  1986)  pour  décrire  la  morphologie  du  sol. 

L'examen  de  la  micromorphologie  du  sol  fournit  des  renseignements  plus 
détaillés  sur  le  tassement,  l'orientation  et  la  cimentation  des 
particules.  La  micromorphologie  est  difficile  à  quantifier  mais  peut 
quand  même  être  utile,  ajoutée  aux  autres  observations,  aux  données  sur 
la  densité  apparente,  etc. 

Les  configurations  de  la  distribution  et  de  la  densité  des  racines 
peuvent  être  des  indicateurs  directs  des  problèmes  de  compaction  du  sol; 
leur  quantification  est  cependant  destructrice  et  très  longue  à  réaliser 
(Stone  et  al.,  1987).   Les  configurations  de  la  distribution  des  racines 
peuvent  correspondre  à  des  horizons  compactés  et  à  des  discontinuités 
dans  ces  horizons.   L'étude  de  ces  configurations,  ainsi  que  d'autres 
données,  pourraient  fournir  l'information  la  plus  claire  en  ce  qui  a 
trait  à  la  nature  et  à  l'ampleur  du  problème  de  compaction  du  sol. 

ii.   Risque  de  compaction  :  À  l'heure  actuelle,  le  risque  de  compaction  du  sol 
n'a  été  calculé  qu'à  partir  d'un  rapport  général  entre  la  texture,  le 
drainage  et  le  passage  des  équipements  mécaniques  (Fox  et  Coote,  1986). 
Comme  ce  rapport  a  été  calculé  à  partir  d'observations  non  quantifiées, 
il  s'agit  d'un  indice  sans  unité.   La  compactibilité,  déterminée  à  partir 
des  essais  de  densité  Proctor  normaux  réalisés  en  laboratoire,  est  un 
indice  qui  convient  à  l'interprétation  technique;  la  compactibilité  a 
servi  à  déterminer  la  vulnérabilité  d'un  sol  à  la  compaction  dans  des 
droits  de  passage  de  lignes  de  transmission  (McBride,  1983).   La 
classification  de  la  vulnérabilité  des  sols  à  la  compaction  obtenue  de 
cette  façon  ne  semble  pas  refléter  les  problèmes  de  «compaction» 
signalés  par  les  agriculteurs.  Aucune  autre  méthode  d'évaluation  des 
risques  n'a  encore  été  publiée,  bien  que  des  chercheurs  à  Guelph 
travaillent  à  l'élaboration  d'une  méthode  à  l'heure  actuelle  (R.  McBride, 
communication  personnelle). 

ANALYSE  ET  CONCLUSION 

Les  critères  potentiels  d'évaluation  de  la  qualité  du  sol  minéral  sont 
nombreux.  Les  données  scientifiques  nécessaires  pour  le  choix  objectif  de 
critères  et  la  vérification  de  modèles  sont  généralement  rares.   Les 
chercheurs  préfèrent  souvent  utiliser  les  propriétés  chimiques  et  physiques 
qu'ils  savent  d'expérience  interpréter.   Il  n'est  peut-être  pas  encore 
possible  de  faire  l'unanimité  sur  le  choix  des  critères  permettant  de 
surveiller  et  d'évaluer  la  qualité  du  sol. 

Comme  il  est  inévitable  que  tout  projet  d'évaluation  de  la  qualité  du  sol  soit 
limité  par  des  contraintes  économiques,  il  faut  recueillir,  à  moindre  prix,  la 
plus  grosse  quantité  possible  d'information,  plutôt  que  de  «données».   Il 
est  donc  important  de  réaliser  d'abord  les  examens  qui  fournissent,  à  faible 
coût,  beaucoup  de  renseignements  sur  la  qualité  du  sol. 


-  14  - 

i)   Dans  un  site,  sans  l'aide  <T  instruments  particuliers  ou  sans  analyse,  il 
est  facile  d'estimer  ou  de  mesurer  la  profondeur  du  matériau  parental  ou 
de  la  couche  limitant  la  pénétration  des  racines,  la  texture,  la  couleur, 
la  structure,  la  distribution  des  biopores  et  des  racines,  la  pente  et  la 
classe  de  drainage.   Les  classifications,  déterminées  à  partir  de 
l'interprétation  de  ces  observations,  par  exemple  la  classification  de  la 
conductivité  hydraulique  (McKeague  et  al.,  1986)  permettent  de  maximiser 
encore  plus  ces  renseignements  obtenus  de  façon  relativement  facile. 
Toute  trace  d'érosion  éolienne  ou  hydraulique  devrait  également  être 
notée  et  décrite.  De  même,  le  modelé  du  relief,  l'utilisation  du  sol  et 
le  système  d'exploitation  doivent  être  notés  pour  chaque  site. 

ii)  L'étude  de  la  qualité  du  sol  d'un  site  devrait  probablement  comporter 
l'examen  des  tests  les  plus  simples,  réalisés  en  laboratoire,  qui 
fournissent  des  renseignements  sur  la  productivité  du  sol.   La  teneur  en 
matière  organique,  le  rapport  C/N,  le  pH,  la  CEC  et  les  bases 
échangeables  de  la  couche  superficielle,  étudiés  ensemble  avec  les 
observations  déjà  amassées  sur  le  terrain,  permettent  d'avoir  une  idée  de 
la  fertilité  du  sol  et  de  la  sensibilité  du  sol  à  l'acidification.   La 
teneur  en  matière  organique  donne  une  indication  de  l'érosivité  du  sol  et 
de  sa  vulnérabilité  à  la  compaction,  surtout  là  où  des  différences 
s'observent  entre  des  sites  au  sol  semblable  ou  dans  les  cas  où  des 
variations  s'observent  avec  le  temps.  Mis  à  part  le  pH,  plutôt  soumis  à 
des  variations  saisonnières,  ces  mesures  réalisées  en  laboratoire  sont 
relativement  sensibles  aux  modifications  apportées  par  l'érosion  ou  les 
cultures  intensives. 

iii)  Ensuite,  l'évaluation  de  la  qualité  du  sol  nécessitera  une  analyse 

granulométrique  complète,  par  intervalles  de  profondeur  déterminés  en 
fonction  des  caractéristiques  du  profil,  afin  de  quantifier  les 
estimations  faites  sur  le  terrain  par  détermination  à  la  main  de  la 
texture.   Cela  pourrait  être  suivi  par  une  série  de  courbes  de  désorption 
de  l'humidité  du  sol  (pour  des  intervalles  de  profondeur  semblables)  à 
partir  desquelles  il  sera  possible  de  déterminer  la  capacité  de  rétention 
d'eau,  la  distribution  de  la  taille  des  pores  et  des  pores  remplis  d'air, 
pour  un  potentiel  de  l'eau  du  sol  donné.   Cette  information  permet 
généralement  de  caractériser  le  degré  et  la  nature  de  toute  compaction 
qui  peut  se  produire.   Il  faut  également  déterminer  le  P  et  le  K 
extractibles  qui  permettent  de  mieux  évaluer  la  fertilité  du  sol. 

iv)   Finalement,  l'étude  peut  se  poursuivre  selon  les  intérêts  de 

l'examinateur,  en  fonction  du  temps  et  du  budget  dont  celui-ci  dispose. 
Nombre  des  essais  dont  il  a  été  question  précédemment  peuvent  être 
réalisés  si  on  en  comprend  bien  le  but  et  si  on  sait  comment  les 
interpréter. 

Les  trois  premières  étapes,  mentionnées  ci-dessus,  d'une  étude  de  qualité  du 
sol  représentent  le  minimum  de  ce  qui  devrait  être  entrepris  pour  la 
surveillance  continue  des  sols  minéraux  dans  l'est  du  Canada,  respectivement 
pour  chacun  des  trois  champs  d'intérêt  suivants  : 


-  15  - 

i)   Une  cartographie  généralisée  des  problèmes  de  compaction  et  d'érosion  du 
sol  existants  et  potentiels  pour  toute  une  gamme  d'échelles. 

ii)  L'établissement  d'un  réseau  de  sites  de  référence  qui  pourraient  être 
examinés  à  des  intervalles  de  5  à  10  ans  afin  d'évaluer  toute 
modification  qui  pourrait  avoir  un  effet  notable  sur  la  productivité  du 
sol  à  l'échelle  régionale  et  qui  permettrait  de  comparer  la  qualité  du 
sol  pour  l'agriculture  avec  les  unités  cartographiées  ou  les  sites 
cartographiés  à  l'échelle  du  1:50  000  ou  moins. 

iii)  L'établissement  de  sites  détaillés  de  surveillance  de  la  qualité  du  sol 
dans  des  sols  d'importance  régionale  ou  locale,  ou  dans  des  sols  pour 
lesquels  la  surveillance  de  la  dégradation  est  très  importante  pour  des 
raisons  économiques  ou  environnementales. 

Les  études  de  qualité  du  sol  les  plus  détaillées  (iv)  devraient  probablement 
être  réservées  aux  sites  où  des  projets  de  recherche  sont  en  cours  et  où  le 
chercheur  est  le  principal  responsable  de  l'interprétation  et  de  la 
présentation  des  données. 


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-  19  - 

CRITÈRES  DE  QUALITÉ  DES  SOLS  ORGANIQUES 

M.  LÉVESQUE  et  S. P.  MATHUR 

INTRODUCTION 

Il  n'y  a  pas  si  longtemps,  on  considérait  les  tourbières  canadiennes  comme 
étant  des  terrains  incultes  qui  entravaient  le  transport  et  le  développement 
des  sols  minéraux  avoisinants.  Aujourd'hui,  les  sols  organiques  de  plusieurs 
régions  ont  une  grande  valeur  puisqu'ils  produisent  des  cultures  évaluées  à  75 
millions  de  dollars  (1988).  De  toute  évidence,  les  tourbières  doivent 
l'intérêt  qu'elles  suscitent  au  développement  de  nouvelles  techniques  de 
gestion  du  sol  et  à  l'établissement  d'une  industrie  horticole  viable. 

Les  tourbières  s'observent  fréquemment  dans  les  zones  tempérées  et 
subarctiques  qui  ont  déjà  été  recouvertes  de  glaciers;  en  milieu  plus  chaud, 
elles  s'observent  généralement  en  altitude  et  dans  les  plaines  d'inondation 
fluviales,  les  deltas  et  les  estuaires.   Environ  12  %  de  la  surface  terrestre 
du  Canada  est  recouverte  d'au  moins  40  cm  de  matériaux  organiques  moyennement 
décomposés  ou  de  60  cm  de  matériaux  organiques  légèrement  décomposés.   Au 
Canada,  les  sols  organiques  représentent  les  sols  dominants  sur  927  113  km2 
et  s'observent  en  association  avec  d'autres  sols  sur  une  superficie 
additionnelle  de  152  751  km2.   Environ  60  %  de  ces  sols  sont  gelés  en 
permanence  (Clayton  et  al. f  1977;  Tarnocai,  1980).   Comme  les  zones  de 
tourbières  exploitées  sont  situées  dans  les  régions  les  plus  tempérées  du 
pays,  les  tourbières  cultivées  ont  une  étendue  limitée,  dont  la  proportion  est 
faible  par  rapport  à  la  superficie  totale  des  tourbières.   Par  exemple,  sur 
plus  de  20  millions  d'hectares  de  tourbières  que  possède  le  Manitoba,  très  peu 
sont  cultivés.   Par  contre,  c'est  dans  le  sud  de  l'Ontario,  où  les  tourbières 
sont  rares  par  rapport  à  ce  qu'elles  sont  dans  le  nord,  que  se  trouve  la 
deuxième  plus  importante  concentration  de  sols  organiques  cultivés  au  Canada 
(6  500  ha).   La  situation  est  semblable  au  Québec  où  les  7  100  ha  cultivés 
sont  presque  tous  concentrés  dans  la  région  du  sud-ouest.   En  termes  relatifs, 
les  tourbières  sont  beaucoup  plus  utilisées  en  Colombie-Britannique  où  la 
superficie  cultivée  est  de  1  250  ha.   La  Colombie-Britannique  est  un  peu 
particulière  à  cet  égard  en  ce  que,  en  plus  des  dépôts  organiques  du  cours 
inférieur  du  Fraser  qui  sont  essentiellement  utilisés  pour  les  légumes,  les 
tourbières  minérotrophes  herbeuses  du  plateau  intérieur  servent  aux  cultures 
fourragères  et  aux  pâturages. 

Les  cinq  principales  régions  d'exploitation  des  sols  organiques  au  Canada 
sont  le  sud-ouest  québécois,  le  sud  de  l'Ontario,  le  sud-est  manitobain,  la 
partie  inférieure  de  la  vallée  du  Fraser  et  le  plateau  intérieur  de  la 
Colombie-Britannique.   Cette  distribution  résulte  de  l'influence  de  certains 
facteurs  :  le  climat,  la  proximité  du  marché  et  la  qualité  et  la  nature  des 
dépôts  organiques.  Les  tourbières  cultivées  occupent  généralement  des  zones 
contigues  aux  meilleurs  sols  minéraux  dans  ces  régions.   Les  sols  organiques 
doivent  donc  présenter  un  potentiel  agricole  élevé  et  spécifique  pour  attirer 
l'attention  des  producteurs  de  légumes  qui  investissent  les  ressources 
nécessaires  pour  les  mettre  en  valeur  et  les  exploiter.  Nous  voulons  donc 
souligner  ici  les  raisons  pour  lesquelles  les  sols  organiques  conviennent  à 
l'agriculture,  malgré  les  problèmes  de  drainage  et  de  gestion. 


-  20  - 

Les  sols  organiques  représentent  un  bon  milieu  de  croissance  pour  les 
plantes;  à  preuve,  ils  constituent  une  épaisse  masse  de  matériaux  organiques 
partiellement  décomposés  qui  offre  les  avantages  suivants  :  une  capacité 
élevée  d ' emmagasinement  de  l'eau  et  des  éléments  nutritifs,  une  faible  densité 
apparente,  une  résistance  élevée  aux  variations  physiques,  chimiques  et 
environnementales  extrêmes,  un  important  bassin  de  N.   Par  leur  nature,  les 
sols  organiques  peuvent  retenir  l'eau  et  en  fournir  de  façon  plus  importante 
que  ne  le  peuvent  les  sols  minéraux.   En  effet,  puisqu'ils  sont  organiques, 
ils  opposent  peu  de  résistance  à  la  croissance  des  racines.   Dans  des 
conditions  normales,  les  sols  organiques  conviennent  particulièrement  aux 
cultures  qui  ont  besoin  d'un  apport  continu  en  eau  et  en  azote,  dont  les 
racines  ont  besoin  d'espace  pour  croître  et  où  des  particules  de  terre  ne 
tachent  pas  les  produits.   Signalons  que  les  sols  organiques  ne  possèdent  pas 
toujours  les  caractéristiques  énumérées  ci-dessus.   En  outre,  les  sols 
organiques,  contrairement  aux  sols  minéraux,  constituent  des  ressources  non 
renouvelables;  en  effet,  le  drainage,  le  chaulage,  la  fertilisation  et  le 
travail  du  sol  hâtent  l'oxydation  biochimique  qui  entraîne  un  affaissement  des 
sols  et  leur  disparition  éventuelle  (Mathur,  1987).   Au  fil  des  ans,  la 
productivité  viable  et  la  facilité  de  gestion  des  sols  organiques  diminuent  à 
mesure  que,  sous  l'effet  des  cultures,  des  couches  successives  de  sol  sont 
exposées  puis  s'épuisent.   Pour  bien  utiliser  et  bien  gérer  les  sols 
organiques,  il  est  donc  primordial  d'en  bien  connaître  la  nature,  les 
propriétés  et  les  comportements.   Il  est  particulièrement  important  de 
déterminer  des  critères  pertinents  de  qualité  du  sol  afin  de  mesurer  toute 
variation  liée  aux  cultures  et  d'en  évaluer  l'impact  sur  la  valeur  agricole  de 
ces  sols.   L'utilisation  de  critères  adéquats  permettrait  également  de  mettre 
au  point  des  moyens  de  préserver  la  productivité  des  sols  tout  en  minimisant 
les  pertes  de  matières  organiques  et  les  problèmes  de  pollution. 

SOLS  ORGANIQUES  -  LEURS  PROPRIÉTÉS 

Conformément  au  système  canadien  de  classification  des  sols  (Commission 
canadienne  de  pédologie,  1978),  un  sol  est  dit  organique  lorsque  les  couches 
organiques  superficielles  renferment  plus  de  17  %  de  C  et  que  leur  épaisseur 
dépasse  40  cm.   Cette  définition  ne  permet  pas  de  déterminer  ce  qui  constitue 
la  qualité  d'un  sol  organique  et  ses  caractéristiques  souhaitables.   Un  sol 
organique  idéal  pour  l'agriculture  devrait  être  constitué  d'un  ensemble  de 
propriétés  naturelles,  acquises  harmonieusement  et  se  combinant  de  façon  à 
assurer  un  niveau  élevé  de  productivité  et  de  qualité  des  cultures  sans  qu'il 
ne  soit  nécessaire  d'apporter  des  correctifs  coûteux  ou  difficiles. 

Les  sols  organiques  se  composent  de  débris  végétaux  partiellement 
dégradés  renfermant  une  faible  teneur  en  matières  minérales.  À  l'état  vierge, 
ils  renferment  jusqu'à  90  %  d'eau  en  poids.   Les  propriétés  naturelles 
souhaitables  des  sols  organiques  récemment  mis  en  valeur  seraient  donc  les 
suivantes  : 

-  teneur  élevée  en  matières  organiques  (>90  %) 

-  porosité  élevée 

-  teneur  en  éléments  nutritifs  faible 

-  acidité  élevée  (pH  :  3-5) 

-  capacité  d'échange  élevée  (>100  meq/100  g) 


-  21  - 

-  faible  densité  apparente  (0,05-0,20) 

-  capacité  de  rétention  d'eau  élevée  (300  à  1500  %  du  poids  sec) 

-  faible  capacité  portante 

-  biodégradabilité  (sensibilité  à  l'affaissement). 

Il  existe  des  différences  caractéristiques  entre  ces  propriétés  et  celles  des 
sols  minéraux;  nombreux  sont  ceux  qui  admettent  que  la  valeur  agricole  des 
sols  organiques  est  surtout  due  à  leurs  propriétés  physiques  (Njos,  1978). 

Après  avoir  passé  en  revue  la  documentation  portant  sur  les  sols 
organiques  (nature,  propriétés  et  utilisations)  (Farnham  et  Finney,  1965; 
Jasmin  et  al. .  1981;  Lévesque,  1982;  Lévesque  et  al. .  1977;  Lévesque  et 
Mathur,  1979;  Lévesque  et  al. .  1980;  Lucas,  1982;  Mathur  et  Farnham,  1985; 
Njos,  1978;  Robinson  et  Lamb,  1975;  Schothorst,  1982;  Valmari,  1982),  les 
auteurs  ont  déterminé  les  caractéristiques  souhaitables  d'un  sol  organique, 
dans  les  cas  où  la  fertilisation  est  adéquate  : 

1.  composition  floristique  particulière  (cypéracées,  mousse  de  sphaigne 
et  bois  en  proportions  respectives  de  60,  40  et  10) 

2.  niveau  moyen  de  décomposition  (25-35  %  de  fibres  frottées  ou  H4-H5) 

3.  couche  superficielle  organique  supérieure  à  80  cm 

4.  légère  acidité  (pH  :  5-6) 

5.  capacité  d'échange  cationique  supérieure  à  100  meq/100  g 

6.  proportion  importante  de  matériaux  grossiers  (bois) 

7.  couche  de  50-80  cm  non  saturée  d'eau,  c'est-à-dire  présence  d'une 
couche  superficielle  d'aération  pour  permettre  la  croissance 

8.  densité  et  porosité  uniformes  dans  la  zone  d'aération 

9.  situation  de  préférence  sur  un  sous-sol  sableux 

10.  résistance  à  la  biodégradation  (vitesse  de  décomposition  lente), 
grâce,  en  partie,  à  la  présence  de  quantités  suffisantes  de  Cu  dans 
le  sol 

11.  teneur  en  matières  minérales  de  10  à  20  % 

12.  capacité  portante  suffisante  (supérieure  à  5  kg.cm-^) 

13.  conductivité  hydraulique  adéquate  (Ksat.  >1.0  m.d~l). 

Certaines  de  ces  propriétés  ont  été  à  peine  évaluées,  en  tout  cas  pas 
suffisamment,  dans  une  optique  de  qualité  et  de  productivité  des  sols 
organiques.   Il  en  sera  question  dans  les  sections  suivantes. 

Nous  connaissons  maintenant  les  propriétés  intéressantes  des  sols 
organiques;  voyons  quels  sont  les  principaux  désavantages  de  ces  sols  : 

1.  acidité 

2.  biodégradabilité  (sensibilité  à  l'affaissement) 

3.  nécessité  d'utiliser  des  pratiques  de  gestion  et  de  mise  en  valeur 
spéciales 

4.  faible  capacité  portante 

5.  lenteur  à  se  réchauffer  (le  sol  est  donc  généralement  plus  frais  que 
les  sols  minéraux  avoisinants  durant  la  période  de  germination  des 
graines) 


-  22  - 

6.  prédominance  générale  d' emmagasinement  de  l'eau  sur  la  transmission 
de  l'eau 

7.  densification  et  compaction  au  fil  des  ans 

8.  choix  relativement  limité  de  cultures. 

Nous  traiterons  de  ces  caractéristiques  dans  le  contexte  de  l'utilisation 
à  long  terme  des  sols  organiques  dans  les  sections  suivantes. 

CHANGEMENTS  GÉNÉRAUX  ASSOCIÉS  À  LA  MISE  EN  VALEUR  ET  À  LA  CULTURE  DES  SOLS 
ORGANIQUES 

Dès  qu'une  tourbière  est  drainée,  le  processus  naturel  de  formation  de  la 
tourbe  s'arrête  et  les  forces  de  dégradation  déjà  en  cours  s'intensifient. 
Après  avoir  été  drainée  puis  chaulée,  fertilisée  et  travaillée,  la  tourbe, 
matériau  parental  des  sols  organiques,  évolue.   On  peut  dire  de  certains  des 
changements  qu'ils  sont  avantageux,  notamment  la  diminution  de  l'acidité,  la 
libération  de  l'azote  au  moment  de  la  décomposition  et  la  désagrégation 
physique  des  fragments  végétaux  grossiers.   Par  contre,  les  changements 
apportés  par  la  culture  du  sol  sont  plutôt  néfastes  puisqu'ils  contribuent  à 
la  détérioration  des  sols  organiques  (humification  et  minéralisation  du 
matériau  parental  organique).   L 'humification  et  la  minéralisation  entraînent 
la  densification,  la  compaction,  l'abaissement  de  la  porosité  totale,  la 
diminution  du  taux  d'infiltration  de  l'eau,  la  translocation  des  éléments 
nutritifs  et  des  particules  fines  vers  le  bas  et  d'autres  effets,  notamment 
l'affaissement.   Ces  changements  méritent  qu'on  s'y  attarde  parce  qu'ils  sont 
si  importants.  C'est  ce  qui  a  été  fait  en  passant  en  revue  certains  travaux 
qui  s'y  rapportent,  réalisés  autant  au  Canada  qu'à  l'étranger. 

PROBLÈMES  LIÉS  À  L'UTILISATION  DES  SOLS  ORGANIQUES 

Nous  avons  examiné  des  sols  organiques  du  sud  de  l'Ontario,  du  sud-ouest 
du  Québec  et  du  sud  de  la  Colombie-Britannique;  voici,  d'après  nous  et  d'après 
quelques  producteurs,  une  liste  des  principaux  problèmes  de  dégradation  que 
connaissent  les  sols  organiques  : 

1.  Création  d'une  nappe  phréatique  perchée  par  suite  de  l'accumulation 
de  particules  fines  ou  d'argile  à  la  surface  du  sol. 

2.  Faible  taux  d'infiltration  de  l'eau  durant  les  périodes  de 
précipitations  intenses,  ce  qui  endommage  les  cultures  et  limite  les 
travaux  des  champs. 

3.  Compaction  de  la  couche  superficielle  liée  essentiellement  à 
l'irrigation  nécessaire  pour  éviter  l'érosion  du  sol  après 

1 ' ensemencement . 

4.  Dommages  causés  aux  jeunes  plants,  notamment  les  cultures  de 
légumes-feuilles,  dans  des  sols  dont  la  teneur  en  matières  minérales 
est  supérieure  à  20  %,  par  les  particules  de  sable  ou  de  silt 
balayées  par  le  vent  au  cours  des  périodes  de  sécheresse  printanière. 

5.  Augmentation  de  la  superficie  couverte  par  des  îlots  de  sols  minéraux 
à  mesure  que  disparaît  la  couche  superficielle  organique.   Cela  peut 
mener  à  une  perte  de  terrain  cultivable  (apparition  d'un  substrat 
minéral  inadéquat).  Les  pertes  pourraient  atteindre  1  %  par  année; 


-  23  - 

plusieurs  producteurs  ont  signalé  des  pertes  de  20  %  des  sols 
organiques  productifs  et  utilisables  depuis  les  25  dernières  années. 

6.  Perte  de  productivité  causée  par  la  monoculture  prolongée  qui  se 
traduit  généralement  par  une  infestation  par  des  insectes  nuisibles, 
des  maladies,  et  une  compaction  physique. 

7.  Travaux  supplémentaires  nécessaires  à  cause  de  l'affaissement  :  vider 
les  fossés  et  replacer  les  drains. 

8.  Augmentation  nécessaire  du  volume  de  fertilisation  ajouté.   D'après 
certains  producteurs,  cette  augmentation  serait  de  l'ordre  de  25  à 
50  %.   Ce  sont  bien  sûr  la  densification  et  la  minéralisation  du  sol 
au  fil  des  ans  qui  sont  responsables  en  partie  de  cette  augmentation. 

9.  Gestion  du  sol  plus  difficile  à  cause  de  l'hétérogénéité  que 
présentent  les  sols  altérés. 

10.  Choix  limité  de  cultures. 

11.  Contrôle  plus  étroit  de  l'irrigation,  nécessaire  afin  d'empêcher  un 
lessivage  trop  important  des  éléments  nutritifs  ou  la  formation  d'une 
couche  compacte  à  la  surface. 

12.  Adoption  nécessaire  de  nouvelles  pratiques  culturales  pour  compenser 
les  inconvénients  des  sols  minces. 

13.  Pratique  de  la  succession  des  cultures  essentielle  afin  de  prévenir 
toute  perte  de  productivité. 

14.  Complexité  de  la  gestion  des  mesures  de  lutte  contre  les  mauvaises 
herbes  et  les  insectes  nuisibles  vue  l'inégalité  de  la  croissance  des 
plantes  (présence  d'îlots  de  sol  minéral). 

15.  Présence  de  sous-sols  pierreux  et  graveleux  (l'extraction  des  pierres 
et  le  creusement  de  fossés  sont  coûteux) . 

16.  Augmentation  de  la  fréquence  des  bris  de  machines  agricoles  à  mesure 
que  se  rencontrent  les  couches  de  sol  minéral,  l'équipement 
spécialisé  utilisé  pour  les  sols  organiques  étant  moins  résistant  que 
l'équipement  destiné  aux  sols  minéraux. 

Ces  problèmes  existent  tous,  mais  peu  de  données  scientifiques 
permettent  de  les  cerner  et  de  les  évaluer  adéquatement.   Il  est  donc 
nécessaire  d'amasser  des  données  de  base  sur  l'utilisation  et  la  gestion  des 
sols  organiques. 

CHANGEMENTS  PHYSIQUES.  CHIMIQUES.  BIOCHIMIQUES  ET  MICR0M0RPH0L0GI0UES 

Certains  chercheurs  (van  Heuveln  et  al. ,  1960;  Jongerius  et  Pons,  1962; 
van  Heuveln  et  De  Bakker,  1972;  Domsodi,  1980),  dont  les  Hollandais  qui 
mettent  en  valeur,  utilisent  et  gèrent  des  sols  organiques  depuis  longtemps, 
ont  décrit  les  processus  de  formation  des  sols  organiques  selon  un  schéma 
qu'ils  appellent  :  formation  progressive  des  sols.  En  fonction  de  la  nature 
du  matériau  parental  et  des  conditions  environnementales,  se  forment  le  mull 
(favorable  à  la  culture)  et  le  moder  (qui  convient  moins  bien  à  la  culture). 
Il  est  intéressant  de  remarquer,  qu'en  Europe,  les  processus  de  formation  du 
sol  ont  été  grandement  marqués  par  l'homme  et  les  techniques  spéciales  de 
gestion  de  la  tourbe  qui  y  sont  pratiquées  comme  l'ajout  d'argile,  de  sable  et 
de  matières  minérales.  Les  processus  de  formation  du  sol  organique  se 
déroulent  en  gros  de  la  même  façon  que  ceux  à  l'oeuvre  dans  les  sols  minéraux. 


-  24  - 

À  partir  de  techniques  micromorphologiques,  Hammond  et  al. ,  (1982)  ont  pu 
montrer  le  rapport  existant  entre  les  microstructures  et  les  propriétés 
physiques  et  chimiques  (densité  apparente,  pH,  capacité  de  rétention  d'eau, 
teneur  en  cendres)  des  sols  qui  sont  gérés  et  améliorés  depuis  plus  d'un 
siècle.   La  microstructure  des  horizons  0  des  mulls,  généralement  associée  à 
de  bons  sols  organiques  productifs,  résulte  de  l'homogénéisation  des  sols 
subséquente  au  processus  de  désintégration.   Ceci  illustre  le  fait  que  les 
sols  organiques  d'abord  composés  de  matériaux  tourbeux  bruts  mettent 
énormément  de  temps  à  atteindre  un  tel  stade  de  développement. 

Les  chercheurs  s'entendent  généralement  sur  les  changements  généraux 
apportés  par  la  culture  aux  sols  organiques.  Ainsi,  la  mise  en  culture  et  le 
travail  continu  du  sol  entraînent  des  augmentations  de  la  densité  apparente, 
de  la  teneur  en  cendres,  du  pH,  de  N  total,  des  concentrations  de  P,  K,  Ca,  Mg 
et  de  la  plupart  des  ions  métalliques,  de  la  C.E.C.,  de  l'indice 
d'humi fi cation,  des  substances  humiques,  de  la  lignine,  du  bitume  et  des 
activités  microbiennes  ainsi  qu'une  diminution  du  carbone  total,  de  la 
cellulose,  de  1 'hémi-cellulose,  de  la  capacité  maximale  de  rétention  d'eau,  de 
la  porosité  totale,  du  rapport  carbonerazote  et  de  la  teneur  en  fibres 
frottées  (Eigen,  1961;  Filippenko,  1954;  Frecks  et  Puffe,  1958;  Colyakov, 
1959;  Jasmin  et  al. .  1981;  Kuntze,  1976;  Lévesque  et  al. .  1982  et  1987;  Lucas, 
1982;  Lupinovick,  1968;  Njos,  1978;  Peterson  et  al. .  1945;  Townsend  et  MacKay, 
1963).   Ces  études  ne  concordent  pas  sur  tous  les  aspects,  mais  montrent  que 
des  pratiques  de  gestion  et  de  culture  données  ont  un  effet  global  sur 
plusieurs  propriétés,  notamment  la  teneur  en  N,  la  porosité  et  la  capacité  de 
rétention  d'eau.   De  plus,  la  majorité  de  ces  changements  ne  se  produisent  que 
dans  la  couche  arable  (Staker  et  Jornlin,  1945;  Lévesque  et  al. t    1982). 
D'après  Pessi  (1961),  la  perte  des  caractéristiques  propres  à  la  tourbe  après 
une  longue  période  d'exploitation  résulterait  de  l'augmentation  de  la  teneur 
en  cendres  dans  la  couche  arable.   Cette  perte  qui  se  produit  au  cours  du 
vieillissement  du  sol  ne  peut  être  ignorée,  mais  on  peut  dire  que  les 
processus  longs  et  continus  d'humi fi cation  et  de  minéralisation  ont  une 
influence  capitale  sur  les  transformations  des  sols  organiques  (Mathur  et 
Farnham,  1985).  De  plus,  un  apport  de  matériaux  vierges  provenant  des  couches 
inférieures  et  se  mélangeant  à  la  couche  arable,  résultat  de  l'affaissement, 
vient  compliquer  les  choses. 

Dans  le  cadre  d'une  étude  récente  portant  sur  des  champs  cultivés  entre  0 
à  15  ans,  Lévesque  et  al.  (1982)  a  montré  que  les  changements  chimiques  liés  à 
l'humification  et  la  minéralisation  ne  se  produisaient  que  dans  les  couches 
arables,  contrairement  aux  changements  physiques  qui  s'observaient  plus  en 
profondeur  dans  les  profils  de  sol.   L'établissement  d'un  synchronisme 
stratigraphique  entre  les  couches  souterraines  par  analyse  palynologique  s'est 
avéré  un  élément-clé  de  cette  étude  (Mathur  et  al.  f  1982).   Dinel  et  al. 
(1987)  ont  montré  que  la  culture  des  sols  de  marécages  entourés  de  digues 
apportait  des  changements  chimiques  dans  tout  le  profil  du  sol,  mais  aussi  que 
ces  changements  résultaient  d'un  mouvement  descendant  de  matériaux  organiques 
fins  partiellement  dégradés.   Ces  études  montrent  bien  que  les  mesures  visant 
à  contrôler  l'affaissement  à  long  terme  des  sols  organiques  cultivés  devraient 
porter  sur  la  couche  superficielle,  puisque  c'est  là  où  se  produit  la  majeure 
partie  de  l'oxydation  biochimique. 


-  25  - 

HUMIFICATION  ET  AFFAISSEMENT  DES  SOLS  ORGANIQUES 

Avant  d'exploiter  une  tourbière,  il  faut  dans  tous  les  cas  la  drainer, 
afin  d'aérer  la  tourbe.   Dans  le  cas  des  tourbes  utilisées  pour  l'agriculture, 
l'augmentation  de  la  décomposition  et  de  1 'humification  résultant  du  drainage 
est  encore  accélérée  par  le  chaulage,  la  fertilisation  et  le  travail  du  sol 
nécessaires  aux  cultures.   D'après  Bramryd  (1980)  notamment,  l'effet  de  la 
décomposition  et  de  l'humification  des  tourbières  drainées  sur  les  cycles 
globaux  du  carbone  et  de  l'azote  est  considérable.   Parce  que  l'humus  produit 
est  plus  compact  que  les  résidus  végétaux  non  décomposés,  l'humification 
contribue  également  à  la  perte  de  volume  du  dépôt  organique.   Cette  perte  se 
traduit  par  un  abaissement  lent  et  régulier  de  la  surface  des  sols  cultivés  de 
1  mm  à  7  crn.a-!.   L'examen  de  ce  phénomène  d'affaissement  permet  d'observer 
les  effets  relatifs  de  divers  facteurs  sur  le  taux  d 'humification  dans  les 
tourbières  (Mathur,  1982). 

Les  tourbes  plus  riches  en  cellulose  se  décomposent  plus,  et  plus 
rapidement,  que  ne  le  font  les  tourbes  ligneuses.   Il  est  entendu  que  le 
climat  exerce  une  influence  sur  tous  les  processus  biologiques;  Eggelsman 
(1976)  a  montré  que,  pour  un  groupe  de  tourbières  minérotrophes ,  les  taux 
d'affaissement  étaient  corrélés  au  facteur  de  Lang  (précipitations  annuelles 
en  mm/température  moyenne  en  °C).   Il  faut  s'assurer  que  la  surface  de 
saturation  reste  élevée  sous  une  tourbière  exploitée  puisque  l'eau  remplace 
alors  l'air  dans  les  pores  du  sol,  ce  qui  permet  de  réduire  l'humification  et 
l'affaissement.   Le  niveau  auquel  la  surface  de  saturation  peut  être  maintenue 
de  façon  pratique  et  sûre  est  déterminé  en  partie  par  la  nature  des  cultures. 
Le  choix  des  cultures  détermine  également  la  valeur  du  pH  du  sol  à  atteindre 
par  chaulage.   La  décomposition  microbienne  et  l'humification  qui  l'accompagne 
sont  maximales  dans  un  sol  de  pH  neutre  ou  presque.   D'après  Frercks  et  Puffe 
(1959),  environ  50  %  de  l'augmentation  du  taux  de  décomposition  due  à  une 
augmentation  du  pH  se  produit  lorsque  le  pH  est  situé  entre  4  et  6.   La 
majorité  des  cultures  agricoles  exigent  un  sol  de  pH  supérieur  à  5,0-5,5,  bien 
que  pour  certaines  cultures,  les  rendements  peuvent  être  acceptables  avec  des 
pH  plus  faibles  (Lévesque  et  Mathur,  1983;  Mathur  et  Lévesque,  1983).   À 
mesure  que  la  décomposition  et  l'humification  progressent  et  que  la  tourbe 
devient  plus  dense,  les  vides  entre  les  particules  de  sol  deviennent  plus 
petits.   Comme  les  micropores  ont  plus  tendance  à  être  anaérobies  que  les 
macropores,  l'humification  ralentit  au  fil  du  temps  faute  d'oxygène.   Là  où  la 
densité  des  racines  est  élevée,  par  exemple  sous  du  gazon,  l'oxygène  peut 
manquer.  Ainsi,  les  sols  tourbeux  sous  cultures  de  graminées  ont  tendance  à 
moins  se  décomposer  et  s'affaisser  que  les  sols  sous  cultures  sarclées 
(Schothorst,  1977;  Lévesque  et  al. .  1987). 

De  vastes  régions  de  sols  organiques  au  Canada,  aux  États-Unis  et 
ailleurs,  très  rentables  à  l'heure  actuelle,  sont  progressivement  menacées  par 
l'humification  et  l'affaissement  subséquent  (Stephens  et  Speir,  1970;  Mathur, 
1982).   À  mesure  que  se  décomposent,  s'humifient  et  s'affaissent  les  sols,  la 
teneur  en  humus  augmente,  ce  qui  crée  des  sites  de  complexation  dense  pour 
certains  oligoéléments  essentiels  et  de  rétention  de  divers  pesticides 
utilisés  pour  la  protection  des  cultures.   De  plus,  la  capacité  de  rétention 
d'eau  et  la  conductivité  hydraulique  des  sols  diminuent  parce  que  les  tourbes 


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humifiées  sont  plus  compactes  et  retiennent  moins  bien  l'eau  que  les  tourbes 
brutes.   Parce  que  les  sols  s'affaissent,  le  drainage  doit  être  périodiquement 
intensifié  et  les  champs,  protégés  contre  les  inondations  (terrains  plus  hauts 
ou  plans  d'eau  avoisinants) . 

COMMENT  PROLONGER  LA  VIE  UTILE  DES  SOLS  ORGANIQUES 

Même  si  la  dégradation,  la  décomposition  et  l'affaissement  des  sols 
organiques  cultivés  sont  inévitables,  parce  qu'ils  sont  inhérents  à  leur 
nature  même,  il  existe  des  moyens  de  retarder  la  disparition  des  sols 
organiques,  par  des  pratiques  de  gestion  appropriées  ou  des  interventions 
chimiques  et  biologiques  innovatrices. 

La  méthode  la  plus  évidente  pour  ralentir  l'humification  et 
l'affaissement  consiste  à  s'assurer  que  la  surface  de  saturation  sous  les 
champs  reste  élevée;  en  effet,  l'eau  exclut  l'air,  qui  favorise  la 
décomposition  biooxydante,  et  limite  1 'aff aisément  physique  de  la  couche 
superficielle  de  flotter.   Parce  que  cette  méthode  n'est  pas  entièrement  sûre 
cependant,  la  surface  de  saturation  n'est  généralement  pas  conservée  assez 
haut  pour  entraver  efficacement  la  décomposition. 

En  Europe,  du  sable  est  versé  sur  des  pâturages  tourbeux  afin  d'aider  à 
réduire  l'affaissement;  on  peut  s'assurer  que  la  surface  de  saturation  reste  à 
l'interface  minéral-organique  et  le  sable  est  capable  de  porter  le  poids  des 
bêtes  à  cornes.   Dans  certaines  tourbières  minérotrophes  utilisées  pour  la 
culture  des  céréales,  les  champs  sont  inondés  de  l'automne  au  printemps  afin 
de  permettre  la  sédimentation  des  matières  minérales  que  contiennent  les  eaux 
courantes.   Ces  matières  minérales  sont  alors  mélangées  aux  couches 
organiques,  ce  qui  aide  à  la  stabilisation  de  l'humus. 

Soulignons  que,  pour  certaines  cultures,  le  mélange  d'une  couche 
superficielle  organique  aux  composantes  minérales  qu'on  retrouve  sous  les 
cultures  constitue  une  pratique  d'amélioration  de  la  majorité  des  sols 
organiques  lorsque  cela  est  possible.   Cette  pratique  est  couramment  utilisée 
en  Allemagne,  en  Hollande  et  dans  l'est  de  l'Angleterre  (East  Anglia)  où  de 
vastes  portions  de  tourbières  se  trouvent  généralement  sur  un  sous-sol  sableux 
(Kuntze,  1980;  Wind  et  Pot,  1976;  Smith,  1969).  Au  Canada,  la  présence  d'un 
substratum  sableux  n'est  pas  aussi  fréquente  et  plusieurs  autres  types  de 
couches  sous-jacentes  limniques  et  minérales  s'observent;  certains  de  ces 
matériaux  pourraient  entraîner  des  problèmes  par  moments.   Dans  le  cadre  d'une 
étude  récente,  (Lévesque  et  al. .  1988),  les  auteurs  ont  montré  que  le  mélange 
des  couches  superficielles  organiques  et  de  divers  types  de  couches  minérales 
inférieures  permet  d'améliorer  ces  dernières.   D'importantes  chutes  de 
productivité  à  court  terme  des  couches  organiques  superficielles  peuvent  être 
évitées  si  l'on  réduit  l'apport  (volume /volume)  de  la  couche  minérale  à 
environ  25  %  au  début,  surtout  dans  le  cas  de  l'argile.  La  présence  de  gyttja 
est  nuisible  à  l'aptitude  culturale  d'un  sol  organique,  sauf  là  où  s'observe 
en  même  temps  une  couche  de  coquillages.   Les  améliorations  produites  par  le 
mélange  des  couches  superficielles  organiques  aux  couches  minérales 
comprennent  l'amélioration  de  la  structure. 


-  27  - 

L'humification  et  l'affaissement  des  sols  organiques  cultivés  peuvent 
être  retardés  d'environ  50  %  par  l'ajout  graduel  de  cuivre  (5  à  15 
kg.ha~l.a~l)  jusqu'à  l'obtention,  et  au  maintien,  de  concentrations  de  100 
à  400  ug.g~l  dans  des  sols  de  densité  apparente  de  0,1  à  0,4  g. cm- 3 
(Mathur,  1982;  Mathur  et  Lévesque,  1983).   Les  auteurs  ont  montré  que  les 
concentrations  de  cuivre  nécessaires  sont  de  beaucoup  inférieures  à  celles 
qui,  d'après  des  études,  entraînent  des  problèmes  agricoles  ou 
environnementaux  (Mathur,  1987).   Le  cuivre  inactive  les  enzymes  de 
dégradation  du  sol  organique  qui  en  déterminent  le  taux  de  décomposition. 

CHOIX  DES  CRITÈRES  DE  DÉTERMINATION  DE  LA  VALEUR  AGRONOMIQUE  DES  SOLS 
ORGANIQUES 

Un  système  de  classification  des  aptitudes  culturales,  proposé  récemment 
par  Mathur  et  Lévesque  (1987)  comporte  sept  facteurs  permettant  de  choisir  les 
critères  adéquats  d'évaluation  de  la  valeur  agronomique  des  sols  organiques. 
Cinq  des  sept  facteurs  (tableau  1)  sont  liés  aux  propriétés  inhérentes  aux 
matériaux  tourbeux;  en  fait,  ces  facteurs  ou  critères  pourraient  être  utilisés 
en  même  temps  que  le  paramètre  de  qualité  du  sol.   Ce  sont  : 

-  le  degré  de  décomposition  (au  sens  botanique), 

-  la  teneur  en  bois, 

-  la  réaction  (pH), 

-  l'épaisseur  du  dépôt, 

-  la  nature  des  matériaux  sous-jacents. 

a)   Degré  de  décomposition  (au  sens  botanique) 

On  met  beaucoup  l'accent  sur  le  degré  de  décomposition  dans  la 
classification  des  tourbes,  parce  que  ce  critère  est  en  corrélation  avec  toute 
une  série  d'autres  propriétés  qui  ont  un  effet  sur  la  productivité 
potentielle,  nommément  la  densité,  la  capacité  de  rétention  de  l'eau,  la 
porosité,  la  conductivité  hydraulique,  la  capacité  portante,  la  capacité 
d'échange  cationique,  etc. 

Une  tourbe  mixte  (mousse  de  sphaignes,  un  peu  de  bois  et  de  carex)  est 
préférable  à  une  tourbe  composée  uniquement  de  sphaignes.   Par  rapport  aux 
mésisols  et  aux  humisols,  les  sphagno-fibrisols  ont  une  capacité  portante  plus 
faible  et  sont  plus  sensibles  à  l'affaissement,  plus  lents  à  se  réchauffer, 
plus  difficiles  à  drainer,  plus  pauvres  en  éléments  nutritifs  et  plus  acides 
mais  ils  ont  une  capacité  de  rétention  de  l'eau  et  une  porosité  plus  élevées. 
Les  humisols,  eux,  ont  une  perméabilité  faible,  une  conductivité  hydraulique 
très  basse,  mais  une  rétention  d'ions  et  une  capacité  d'échange  plus  élevées. 

Pour  la  culture  des  légumes,  il  faut  environ  cinq  fois  plus  de 
fertilisants  azotés  dans  des  sphagno-fibrisols  que  dans  un  mésisol  ou  un 
humisol.   Par  contre,  dans  le  cas  des  cultures  maraîchères,  le  coût  du  N 
supplémentaire  ne  représente  qu'une  faible  part  des  coûts  totaux.   Les 
fibrisols  ont  généralement  des  concentrations  de  Cu,  Fe,  Mn  et  Zn  plus  faible 
que  les  autres  sols  organiques  (Lévesque  et  Mathur,  1986).   D'après  les  études 
que  nous  avons  réalisées  récemment  sur  un  grand  nombre  de  sols,  il  semblerait 
cependant  que  la  disponibilité  de  ces  éléments  pour  les  plantes  varie  de  bonne 


-  28  - 

à  excellente  dans  les  fibrisols  à  cause  de  l'absence  de  sites  spécifiques  à  la 
complexation  reliés  à  l'humus  (Mathur  et  Lévesque,  1988;  Lévesque  et  Mathur, 
1988).   Parce  que  leur  pH  est  généralement  faible,  on  pense  que  les 
sphagno-fibrisols  ont  besoin  d'un  apport  plus  grand  en  chaux;  cependant,  leur 
densité  apparente  étant  également  faible,  la  quantité  totale  de  chaux 
nécessaire  pourrait  bien  ne  pas  être  si  importante.   La  valeur  agronomique  et 
la  qualité  des  sphagno-fibrisols  pourraient  être  meilleures  que  ce  que  l'on 
avait  pensé.   La  possibilité  d'utiliser  le  paillage  plastique  pour  les 
améliorer,  comme  nous  l'ont  révélé  nos  travaux  préliminaires,  doit  faire 
l'objet  d'autres  études. 

b)  Teneur  en  bois 

La  présence  de  souches  et  de  troncs  crée  un  obstacle  physique  à  la  mise 
en  valeur  et  à  la  culture;  on  ne  s'entend  pas  sur  ce  qui  constitue  des 
quantités  inacceptables  de  bois,  mais  il  est  sûr  qu'il  faut  tenir  compte  de  la 
résistance  à  la  décomposition  (dureté),  ainsi  que  de  la  profondeur  à  laquelle 
il  se  trouve. 

La  présence  de  bois  à  la  surface  cause  des  problèmes  :  ensemencement  et 
germination  non  uniformes  et  interruption  fréquente  et  bris  occasionnel  des 
machines  utilisées  pour  la  récolte  des  cultures-racines.  Par  contre,  la 
présence  de  bois  sous  la  couche  arable  est  intéressante  puisque  le  bois  a  une 
perméabilité  acceptable,  rétricit  moins  par  séchage  et  compression  et  se 
décompose  et  s'affaisse  plus  lentement  que  la  plupart  des  autres  matériaux. 
En  d'autres  mots,  la  présence  de  bois  dans  tout  le  profil  ou  près  de  la 
surface  entraînerait  des  problèmes  plus  graves  et  de  plus  longue  durée  que  la 
présence  de  bois  dans  la  partie  inférieure  du  profil. 

c)  Réaction  (pH) 

Un  pH  faible  ou  élevé  a  un  effet  négatif  sur  la  disponibilité  des 
éléments  nutritifs.  Les  quantités  élevées  de  chaux  nécessaires  pour  redresser 
des  pH  faibles  pourraient  n'être  pas  si  élevées  qu'on  le  croit  puisque  les 
sols  organiques,  à  pH  de  3  et  de  4,  seraient  moins  denses  et  auraient  donc 
besoin  d'une  moins  grande  quantité  de  chaux,  en  poids.   Il  faut  souligner  que 
plusieurs  cultures  (pommes  de  terre  et  graminées)  peuvent  bien  pousser  dans 
des  sols  organiques  dont  le  pH  est  d'environ  4,0.   De  plus,  parce  que  la  CEC 
des  sols  organiques  est  élevée,  une  plus  grande  quantité  de  Ca  y  est 
disponible  pour  les  plantes  que  dans  un  sol  minéral  pour  des  niveaux 
semblables  de  saturation  en  base  (Lévesque  et  Mathur,  1983;  Mathur  et 
Lévesque,  1983).   De  plus,  dans  les  sols  organiques  sans  aluminosilicates, 
même  lorsque  le  pH  est  de  4,0,  les  teneurs  en  Al  solubles  ne  sont  pas 
phytotoxiques. 

d)  Épaisseur  du  dépôt 

L'épaisseur  d'un  sol  organique  est  d'importance  capitale  lorsqu'il  est 
question  de  l'utiliser  à  long  terme.   Les  80  cm  supérieurs  sont  généralement 
situés  au-dessus  de  la  nappe  phréatique  dans  un  sol  cultivé  et  sont 
vulnérables  à  la  biodégradation  et  à  l'aff aisément.  La  nature  des  matériaux 
situés 


-  29  - 

entre  80  et  200  cm  de  profondeur  a  un  effet  sur  le  mouvement  de  l'eau,  donc 
sur  le  choix  du  système  de  drainage  requis.  Un  dépôt  tourbeux  de  plus  de 
200  cm  de  profondeur  devrait  pouvoir  être  exploité  pendant  au  moins  50  ans. 
Dans  le  cas  de  sols  moins  épais,  la  mise  en  valeur  n'est  peut-être  pas 
économique. 

e)   Matériaux  sous-iacents 

La  nature  des  matériaux  minéraux  sous-jacents  constitue  également  une 
importante  considération  lorsqu'il  s'agit  de  planification  à  long  terme, 
notamment  d'une  utilisation  continue  après  la  disparition  de  la  majeure  partie 
de  la  tourbe.   Par  exemple,  si  le  substratum  se  compose  de  gyttja  riche  en 
soufre  réduit,  en  gravier  ou  en  roc,  il  resterait  peu  de  sol  à  valeur 
culturale.   Des  sols  organiques  peu  profonds  auraient  tendance  à  s'assécher  là 
où  ils  reposent  sur  des  sols  sableux,  ou  à  entraîner  la  formation  d'une  nappe 
phréatique  perchée  là  où  ils  reposent  sur  des  argiles  compacts.   Soulignons 
cependant  que  le  mélange  de  sols  organiques  et  des  couches  sur  lesquelles  ils 
reposent  constitue,  dans  la  plupart  des  cas,  une  pratique  d'amélioration,  nous 
permettant  d'obtenir  des  couches  arables  qui  conviennent  très  bien  pour  la 
production  de  céréales  et  de  légumes  (Lévesque  et  Mathur,  1985). 

CHOIX  DES  CRITÈRES  DE  SURVEILLANCE  CONTINUE  DE  LA  QUALITÉ  AGRONOMIQUE  DES  SOLS 
ORGANIQUES 

Les  critères  dont  il  vient  d'être  question  pourraient  servir  à  évaluer  le 
potentiel  agricole  et  la  variation  de  la  qualité  des  sols  organiques.   Dans  le 
cas  d'un  usage  agricole,  la  qualité  du  sol  devrait  être  mesurée  dans  un 
contexte  dynamique;  c'est-à-dire,  comment  le  sol  évolue,  se  modifie  ou  résiste 
à  la  dégradation,  à  court  et  à  long  terme.  Les  critères  devraient  refléter 
les  avantages  et  les  inconvénients  de  diverses  pratiques  culturales.   Ces 
critères  devraient  également  montrer  comment  parvenir,  de  façon  économique,  à 
une  productivité  fiable  et  comment  la  prévoir  pour  un  climat  et  des  cultures 
donnés. 

À  l'heure  actuelle,  les  données  nécessaires  au  choix  de  ces  critères  sont 
fragmentaires;  il  est  donc  nécessaire  de  recueillir  des  renseignements  par  le 
suivi  de  divers  types  de  sols  organiques.   Ce  dernier  devrait  porter  surtout 
sur  les  changements  qui  ont  un  véritable  effet  sur  :  la  capacité 
d'emmagasinement  et  d'approvisionnement  en  eau  et  en  éléments  nutritifs,  la 
capacité  de  transmettre  de  l'eau  et  d'échanger  des  gaz,  la  capacité  de 
réaction  à  toute  modification  physique,  chimique  et  environnementale,  la 
capacité  d'adaptation  à  de  nouvelles  pratiques  de  gestion  et  de  culture  et  la 
capacité  de  production  et  de  maintien  de  rendements  acceptables.  À  cet  égard, 
une  étude  récente  (Mathur  et  Lévesque,  1989)  a  montré  que  la  qualité  des  sols 
organiques  (capacité  d'emmagasinement  de  l'eau  et  des  éléments  nutritifs) 
diminue  en  fonction  de  la  durée  de  l'exploitation,  même  avant  que  des 
problèmes  de  gestion  de  l'eau  et  des  éléments  nutritifs  ne  naissent, 
probablement  à  cause  d'une  mauvaise  aération  du  sol. 


-  30  - 

Au  tableau  2  sont  regroupées  les  propriétés  dont  la  mesure  est 
susceptible  de  fournir  des  renseignements  utiles  sur  la  nature  et  l'état 
dynamique  des  sols  organiques  cultivés.   Certaines  propriétés  sont  de  nature 
plus  générale  (par  exemple  degré  de  décomposition),  d'autres  permettent 
d'indiquer  les  variations  que  connaît  un  sol,  ou  son  évolution.   Une 
évaluation  préliminaire  des  diverses  propriétés  a  été  réalisée  (tableau  2). 

Les  chercheurs  s'entendent  généralement  pour  dire  que  le  degré  de 
décomposition  du  matériel  tourbeux  en  constitue  la  caractéristique  la  plus 
marquée,  que  l'on  considère  le  rôle  naturel  ou  économique  des  sols 
organiques.   En  effet,  à  l'exception  de  l'état  d'agrégation  et,  peut-être  du 
pH,  les  16  propriétés  ou  caractéristiques  données  au  tableau  2  sont 
directement  liées  à  l'état  de  décomposition  des  matériels  tourbeux,  ou  en 
dépendent.   Mathur  et  Farnham  (1985)  ont  clairement  montré  ces  liens  dans  leur 
article  portant  sur  les  diverses  façons  de  mesurer  le  degré  d'humification  ou 
de  décomposition  des  sols  organiques. 

Idéalement,  les  16  propriétés  devraient  être  mesurées  dans  des  sols 
représentatifs.   Les  mesures  réalisées  dans  des  sols  cultivés  devraient  être 
pondérées  en  fonction  du  rendement  de  ces  sols.   De  plus,  la  surveillance 
continue  devrait  porter  sur  une  période  de  plusieurs  années,  permettant 
d'arriver  à  des  résultats  concluants.   Il  ne  sera  pas  nécessairement  possible 
d'effectuer  toutes  les  mesures  pour  tous  les  sols  et  toutes  les  cultures 
nécessaires.   Il  faudrait  cependant  effectuer  suffisamment  de  mesures  pour 
permettre  de  bien  choisir  les  critères.   Nous  espérons  pouvoir  établir 
quelques  indicateurs  fiables  assez  rapidement  après  le  début  du  suivi  afin  de 
mieux  orienter  celui-ci. 

EN  GUISE  DE  CONCLUSION 

Les  auteurs,  on  l'a  vu  plus  haut,  soulignent  l'existence  d'une  certaine 
quantité  d'information  sur  l'évolution  de  la  tourbe,  les  changements  apportés 
par  la  culture,  les  pertes  et  les  gains  liés  à  diverses  pratiques  culturales 
et  de  gestion.   La  présente  étude  vise,  par  la  réalisation  de  mesures  et  la 
surveillance  continue  des  propriétés  des  sols  organiques,  à  découvrir  où  et 
quand  l'une  des  propriétés  du  sol  commence  à  en  limiter  la  qualité;  cela  se 
manifeste  par  une  diminution  du  rendement.   Par  exemple,  à  quel  moment  le 
rendement  d'une  culture  commence-t-il  à  diminuer  parce  que  le  sol  n'est  pas 
assez  épais?   Que  peut-on  dire  alors  de  la  qualité  du  sol?   Il  est 
véritablement  nécessaire  d'obtenir  de  bonnes  données  de  base  permettant  de 
définir  et  d'évaluer  de  façon  pratique  et  sûre  la  qualité  d'un  sol  en  vue 
d'une  productivité  viable. 

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-  36  - 

Tableau  1.   Guide  modifié  de  classification  des  sols  organiques  selon  leurs  possibilités 
agricoles  (Mathur  et  Lévesque,  1987) 


1.   Décomposition 


Teneur  en  bois 


Facteurs  Points  de  désavantage 

Fibres  frottées  C'A) 

Fibrique  >60  %  sphaignes  majoritaires  25 

40  à  60  %  sphaignes  majoritaires  20 

40  à  60  %  sphaignes  non  majoritaires  10 

Mésique  20  à  40  %  n'importe  quel  matériau  0 

10  à  20  %  n'importe  quel  matériau  10 

Humique  <10  %  20 


Présence  de  bois  (en  volume  %) 

Aucun  0 

1  à  25  %  sous  80  cm  5 

1  à  25  %  au-dessus  de  80  cm  10 

25  à  50  %  sous  80  cm  10 

25  à  50  %  au-dessus  de  80  cm  20 

>50  %  sous  80  cm  20 

>50  %  au-dessus  de  80  cm  35 


20 
10 
0 
10 
20 


0 
10 
20 
30 

5.  Matériaux  sous-.iacents  (épaisseur  >20  cm)  situés  à  3  m  de  la  surface 

silt,  loam  10 

sable  15 

argile  20 

Gyttja,  tourbe  sédimentaire  ou  coprogène 

sans  couche  contiguë  riche  en  coquillages  50 

Gyttja,  tourbe  sédimentaire  ou  coprogène  avec 

couche  contiguë  (>20  cm)  riche  en  coquillages        10 

ou  de  marne 
Couche  de  marne  ou  riche  en  coquillages  10 

Roc  50 

Pierrosité  (<10  %)  dans  la  couche  inférieure 

minérale  5 

Gravier  ou  >  30  %  de  pierres  dans  l'une  des 

couches  inférieures  30 


3. 

Réaction 

pH 

<3,5 

3,5  à  5,0 

5,0  à  6,5 

6,5  à  7,5 

>7,5 

4. 

Épaisseur  du  dépôt  organique 

>200  cm 

120  à  200  cm 

80  à  120  cm 

<80  cm 

Tableau  2. 


-  37  - 

Liste  préliminaire  des  critères  utiles  au  suivi  de  la  qualité 
agronomique  des  sols  organiques. 

(***  =  plus  pertinent) 
(   *  =  moins  pertinent) 


Critères 


Pertinence  de 
1' indicateur 


a  court  - 
moyen  ou 
long  terme 


1.  Degré  de  décomposition 

-  fibres  frottées  (%) 

-  indice  PP  (pyrophosphate) 

2.  Teneur  en  cendre 

3.  Réaction  (pH) 

4.  Densité  apparente 

5.  Capacité  portante 

6.  Rapport  carbone: azote 

7.  Affaissement  : 

-  vitesse 

-  diminution  relative  de  niveau 

8.  Taux  de  respiration 

9.  Activité  de  la  phosphatase 

10.  Rapport  teneur  en  sucre: carbone  total 

11.  Rapport  C  aliphatique:C  phénolique 

12.  Valeur  calorifique 

13.  Capacité  de  rétention  d'eau 

14.  Conductivité  hydraulique 

15.  Porosité  -  rapport  macro-pores :micro-pores 

16.  Proportions  de  matériaux  fins 

17.  Aspects  micromorphologiques: 

-  Rapport  matériaux  amorphes :matériaux 
structurés 

-  Rapport  matériaux  monomorphes:matériaux 
hétéromorphes 

18.  État  d'agrégation  : 
coalescence  des  matériaux  humiques 


*** 


** 


** 


** 


** 


** 


** 

*** 

** 

*** 

**• 

** 


M 

M 
S 
M 
M 
S 
M 

S 
S 
M 
M 
M 
S 
S 
M 
S 
L 


** 


-  38  - 
MATIÈRE  ORGANIQUE  ET  QUALITÉ  DU  SOL 
M.  SCHNITZER 

1.  Introduction 

On  appelle  matière  organique  du  sol  l'ensemble  de  toutes  les  substances, 
renfermant  du  carbone  organique,  présentes  dans  les  sols.   La  teneur  en 
carbone  organique  des  sols  varie  de  moins  de  0,1  %  dans  les  sols  désertiques  à 
près  de  100  %  dans  les  sols  organiques.  Au  Canada,  un  sol  agricole  typique 
peut  contenir  2  à  5  %  de  matières  organiques  dans  les  15  cm  supérieurs. 

La  matière  organique  du  sol  se  compose  d'un  mélange  de  résidus  végétaux 
et  animaux  à  divers  stades  de  décomposition,  de  substances  synthétisées 
microbiologiquement  ou  chimiquement,  ou  les  deux,  de  produits  de  dégradation, 
de  microorganismes,  de  petits  animaux  et  des  restes  de  leur  décomposition 
(Schnitzer  et  Khan,  1972).   Pour  simplifier  ce  système  très  complexe,  on  peut 
classer  la  matière  organique  en  deux  catégories  :  a)  les  substances  non 
humiques  et  b)  les  substances  humiques. 

Les  substances  non  humiques  comprennent  celles  dont  les  caractéristiques 
chimiques  sont  encore  reconnaissables,  notamment  les  glucides,  les  protéines, 
les  peptides,  les  acides  aminés,  les  purines,  les  pyrimidines,  les  graisses, 
les  acides  gras,  les  alcanes,  les  cires,  les  résines,  les  pigments  et  autres 
composés  organiques  de  faible  poids  moléculaire.   Ces  composés  se  dégradent  en 
général  relativement  facilement  dans  les  sols  et  ont  de  courtes  durées  de  vie. 

La  majeure  partie  de  la  matière  organique  du  sol  se  compose  toutefois  de 
substances  humiques  qui  sont  des  matériaux  amorphes  surtout  hydrophiles,  dont 
la  chimie  est  complexe,  et  qui  s'apparentent  à  des  polyélectrolytes.   Leur 
poids  moléculaire  varie  de  quelques  centaines  à  plusieurs  milliers  (Schnitzer, 
1978).   Les  substances  humiques  ne  présentent  plus  les  caractéristiques 
physiques  et  chimiques  particulières,  normalement  associées  à  des  composés 
organiques  bien  définis,  mais  sont  plus  résistantes  à  la  dégradation  chimique 
et  biologique  que  ne  le  sont  les  substances  non  humiques. 

Avant  de  se  pencher  sur  les  effets  de  la  matière  organique  sur  la  qualité 
du  sol,  il  semble  approprié  de  décrire  la  composition  chimique  de  la  matière 
organique. 

2.  Composition  de  la  matière  organique  du  sol 

Voici  des  estimations  de  la  composition  moyenne  de  la  matière  organique 
d'un  sol  minéral  canadien  typique  :  glucides  -  10  %;  composés  azotés  -  10%  (y 
compris  les  protéines,  les  peptides,  les  acides  aminés,  l'ammoniac,  les 
purines,  les  pyrimidines  et  les  substances  azotées  non  identifiées);  alcanes, 
acides  gras,  graisses,  cires,  résines,  etc.  -  10  %;  substances  humiques  (acide 
humique,  acide  fulvique,  humine)  -  70  %.   Ces  chiffres  peuvent  varier  d'un 
endroit  à  l'autre. 


-  39  - 

Nous  traiterons  dans  les  paragraphes  suivants  de  chacun  des  groupes  des 
composantes  principales  de  la  matière  organique. 

2.1  Glucides 

Les  glucides  se  présentent  essentiellement,  dans  la  matière 
organique,  sous  forme  de  polysaccharides  (Cheshire,  1979).   Ces 
polysaccharides,  après  hydrolyse  acide  produisent  des  hexoses  (glucose, 
galactose,  mannose),  des  pentoses  (arabinose,  ribose,  xylose),  des 
désoxyhexoses  (fucose  et  rhamnose),  des  acides  uroniques  (acide  glucuronique 
et  galacturonique)  en  plus  de  petites  quantités  de  fructose  et  de  méthyloses 
(2-0-méthyle-L-rhamnose  et  4-0-méthyle-D-galactose) .   De  petites  quantités 
d'alcool  de  sucre  (mannitol  et  inositol)  ont  également  été  trouvées.   Les 
hydrolysats  de  la  matière  organique  du  sol  renferment  généralement  aussi  les 
deux  amino-sucres  (glucosamine  et  galactosamine)  et  parfois  également  des 
traces  d'acide  muramique  (Cheshire,  1979;  Stevenson,  1982). 

Mises  à  part  les  traces  de  sucres  hydrosolubles,  on  ne  peut  isoler 
facilement  les  glucides  des  sols  parce  qu'ils  sont  intimement  liés  aux 
composantes  non  glucidiques.   Il  n'est  pas  clair  à  l'heure  actuelle  si  les 
glucides  constituent  un  mélange  hétérogène  de  divers  polysaccharides 
renfermant  des  sucres  différents  ou  s'ils  consistent  en  un  seul  polysaccharide 
homogène  complexe  renfermant  divers  sucres.   Les  glucides  proviennent  de 
résidus  animaux  et  végétaux  et  de  gomme  excrétée  par  les  cellules  des 
microorganismes  (Cheshire,  1979). 

Parmi  toutes  les  composantes  de  la  matière  organique  du  sol,  les 
polysaccharides  sont  les  plus  facilement  disponibles  comme  sources  d'énergie 
pour  les  microorganismes. 

2.2  Composés  azotés 

L'azote  est  le  seul  élément  nutritif  essentiel  qui  ne  soit  pas  issu 
de  l'altération  des  minéraux;  il  provient  de  l'atmosphère  où  il  est  le 
principal  gaz  (79  %)  (Schnitzer,  1985).   Seuls  quelques  microorganismes 
peuvent  utiliser  le  N2  moléculaire;  tous  les  autres  organismes  vivants  ont 
besoin  de  N  combiné  à  d'autres  éléments  pour  survivre.   Le  sol  s'enrichit  en 
azote  par  fixation  de  molécules  de  N2  dans  les  microorganismes  et  par 
l'apport  en  ammoniac  et  en  nitrates  contenus  dans  l'eau  de  pluie.   Le  sol 
s'appauvrit  en  azote  par  prélèvement  à  cause  des  cultures,  du  lessivage  et  de 
la  volatilisation.  La  conversion  de  molécules  de  N2  se  produit  par  la 
fixation  de  l'azote  biologique.  À  leur  tour,  des  formes  organiques  de  N  sont 
converties  par  ammonification  et  nitrification  respectivement  en  NH3  et 
NO3  ~.   Presque  tout  l'azote  du  sol  est  combiné  ou  étroitement  associé  à 
la  matière  organique.   Dans  un  sol  typique  canadien,  la  répartition  moyenne  de 
N  est  la  suivante  :  N-acides  aminés  :  30  %;  N-sucres  aminés  :  3  %;  N 
ammoniacal  :  23  %;  N  dans  les  purines  et  les  pyrimidines  :  2  %;  N  non 
identifié  :  42  %  (Schnitzer,  1985).   Si  l'on  suppose  que  la  moitié  du  NH3-N 
provient  de  structures  complexes  renfermant  du  N,  53  %  du  N  total  de  la 
matière  organique  du  sol  reste  indéterminé.   D'après  certaines  études 
réalisées  récemment,  une  part  du  N  indéterminé  est  présent  dans  les  anneaux 


-  40  - 

hétérocycliques  dans  la  matière  organique.   L'importance  de  l'azote  dans  les 
sols  est  de  toute  évidence  liée  au  fait  qu'il  s'agit  d'une  composante 
importante  des  prot  ines,  des  acides  nucl  igues,  des  porphyrines  et  des 
alcaloïdes.   Il  demeure  préoccupant  que  nous  ne  sachions  pas  sous  quelle 
forme  se  présente  environ  la  moitié  du  N  organique  qui  se  trouve  dans  de 
nombreux  sols  agricoles;  des  études  seraient  donc  nécessaires  afin  de 
déterminer  de  façon  précise  toutes  les  formes  de  N  dans  le  sol. 

2 .3  Alcanes  et  acides  gras 

La  matière  organique  du  sol  renferme  divers  groupes  de  lipides  qui 
vont  des  alcanes  simples  et  des  acides  gras  aux  stérols,  aux  terpènes,  à  la 
chlorophylle,  aux  matières  grasses,  aux  cires  et  aux  résines  (Stevenson, 
1982).   Comme  les  lipides  sont  hydrophobes,  ils  peuvent  altérer  les  propriétés 
physiques  du  sol.   Des  extraits  de  sols  obtenus  dans  des  conditions 
supercritiques  au  n-pentane  renferment  des  alcanes  cycliques  et  des  n-alcanes 
à  longue  chaîne  linéaire  (Schnitzer  et  al. f    1986).   Les  principales 
composantes  sont  cependant  des  acides  gras  hydroxy  et  dicarboxylique 
insaturés,  ramifiés  et  à  longue  chaîne  normale  d'origine  microbiologique.   Des 
spectres  de  [l^cjRMN  de  divers  types  de  matières  organiques  du  sol  révèlent 
la  présence  d'importantes  concentrations  de  structures  aliphatiques  qui 
pourraient  comporter  des  cires  complexes. 

2 .4  Substances  humiques 

Il  s'agit  de  matériaux  de  type  polyélectrolyte,  à  chimie  complexe, 
qui  sont  amorphes,  foncés,  partiellement  aromatiques  et  surtout  hydrophiles; 
ils  constituent  la  majeure  partie  de  la  matière  organique  en  poids. 

Les  substances  humiques  sont  généralement  classées  en  trois  fractions 
selon  leur  solubilité  dans  les  acides  et  les  bases  :  I)  l'acide  humique  (AH), 
qui  est  soluble  dans  les  bases  diluées,  mais  coagule  à  l'acidification  de 
l'extrait  alcalin;  II)  l'acide  fulvique  (AF),  la  fraction  qui  reste  en 
solution  lorsqu'on  acidifie  l'extrait  alcalin,  c'est-à-dire  la  fraction  qui 
est  soluble  à  la  fois  dans  les  bases  et  les  acides  dilués  et  III)  l'humine,  la 
fraction  humique  qui  ne  peut  être  extraite  du  sol  par  base  ou  acide  dilué 
(Schnitzer,  1978;  Stevenson,  1982).   Sur  le  plan  chimique  l'AH  renferme  plus 
de  C  et  de  N  mais  moins  de  groupes  C02H  et  moins  de  0  que  l'AF;  de  plus  il  a 
un  poids  moléculaire  plus  élevé  que  l'AF.   Il  y  a  relativement  peu  de 
différence  en  ce  qui  concerne  les  teneurs  en  H  et  en  S  ainsi  que  les 
concentrations  des  groupes  OCH3,  C  =  0  et  OH  phénolique.   D'après  les 
données  publiées  et  des  données  de  [13C]RMN  plus  récentes,  il  semblerait  que 
les  caractéristiques  analytiques  des  humines  soient  semblables  à  celles  des 
acides  humiques. 

Selon  d'importantes  études  chimiques  et  spectroscopiques,  50  à  60  % 
du  poids  des  matériaux  humiques  se  composeraient  de  structures  aromatiques 
auxquelles  se  substituent  de  nombreux  groupes  C02H  et  OH  (Schnitzer,  1978). 
Ces  structures  s'associent  grâce  à  des  liens  à  énergie  relativement  faible 
pour  former  un  réseau  dans  lequel  sont  absorbés  les  alcanes,  les  acides  gras, 
les  glucides  et  les  composants  azotés.   Les  particularités  de  la  structure 


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humique  sont  sa  flexibilité  moléculaire  et  sa  capacité  d'interaction,  grâce  à 
des  groupes  fonctionnels  renfermant  de  l'oxygène,  avec  d'autres  composantes 
organiques  et  inorganiques  des  sols.   Les  substances  humiques  sont  donc  de 
bons  agents  de  complexation  naturels  qui  possèdent  des  surfaces  de  réaction 
relativement  importantes.   Ils  sont  également  d'excellents  dispersants  et 
peuvent  servir  aussi  bien  d'oxydants  que  d'agents  de  réduction.   Les 
substances  humiques  sont  plus  résistantes  à  la  biodégradation  dans  le  sol  que 
ne  le  sont  les  biopolymères  (glucides  et  protéines).   La  stabilité  des 
substances  humiques  résulte  de  leur  arrangement  structural  compliqué,  qui 
semble  les  protéger  d'une  grande  hydrolyse  enzymatique,  de  la  formation  de 
complexes  avec  les  cations  polyvalents  et  du  fait  qu'ils  sont  absorbés  sur  les 
minéraux  argileux. 

2.5  Phosphore  et  soufre 

Le  P  et  le  S  sont  d'autres  éléments  nutritifs  des  plantes  que  l'on 
retrouve  dans  la  matière  organique  du  sol. 

Le  P  entre  en  jeu  dans  presque  toutes  les  voies  métaboliques 
importantes;  il  est  de  plus  une  composante  de  la  structure  des  acides 
nucléiques,  des  coenzymes,  des  phosphoprotéines  et  des  phospholipides  (Tate, 
1985).   Le  P  est  présent  dans  les  sols  sous  toute  une  variété  de  formes. 
L'anion  orthophosphate  interagit  avec  la  matière  organique  du  sol,  les 
carbonates  solides,  les  minéraux  argileux  et  les  hydroxydes  et  oxydes  d'Al  et 
de  Fe.   De  petites  quantités  de  P  condensé,  essentiellement  d'origine 
microbienne,  s'observent  sous  forme  de  pyrophosphates  et  de  polyphosphates 
supérieurs.   Entre  20  et  70  %  du  phosphate  total  des  horizons  superficiels  de 
la  plupart  des  sols  sont  sous  forme  organique,  notamment  des  esters  d'acide 
phosphorique  et  des  hexa-phosphates  et  penta-phosphates  d'inositol.   De  plus, 
des  phospholipides  et  des  nucléotides  sont  présents  dans  les  sols  en 
concentrations  faibles.  Mises  à  part  des  traces  de  glycophosphates,  de 
phosphoprotéines  et  de  glycérophosphates,  ainsi  que  de  faibles  quantités  de 
phosphonates,  la  nature  chimique  d'au  moins  30  %  du  P  organique  reste  inconnue 
(Tate,  1985).   Il  est  probable  que  les  formes  non  déterminées  de  P  organique 
se  présentent  dans  des  complexes  insolubles  avec  des  minéraux  argileux,  des 
oxydes  hydratés  et  de  la  matière  organique  du  sol. 

Il  semble  que  le  P  organique  doit  être  minéralisé  pour  être 
disponible  pour  les  plantes.   Certaines  formes  de  P  organique  récemment 
établies  par  [31p]RMN  comprennent  des  diesters  d* orthophosphate  mais  pas 
d'esters  d' orthophosphate.   La  minéralisation  du  P  organique  en  P  inorganique 
est  effectuée  par  des  microorganismes  et  des  enzymes.   Les  activités  de 
phosphatase  sont  généralement  nombreuses  dans  la  rhizosphère  parce  que  les 
populations  microbiennes  y  sont  plus  élevées  et  que  des  phosphatases  végétales 
y  sont  présentes.   Les  plantes  utilisent  également  d'autres  moyens  : 
ramification  des  racines,  poils  radiculaires  et  rapports  symbiotiques  avec  des 
mycorhizes,  pour  extraire  le  P  du  sol.   D'après  des  estimations  récentes  des 
taux  annuels  moyens  de  minéralisation  du  P  organique  dans  trois  sols  arables 
anglais,  environ  un  tiers  de  l'absorption  moyenne  de  P  par  les  cultures 
pourrait  provenir  de  la  matière  organique  du  sol  par  minéralisation  (Chater  et 
Mattingly,  1979).   D'après  des  estimations  antérieures,  la  matière  organique 


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dans  les  sols  arables  anglais  pouvait  fournir  6  kg  P  ha"1  et  du  P  organique 
minéralisé  pouvait  fournir  15  kg  P  ha-1  pour  des  sols  de  prairies  (Gasser, 
1962).   La  minéralisation  et  l'immobilisation  du  P  dans  les  sols  sont  des 
processus  biologiques  importants  qui  en  contrôlent  la  disponibilité  pour  les 
plantes. 

La  teneur  en  S  des  sols  varie  de  0,002  à  3,5  %  (Scott,  1985).  Les 
plantes  ont  besoin  de  cet  élément  pour  produire  les  protéines,  les  vitamines, 
la  chlorophylle,  l'huile  glycocydique  et  des  liens  sulfure  structurellement  et 
physio logiquement  importants  comme  les  parois  cellulaires  et  les  groupements 
sulfhydryles.   Pour  obtenir  un  rendement  maximum  de  luzerne  il  faut  une  part 
de  S  pour  chaque  11  à  12  parts  de  N  (Biederbeck,  1978).  Les  plantes  tirent 
essentiellement  le  S  des  feuilles  sous  forme  de  sulfate  dissous  et,  dans  une 
moindre  mesure,  de  l'atmosphère  par  absorption  foliaire  de  SO2.   Le  cycle  du 
S  ressemble  à  celui  du  N  en  ce  qu'il  possède  une  importante  composante 
atmosphérique  et  parce  qu'il  est  associé  à  la  matière  organique  du  sol;  il  est 
cependant  différent  en  ce  qu'il  est  surtout  disponible  par  la  plante  par 
altération  des  minéraux  (Biederbeck,  1978).   Plus  de  90  %  du  S  total  dans  la 
plupart  des  sols  non  calcaires  sont  présents  sous  forme  organique,  dont  : 

a)  Le  S  organique,  réduit  en  H2S  par  un  traitement  à  l'acide 
iodhydrique.  Sont  compris  les  esters  de  sulfate  et  les  éthers  sous  forme  de 
sulfate  phénolique,  de  polysaccharides  sulfatés,  de  sulfates  de  choline  et  de 
lipides  sulfatés;  on  considère  que  c'est  la  forme  la  plus  labile  du  S 
organique. 

b)  Le  S  organique,  réduit  en  sulfure  inorganique  par  nickel  Raney. 
Cette  fraction  semble  se  composer  essentiellement  d'acides  aminés  contenant 
des  S,  comme  la  cystéine  et  la  méthionine. 

c)  Le  S  organique,  non  réduit  par  acide  iodhydrique  ou  nickel  Raney. 
Il  se  présenterait  sous  forme  de  composés  à  liens  C-S  très  résistants. 

Les  principales  formes  sulfatées  dans  les  sols  calcaires  sont  les 
sulfates  de  Mg,  de  Ca  et  de  Na  hydrosolubles.  Les  principaux  facteurs  qui 
modifient  l'adsorption  des  sulfates  dans  les  sols  sont  le  pH,  la  teneur  en 
oxyde  de  Fe  et  d'Al  et  la  concentration  de  sulfates.  On  retrouve  souvent  les 
sulfates  sous  forme  d'impuretés  coprécipitées  et  cocristallisées  du  CaCÛ3, 
qui  sont  insolubles.  Seuls  les  sulfates  hydrosolubles  et  adsorbés  semblent 
disponibles  pour  les  cultures. 

Dans  les  sols,  les  transformations  du  S  résultent  essentiellement 
d'activités  microbiennes,  bien  qu'une  oxydation  chimique  soit  également 
possible.  Les  principaux  processus  microbiens  sont  (Scott,  1985)  : 

a)  La  minéralisation  :  dégradation  des  grosses  molécules  organiques 
renfermant  du  S  en  molécules  plus  petites,  puis  en  sulfate  inorganique. 

b)  L'immobilisation  :  conversion  des  molécules  inorganiques  simples 
renfermant  du  S  en  composés  organiques  renfermant  du  S. 


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c)  L'oxydation  :  conversion  des  composés  inorganiques  de  S  peu  oxydés 
en  sulfates. 

d)  La  réduction  :  réduction  du  sulfate  et  des  composés  intermédiaires 
en  sulfure. 

À  cause  de  l'utilisation  des  combustibles  fossiles,  des  quantités  de 
plus  en  plus  importantes  de  S  sont  ajoutées  à  l'atmosphère,  dont  la  majeure 
partie  sous  forme  de  SO2.  Environ  la  moitié  du  SO2  est  oxydée  et  retombe 
avec  les  précipitations  sous  forme  de  H2SO4,  alors  que  l'autre  moitié 
retombe  en  poussière  sur  la  végétation,  le  sol  ou  l'eau,  soit  par  adsorption 
directe  du  gaz,  soit  sous  forme  de  matières  particulaires.  Le  SO2  est 
ensuite  oxydé.   Le  S  atmosphérique  peut  avoir  des  effets  néfastes  sur 
l'environnement  parce  que  sa  teneur  est  très  élevée  par  endroits.   Des  effets 
toxiques  directs  de  grandes  concentrations  de  SO2  sur  la  végétation  et  des 
effets  indirects  des  pluies  acides  sur  le  biote  aquatique  et  terrestre  ont  été 
signalés.   Bien  que  les  oxydes  azotés  contribuent  jusqu'à  30  %  de  l'acidité 
des  précipitations,  c'est  l'apport  en  S  qui  préoccupe  le  plus.   Le  S  et  le  N 
peuvent  être  bénéfiques  pour  les  sols,  et  si  ce  n'était  pas  de  l'apport 
atmosphérique,  des  quantités  considérables  de  S  et  de  N  supplémentaires 
auraient  besoin  d'être  ajoutées  au  sol  pour  obtenir  une  croissance  optimale 
des  cultures  (Scott,  1985). 

3.   Effets  de  la  matière  organique  sur  la  qualité  du  sol 

La  matière  organique  du  sol  exerce  trois  effets  principaux  sur  la  qualité 
du  sol  : 

a)  des  effets  physiques  relativement  à  l'agrégation  du  sol,  l'érosion,  le 
drainage,  l'état  physique,  l'aération,  la  capacité  de  rétention  d'eau,  la 
densité  apparente,  l'évaporation,  la  perméabilité,  les  propriétés  mécaniques, 
etc. 

b)  des  effets  chimiques  liés  à  la  capacité  d'échange,  la  complexation  des 
métaux,  la  capacité  tampon,  l'approvisionnement  en  N,  P,  S  et  oligoéléments, 
et  leur  disponibilité,  1' adsorption  de  pesticides  et  autres  produits  chimiques 
agricoles,  etc. 

c)  des  effets  biologiques  sur  les  activités  des  bactéries,  des 
champignons,  des  actinomycètes,  des  vers  de  terre,  des  racines,  des  poils 
radiculaires,  de  la  biomasse,  etc. 

Chacun  de  ces  effets  sera  traité  plus  en  détail  dans  les  pages  qui 
suivent. 

3.1  Effets  physiques 

La  culture  intensive  a  tendance  à  réduire  la  teneur  en  matière 
organique  du  sol,  ce  qui  a  un  effet  néfaste  sur  les  caractéristiques 
structurales  du  sol,  notamment  la  taille  des  pores  et  des  agrégats,  la 


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stabilité  des  agrégats  et  une  plus  grande  vulnérabilité  à  la  compaction  et 
enfin,  la  consolidation  par  humectation  et  séchage.   La  détérioration  des 
caractéristiques  structurales  conduit  à  une  diminution  de  la  productivité 
parce  qu'elle  limite  la  croissance  des  racines,  l'aération  du  sol  et  le 
drainage.  La  structure  idéale  du  sol  serait  un  assemblage  poreux,  friable  et 
peu  compact  d'agrégats  qui  permettrait  la  libre  circulation  de  l'air  et  de 
l'eau  et  faciliterait  la  culture,  la  plantation  et  la  libre  germination  et  la 
croissance  des  racines. 

On  peut  définir  la  structure  du  sol  comme  étant  la  taille  et 
l'arrangement  des  particules  et  des  pores  dans  les  sols  (Oades,  1984).  Un  sol 
convient  bien  pour  la  croissance  des  plantes  lorsque  sa  structure  est  telle 
que  les  pores  peuvent  emmagasiner  de  l'eau  pour  les  plantes,  faire  circuler 
l'air  et  l'eau  et  laisser  pousser  les  racines.   Idéalement,  la  majeure  partie 
de  la  fraction  argileuse  d'un  sol  cultivé  devrait  se  présenter  sous  forme  de 
microagrégats  floculés  (<250  mu)  liés  entre  eux  et  à  d'autres  particules 
pour  former  des  macroagrégats  (>250  mu) .  Le  diamètre  de  la  plupart  des 
macroagrégats  devrait  varier  de  1  à  10  mm  (Oades,  1984).   La  dégradation  des 
macroagrégats  à  1 'humectation,  à  cause  de  la  présence  d'air  emprisonné  et  du 
gonflement  inégal  est  dite  désagrégation.   La  désagrégation  entraîne  une 
diminution  de  l'infiltration  des  pluies  ou  de  l'eau  d'irrigation  et  de  la 
conductivité  hydraulique  et  a  un  effet  sur  la  stabilité  des  microagrégats. 

L'agrégation  comporte  le  resserrement  de  particules  du  sol  et  la 
cimentation  de  ces  particules  par  des  agents  liants  en  unités  indépendantes. 
Les  agents  de  liaison  peuvent  être  organiques  ou  inorganiques. 

3.1.1  Agents  de  liaison  inorganiques 

L'argile  peut  lier  les  particules  en  agrégats,  mais  ceux-ci  perdront 
probablement  leur  forme  à  1 'humectation.  Les  oxydes  hydratés  de  fer  et 
d'aluminium  cimentent  les  particules  en  agrégats  stables  dans  l'eau  dont  les 
diamètres  sont  supérieurs  à  100  um,  surtout  dans  les  sols  qui  renferment 
plus  de  10  %  de  sesquioxydes.   Des  aluminosilicates  très  désordonnés  et  des 
carbonates  de  calcium  agissent  aussi  comme  liants.   L'efficacité  du  carbonate 
de  calcium  pourrait  être  due,  en  partie,  à  la  présence  de  concentrations 
relativement  élevées  de  Ca  dans  la  solution  du  sol  qui  limitent  la  dispersion 
et  le  gonflement. 

3.1.2  Agents  de  liaison  organiques 

Dans  les  couches  superficielles  de  nombreux  sols  agricoles,  la 
matière  organique  du  sol  semble  jouer  un  rôle  important  dans  la  cimentation 
des  agrégats.   Tisdall  et  Oades  (1982)  classent  les  liants  organiques  selon 
qu'ils  sont  transitoires,  temporaires  ou  persistants. 

Les  agents  de  liaison  transitoires,  décomposés  rapidement  par  des 
microorganismes,  comportent  les  polysaccharides  microbiens  produits  par 
l'ajout  de  divers  matériaux  organiques  au  sol,  ainsi  que  les  polysaccharides 
associés  aux  racines  et  à  la  biomasse  microbienne  dans  la  rhizosphère.  Les 
polysaccharides  se  forment  et  se  décomposent  rapidement;  ils  sont  liés  à  de 


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gros  agrégats  (>250  um  de  diamètre)  stables  passagèrement.   Les 
polysaccharides  peuvent  être  protégés  de  l'oxydation  microbienne  par 
association  avec  des  ions  métalliques,  des  tannins,  des  matériaux  humiques  ou 
par  sorption  sur  des  surfaces  argileuses;  ils  persistent  alors  durant 
plusieurs  années.   Le  rôle  important  de  liaison  que  jouent  les  polysaccharides 
dans  l'agrégation  dans  les  sols  a  été  souligné  à  de  nombreuses  reprises 
(Cheshire,  1979;  Tisdall  et  Oades,  1982;  Oades,  1984;  Stevenson,  1982).   De 
nombreux  microorganismes  produisent  des  mucilages  ou  gommes  exocellulaires  qui 
sont  surtout  des  polysaccharides.   Il  est  clair  que  dans  certains  sols, 
d'autres  liants  organiques  ou  même  des  ciments  inorganiques  sont  actifs 
(Tisdall  et  Oades,  1982).   Cela  est  particulièrement  vrai  dans  le  cas  des 
agrégats  dont  le  diamètre  est  supérieur  à  50  um.   Ajoutons  que  les 
polysaccharides  jouent  un  rôle  de  liaison  moins  important  dans  les  sols  riches 
en  matière  organique. 

Les  racines  et  les  hyphes,  notamment  les  hyphes  micorhiziens 
vésiculeux  et  arborescents  sont  des  liants  temporaires  (Tisdall  et  Oades, 
1982).   Ces  agents  de  liaison  s'accumulent  dans  le  sol  en  quelques  semaines  ou 
quelques  mois  à  mesure  que  le  système  racinaire  et  les  hyphes  qui  leur  sont 
associés  croissent  puis  persistent  durant  des  mois  et  même  des  années.   Les 
pratiques  culturales  du  sol  ont  un  effet  sur  ces  liants.   Non  seulement  les 
racines  approvisionnent  le  sol  en  résidus  organiques  décomposables  et  font 
vivre  une  importante  population  microbienne  dans  la  rhyzosphère,  mais  elles 
servent  également  d'agents  de  liaison.   Les  racines,  même  une  fois  mortes, 
emprisonnent  les  particules  fines  en  macroagrégats  stables.   Les  résidus 
provenant  des  racines  se  présentent  sous  forme  de  racines  secondaires  fines, 
de  poils  radiculaires,  de  cellules  desquamées  de  la  coiffe,  de  cellules 
mortes,  de  mucilages,  de  lysats  et  de  matériaux  volatils  et  hydrosolubles.   La 
présence  de  plantes  peut  également  faire  augmenter  de  façon  indirecte  la 
résistance  à  l'eau  des  agrégats  parce  qu'elles  nourrissent  les  animaux 
terricoles  (vers  de  terre  et  mésofaune),  leur  permettant  de  former  de  larges 
populations.   Les  vers  de  terre  peuvent  stabiliser  la  structure  du  sol  en 
l'ingérant  et  en  le  mélangeant  intimement  à  des  matériaux  organiques  humifiés 
dans  son  tube  digestif.   Les  hyphes  fongiques  stabilisent  également  les 
macroagrégats.   Dans  les  sols  désertiques,  des  filaments  d'algues  bleues,  des 
lichens  et  des  hyphes  fongiques  peuvent  stabiliser  les  sols  contre  l'érosion. 

Les  agents  de  liaison  persistants  sont  des  matériaux  humiques, 
partiellement  aromatiques,  dégradés,  associés  à  des  aluminosilicates,  de 
l'aluminium  et  du  fer  amorphes.   Les  agents  de  liaison  persistants  comprennent 
probablement  des  complexes  d'argile  -  métaux  polyvalents  -  matière  organique, 
A-M-MO  et  (A-M-M0)x  (Edwards  et  Bremner,  1964),  dont  le  diamètre  est 
inférieur  à  250  um  (Tisdall  et  Oades,  1982).   Ces  liants  proviennent 
probablement  de  fragments  résistants  de  racines,  d 'hyphes,  de  cellules  et  de 
colonies  bactériennes  (c'est-à-dire  d'agents  de  liaison  temporaires)  qui  se 
sont  formés  dans  la  rhyzosphère.   La  matière  organique  du  sol  serait  le  centre 
de  l'agrégat  et  les  particules  d'argile  fine  y  seraient  adsorbées,  plutôt  que 
l'inverse  (Tisdall  et  Oades,  1982).   Parmi  les  autres  liants  persistants,  on 
retrouve  les  polysaccharides  et  les  matériaux  organiques  stabilisés  par 
association  à  des  métaux,  des  oxydes  hydratés  et  des  minéraux  argileux. 


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3.1.3  Organisation  des  agrégats 

La  formation  d'agrégats  stables  à  l'action  de  l'eau  passe  par  la 
floculation  des  particules  argileuses  en  domaines.   La  matière  organique  du 
sol  relie  les  domaines  en  microagrégats  (Oades,  1984). 

D'après  Edwards  et  Bremner  (1967),  les  macroagrégats  (diamètre 
>  250  um)  se  composeraient  de  complexes  d'argile-métaux 

polyvalents-matière  organique  (A-M-MO)  où  l'argile  est  liée,  par  des  métaux 
polyvalents,  à  la  matière  organique  humifiée.   Des  particules  d'A-M-MO  et 
d'(A-M-M0)x  forment  des  microagrégats  [(A-M-M0)x]y  dont  le  diamètre  est 
inférieur  à  250  um.   Des  liaisons  A-M-A  et  MO-M-MO  et  même  des  liaisons 
d'oxyde  d'aluminium  et  de  fer  ou  de  liens  hydrogènes  peuvent  également  se 
présenter.   Tisdall  et  Oades  (1982)  ont  proposé  un  modèle  d'organisation  des 
agrégats  selon  quatre  stades  :  <0,2  um  ■•  0,2-2  um  ■*  2-20  um  - 
20-250  um  -  >2  000  um. 

Les  particules  résistantes  à  l'action  de  l'eau  et  dont  le  diamètre 
est  inférieur  à  0,2  um  se  présentent  souvent  sous  forme  de  flocs  où  les 
plaquettes  individuelles  d'argile  sont  agglutinées  et  forment  une  masse 
floconneuse.   Certaines  particules  sont  des  agrégats  de  matériaux  très  fins 
cimentés  par  de  la  matière  organique  et  des  oxydes  de  fer.  La  matière 
organique  est  adsorbée  fermement  à  la  surface  des  argiles.  Les  agrégats  sont 
formés  d'unités  structurales  de  diverses  tailles,  cimentées  par  des  agents  de 
liaison. 

Les  agrégats  résistants  à  l'action  de  l'eau  dont  le  diamètre  est 
compris  entre  2  et  20  um  se  composent  de  particules,  de  diamètre  inférieur  à 
2  um,  étroitement  liées  par  de  la  matière  organique.  La  micrographie 
électronique  de  sols  ou  de  minces  couches  de  sols  permet  de  voir  des  bactéries 
ou  des  colonies  entourées  d'une  capsule  composée  de  glucides  et  de  substances 
graisseuses  et  azotées  à  laquelle  est  fermement  fixée  de  l'argile  fine.   Ces 
agrégats  sont  formés  de  cellules  bactériennes  vivantes  et  de  particules 
argileuses,  ce  qui  explique  pourquoi  une  large  part  de  la  biomasse  microbienne 
est  présente  dans  la  fraction  limoneuse.   Puisque  environ  seulement  2  %  de  la 
matière  organique  compose  la  biomasse  (Jenkinson  et  Rayner,  1977),  les 
agrégats  de  la  taille  des  limons  renfermant  des  bactéries  vivantes  doivent 
être  «jeunes».  Après  la  mort  et  la  décomposition  des  bactéries,  des 
composantes  fibreuses  caractéristiques  de  la  capsule  bactérienne  restent  en 
place  et  lient  les  particules  argileuses.  Des  fragments  d'hyphes  fongiques 
peuvent  également  entraîner  la  formation  de  petits  agrégats  stabilisés  par  des 
débris  fongiques. 

Les  agrégats  dont  le  diamètre  est  compris  entre  20  et  250  um  se 
composent  largement  de  particules  de  2  à  20  um  de  diamètre  liées  par  divers 
ciments,  y  compris  des  matériaux  organiques  persistants,  des  oxydes 
cristallins  et  des  aluminosilicates  très  désordonnés. 

Les  agrégats  dont  la  taille  est  supérieure  à  2  000  um  sont  cimentés 
par  de  fins  réseaux  de  racines  et  d'hyphes;  leur  stabilité  est  contrôlée  par 
les  pratiques  agricoles.   Les  agents  de  liaison  inorganiques  jouent  un  rôle 
moins  important. 


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Contrairement  à  ce  qui  se  produit  pour  les  macroagrégats,  la 
formation  des  microagrégats  n'est  pas  touchée  par  les  variations  de  la  matière 
organique  résultant  de  diverses  pratiques  agricoles;  en  effet,  la  formation  de 
macroagrégats,  qui  dépend  en  grande  partie  des  racines  et  des  hyphes,  est 
contrôlée  par  les  pratiques  cultures.   Le  nombre  de  macroagrégats  stables 
diminue  à  mesure  que  baisse  la  teneur  en  matière  organique  du  sol  ou  que  se 
décomposent  sans  être  remplacés  les  racines  et  les  hyphes. 

3.1.4  Effet  de  la  matière  organique  du  sol  sur  les  propriétés  mécaniques 

D'après  De  Kimpe  et  al. ,  (1982)  la  présence  de  matière  organique  du 
sol  en  réduit  la  compaction  et  l'aff aisément,  phénomènes  qui  sont  liés  à  la 
capacité  relativement  élevée  de  rétention  d'eau  de  la  matière  organique.   En 
effet,  d'après  leur  étude  de  21  sols  arables  cultivés  au  Québec,  la  majeure 
partie  de  la  rétention  d'eau  à  la  capacité  au  champ  se  faisait  grâce  à  la 
matière  organique  plutôt  qu'à  la  teneur  en  argile.   De  plus,  les  corrélations 
entre  certains  paramètres  liés  à  l'eau  (teneur  en  eau  optimale,  limites  de 
liquidité  et  de  plasticité)  étaient  toujours  meilleures  avec  la  matière 
organique  qu'avec  la  teneur  en  argile  pour  ces  sols.   De  Kimpe  et  al  ont 
conclu  que  les  deux  variables  qui  ont  un  effet  sur  la  densité  apparente 
optimale,  c'est-à-dire  capacité  maximale  de  déformation  par  compaction  et 
résistance  maximale  à  la  déformation  par  affaissement  des  sols,  sont 
contrôlées  par  la  matière  organique  du  sol.   Toute  recommandation  visant  à 
optimiser  la  praticabilité  d'un  sol  et  ses  propriétés  culturales  doit  tenir 
compte  de  la  teneur  en  matière  organique  du  sol. 

3.1.5  Adsorption  de  l'eau  par  la  matière  organique  du  sol 

Les  substances  humiques,  principales  composantes  de  la  matière 
organique  du  sol,  peuvent  adsorber  de  grandes  quantités  d'R^O  (Schnitzer, 
1986).   Pour  une  humidité  relative  (HR)  de  90  %,  1,0  g  d'AH  adsorbe  225  mg 
d'H20,  et  1,0  g  d'AF  adsorbe  508  mg  d'I^O.   L'adsorption  se  fait  en  trois 
étapes  :  a)  adsorption  d'une  seule  couche  d'eau  jusqu'à  ce  que  l'HR  atteigne 
35  %;  b)  adsorption  d'une  autre  couche  d'eau  jusqu'à  ce  que  l'HR  atteigne 
entre  35  et  60  %  et  c)  adsorption  de  deux  autres  couches  d'^O  par  l'AH  et 
de  six  autres  couches  d'^O  par  l'AF,  les  couches  d'H^O  étant  liées  par  de 
l'hydrogène  (pour  une  HR  >  60  %).   L'adsorption  de  l'^O  sur  les  matériaux 
humiques  est  un  mécanisme  coopératif,  c'est-à-dire  que  plus  le  nombre  de 
molécules  d'^O  absorbées  est  élevé,  plus  il  est  facile  pour  d'autres 
molécules  d'être  adsorbées.   La  présence  dans  les  matériaux  humiques  d'un 
grand  nombre  de  groupes  fonctionnels  renfermant  de  l'oxygène,  surtout  les 
groupes  CO2H,  aide  à  l'adsorption  de  l'^O  parce  qu'il  y  a  beaucoup 
d'oxygène  et  d'hydrogène  permettant  de  former  des  liaisons  hydrogènes  avec 
l'H20.   La  capacité  de  rétention  élevée  de  l'eau  est  considérée  par  de 
nombreux  chercheurs  (Johnston,  1982)  comme  étant  l'une  des  plus  importantes 
caractéristiques  de  la  matière  organique.  Ainsi,  de  la  matière  organique  bien 
humifiée  peut  retenir  jusqu'à  quatre  fois  son  poids  en  eau  (Vaughan  et 
Malcolm,  1985). 


-  48  - 

3.2  Effets  chimiques 

3.2.1  Perte  de  carbone  et  d'azote  résultant  de  la  culture  du  sol 

La  culture  intensive  du  sol  provoque  une  réduction  de  la  teneur 
initiale  en  matière  organique  qui  tend  vers  un  équilibre;  cet  équilibre  varie 
selon  la  quantité  de  matière  organique  ajoutée,  le  climat,  l'activité 
anthropique  et  l'environnement  du  sol  (Jenny,  1941).   En  Amérique  du  Nord,  la 
teneur  en  matière  organique  du  sol  n'a  pas  encore  atteint  son  équilibre.   Dans 
l'ouest  du  Canada,  après  60  à  80  ans  de  culture  du  sol,  la  concentration  de 
carbone  organique  dans  l'horizon  Ap  des  sols  chernozémiques  a  diminué  de  50  à 
60  %  et  celle  d'azote  organique,  de  40  à  50  %  (Campbell  et  al.,  1976).  La 
mise  en  culture  des  Prairies  vierges  a  provoqué  une  décomposition  rapide  de  la 
matière  organique  du  sol  et  une  diminution  du  taux  d'addition  de  substances 
organiques  de  sorte  que  la  concentration  d'équilibre  de  la  matière  organique  a 
diminué  pour  atteindre  celle  que  pouvait  supporter  le  nouvel  écosystème.   Les 
systèmes  et  pratiques  agricoles  en  usage  dans  les  Prairies  canadiennes  ont 
donné  lieu  à  une  diminution  prononcée  de  la  matière  organique  du  sol  pour  les 
deux  raisons  suivantes  :  les  apports  au  système  ont  diminué  par  rapport  à  la 
situation  qui  prévalait  avant  la  culture  du  sol  et  le  travail  intensif  du  sol 
a  accéléré  l'érosion  (PFRA,  1983).   Les  auteurs  du  rapport  PFRA  (1983) 
soulignent  que  les  jachères  ont  eu  un  effet  particulièrement  néfaste  sur  la 
teneur  en  matière  organique  du  sol.   Dans  ce  rapport,  on  considère  la  jachère 
comme  une  forme  extrême  de  travail  intensif  du  sol  qui  diminue  la  quantité  de 
résidus  végétaux  pouvant  retourner  dans  le  sol,  accélère  la  perte  de  la  couche 
arable  par  les  vents  et  l'érosion  qui  à  leur  tour  causent  la  décomposition  de 
la  matière  organique  et  la  perte  de  précieux  éléments  nutritifs  d'origine 
végétale,  augmente  le  lessivage  et  la  dénitrification,  provoque  la  perte 
d'azote  minéral  libéré  par  la  matière  organique  du  sol  et  accélère  la  perte  de 
matière  organique.   Campbell  et  Paul  (1978)  ont  montré  que  la  minéralisation 
annuelle  de  l'azote  est  de  104  kg  de  N  l'hectare  dans  un  sol  en  jachère  alors 
qu'elle  est  de  52  kg  de  N  l'hectare  dans  un  chernozème  brun  en  culture.   Dans 
le  même  ordre  d'idées,  Dormaar  (1979)  signale  que  les  systèmes  de  culture  dans 
lesquels  on  alterne  la  culture  du  blé  et  la  jachère  font  perdre  jusqu'à  60  % 
du  carbone  organique  des  horizons  Ah  de  certains  sols  des  Prairies  et  il  fait 
observer  qu'une  augmentation  de  la  fréquence  des  jachères  dans  les  cultures  en 
rotation  se  traduit  généralement  par  une  diminution  plus  rapide  de  la  matière 
organique  du  sol.   Ridley  et  Hedlin  (1968)  avaient  déjà  observé  le  même 
phénomène  en  1968.   En  effet,  après  37  ans,  la  matière  organique  comptait  pour 
3,7  %  du  sol  où  on  alternait  la  culture  du  blé  et  la  jachère,  4,9  %  du  sol 
dans  le  cas  d'une  séquence  blé-blé-jachère,  4,7  %  du  sol  dans  le  cas  d'une 
séquence  .blé-blé-blé-jachère  et  7,2  %  du  sol  dans  le  cas  d'une  culture 
continuelle  de  blé  dans  l'horizon  Ap  d'un  chernozème  noir.   Des  observations 
similaires  ont  été  enregistrées  également  dans  l'est  du  Canada.   Par  exemple, 
Martel  et  Deschenes  (1976)  font  observer  que  comparativement  aux  sols  des 
prairies  enherbées,  des  sols  adjacents  au  Québec  cultivés  depuis  30  ans  ont 
perdu  jusqu'à  54  %  du  carbone  organique  et  51  %  de  l'azote  total,  alors  que 
les  agrégats  résistants  à  l'action  de  l'eau  ont  diminué  de  50  à  84  %.   Dans  le 
but  de  stopper  ces  pertes  excessives  de  matière  organique,  les  auteurs  du  PFRA 
(1983)  recommandent  :  1)  la  réduction  des  jachères;  2)  les  cultures  prolongées 


-  49  - 

ou  continues;  3)  la  réduction  du  travail  du  sol  ou  l'adoption  de  systèmes  sans 
travail  du  sol  et  4)  l'inclusion  de  graminées  et  de  légumineuses  dans  la 
séquence  de  culture. 

Il  ressort  clairement  dans  la  documentation  que  les  pratiques 
agricoles  actuelles  sont  responsables  d'une  perte  importante  de  la  matière 
organique  dans  les  sols  au  Canada.   Cette  perte  continuelle  de  matière 
organique  a  de  graves  conséquences  sur  la  qualité  du  sol.   Lorsque  sa 
concentration  en  matière  organique  diminue  au-dessous  d'une  certaine  valeur 
minimale,  le  sol  ne  peut  pas  remplir  les  nombreuses  fonctions  signalées  dans 
le  présent  rapport.   Les  répercussions  sur  la  production  agricole  sont  assez 
évidentes  :  détérioration  des  propriétés  chimiques  et  physiques,  diminution 
des  réserves  nutritives  et  augmentation  des  coûts  de  production  agricole. 

3.2.2  La  matière  organique  du  sol  et  la  capacité  d'échange  cationique 

La  matière  organique  dans  la  plupart  des  sols  minéraux  compte  pour  30 
à  65  %  de  la  capacité  d'échange  cationique  du  sol  (Campbell,  1978).   Plus  la 
matière  organique  est  humifiée,  plus  sa  capacité  d'échange  cationique  est 
élevée.   La  capacité  d'échange  cationique  de  la  matière  organique  du  sol  est 
beaucoup  plus  élevée  que  celle  des  minéraux  argileux.  Martel  et  Lavadière 
(1976)  ont  déterminé  la  capacité  d'échange  cationique  des  horizons  Ap  des  sols 
podzoliques  et  gleysoliques  au  Québec.   La  capacité  d'échange  cationique  de  la 
matière  organique  était  de  161  ±  45  meq/100  g  dans  ces  échantillons  et  de  29,6 
+  6  meq/100  g  dans  le  cas  de  constituants  argileux.   Des  résultats  similaires 
ont  été  obtenus  pour  l'horizon  Ap  des  sols  chernozémiques  en  Saskatchewan, 
soit  214-223  meq/100  g  pour  la  matière  organique  et  56-57  meq/100  g  pour 
l'argile  (St.  Arnaud  et  Sephton,  1972). 

3.2.3  Pouvoir  tampon  de  la  matière  organique  du  sol 

La  majeure  partie  du  pouvoir  tampon  du  sol  provient  de  ses 
constituants  colloïdaux,  c'est-à-dire  la  matière  organique  et  les  minéraux 
argileux.   La  résistance  au  changement  de  pH,  faible  dans  les  sols  sablonneux, 
est  élevée  dans  les  sols  organiques  et  à  texture  fine.   Sans  ce  pouvoir  tampon 
du  sol,  le  pH  augmenterait  beaucoup  et  la  pression  osmotique  varierait  de 
façon  importante  sans  compter  que  les  cultures  de  même  que  les  organismes 
pourraient  subir  des  dommages  car  l'activité  biologique  du  sol  produit 
constamment  des  acides  et  des  bases.  En  outre,  l'addition  d'engrais,  de 
pesticides  et  d'autres  amendements  du  sol  produit  des  effets  semblables. 

3.2.4  Pouvoir  de  la  matière  organique  du  sol  de  former  des  complexes 
avec  les  métaux 

La  formation  de  complexes  avec  des  ligands  organiques  solubles 
augmente  de  façon  importante  la  stabilité  des  éléments  de  transition  en 
solution.   En  l'absence  de  tels  ligands  naturels,  ces  éléments  seraient 
transformés  en  des  formes  insolubles  par  hydrolyse  ou  seraient  adsorbés  sur 
des  surfaces  minérales  ou  organiques  dans  le  sol.   Les  éléments  Fe,  Mn,  Co,  Cu 
et  Zn  subissent  l'hydrolyse  dans  les  conditions  qui  régnent  dans  les  sols 
(Linehan,  1985).   L'hydrolyse  du  Fe  et  du  Cu  en  des  formes  insolubles,  que  les 


-  50  - 

plantes  ne  peuvent  pas  assimiler,  est  susceptible  de  se  produire  dans  la 
plupart  des  sols.  L'hydrolyse  du  Mn,  du  Co  et  du  Zn  en  des  formes  insolubles 
et  non  assimilables  n'est  importante  que  dans  les  sols  neutres  ou  alcalins. 
Les  substances  hydrolysées  sont  également  importantes  car  elles  peuvent 
s'adsorber  sur  les  surfaces  solides.  Le  ligand  le  plus  efficace  dans  le  sol 
est  l'AF  qui  peut  former  à  la  fois  des  complexes  métalliques  solubles  et 
insolubles  dans  l'eau,  selon  le  pH,  le  ratio  métal :AF  et  la  force  ionique 
(Schnitzer,  1978).  La  teneur  d'un  sol  en  matière  organique  totale  est 
importante  pour  les  oligoéléments  car  elle  détermine  la  dimension  du  réservoir 
d* oligoéléments  liés  et  immobilisés.  À  mesure  que  la  matière  organique  est 
minéralisée,  les  oligoéléments  sont  libérés  sous  des  formes  que  les  plantes 
peuvent  assimiler.  Par  ailleurs,  une  teneur  très  élevée  en  matière  organique 
peut  causer  des  problèmes  car  le  taux  de  libération  des  métaux  peut  être  trop 
lent  pour  donner  une  agriculture  productive.   Il  serait  très  important  dans  ce 
contexte  d'avoir  une  concentration  relativement  élevée  d'AF  en  solution  dans 
le  sol  pour  maintenir  une  quantité  suffisante  de  métaux,  y  compris  les 
oligoéléments,  sous  des  formes  assimilables  par  les  plantes.  On  peut  y 
parvenir  en  ajoutant  périodiquement  au  sol  de  la  matière  organique  fraîche  ou 
compostée. 

3.2.5  Interactions  entre  la  matière  organique  et  les  pesticides 

La  persistance,  la  dégradation,  la  biodisponibilité,  la  lessivabilité 
et  la  volatilité  des  pesticides  sont  des  propriétés  directement  reliées  à  la 
nature  et  à  la  concentration  de  la  matière  organique  dans  un  sol  en 
particulier  (Khan,  1978).   Les  pesticides  peuvent  s'adsorber  sur  la  matière 
organique  et  être  retenus  par  des  forces  de  van  der  Waal,  des  liens 
hydrophobes,  des  ponts  hydrogène,  des  transferts  de  charge,  des  échanges 
d'ions  et  des  échanges  de  ligands.  La  dose  à  laquelle  un  pesticide  adsorbable 
doit  être  appliqué  sur  un  sol  peut  varier  d'un  facteur  de  20,  selon  la  nature 
du  sol  et,  dans  une  large  mesure,  selon  la  matière  organique  qu'il  renferme 
(Stevenson,  1982).  La  matière  organique  peut  favoriser  la  dégradation  non 
biologique  des  pesticides  et  peut  également  se  lier  fortement  à  des  résidus 
issus  d'une  dégradation  chimique  et  microbienne  partielle  des  pesticides.   Ces 
processus  peuvent  jouer  un  rôle  important  dans  la  détoxication  et  la 
protection  de  l'environnement.  Les  sols  accumulent  continuellement  des 
quantités  croissantes  de  résidus  de  pesticides  qui  peuvent  se  retrouver  dans 
l'organisme  des  invertébrés,  l'air  ou  l'eau,  être  adsorbés  par  les  plantes  ou 
dégradés  en  d'autres  produits  (Khan,  1980).  Une  partie  des  résidus  de 
pesticides  n'est  pas  extraite  par  les  solvants  polaires  et  non  polaires  et 
semble  être  fixée  solidement  à  la  matière  organique,  notamment  aux  substances 
humiques.   Certains  de  ces  résidus  liés  peuvent  contenir  des  molécules  de 
pesticides  intactes  qui,  une  fois  libérées,  peuvent  produire  des  effets 
biologiques  néfastes.  Par  ailleurs,  la  forte  affinité  de  certains  pesticides 
pour  la  matière  organique  peut  représenter  une  méthode  sûre  de 
décontamination.  En  connaissant  les  conditions  dans  lesquelles  les 
persticides  réagissent  avec  la  matière  organique,  on  peut  les  utiliser  de 
façon  plus  rationnelle  et  efficace  et  réduire  au  minimum  leurs  inconvénients. 


-  51  - 
3.3  Effets  biologiques  de  la  matière  organique  du  sol 

3.3.1  Le  sol  est  un  milieu  vivant 

La  lente  minéralisation  de  la  matière  organique  opérée  par  les 
macroorganismes  et  les  microorganismes  dans  le  sol  fournit  aux  plantes  les 
nutriments  essentiels  à  leur  croissance.  Le  sol  est  habité  par  les  organismes 
les  plus  divers  :  bactéries,  champignons,  actinomycètes,  protozoaires, 
levures,  algues,  vers  de  terre  et  insectes.   En  général,  le  nombre 
d'organismes  dans  le  sol  est  corrélé  positivement  avec  la  concentration  de  la 
matière  organique  dans  les  premiers  30  à  40  cm  de  sol  (Henis,  1986).  Le 
nombre  et  la  composition  des  microorganismes  peuvent  varier  d'un  jour  à 
l'autre  en  fonction  de  l'humidité  et  de  la  température,  selon  que  le  sol 
s'assèche  ou  s'humidifie,  qu'il  subit  le  gel  ou  le  dégel,  qu'il  se  réchauffe 
ou  se  refroidit  ou  qu'il  est  soumis  à  des  fumigations.   On  peut  considérer  le 
sol  comme  un  milieu  vivant  abritant  de  nombreux  organismes  qui  respirent 
(comme  en  témoignent  la  consommation  d'Û2  et  la  libération  de  CO2), 
digèrent  les  nutriments  disponibles,  libèrent  de  l'ammoniac  à  partir  d'acides 
aminés  et  d'azides  et  produisent  de  la  chaleur  en  décomposant  la  matière 
organique  (Henis,  1986).   Les  microorganismes  du  sol  jouent  un  rôle  essentiel 
dans  la  formation  et  la  décomposition  de  la  matière  organique.   Les 
microorganismes  actifs  dans  la  décomposition  de  la  matière  organique  du  sol 
sont  hétérotrophes  et  vivent  dans  un  milieu  oligotrophe  où  les  substrats  sont 
limités.   Cela  signifie  que  ces  microorganismes  vivent  continuellement  dans  un 
état  de  famine.   La  vitesse  de  dégradation  de  la  matière  organique  est 
inférieure  à  la  vitesse  d'utilisation  de  ses  produits  par  les  plantes  et  les 
microorganismes.   Ce  qui  explique  pourquoi  rares  sont  les  produits  de 
dégradation  ou  de  minéralisation  qui  s'accumulent,  même  si  on  a  décelé  de 
faibles  concentrations  de  produits  de  dégradation  tels  des  alcools  et  des 
acides  organiques. 

3.3.2  Renouvellement  de  la  matière  organique  et  de  la  biomasse 

Jenkinson  et  Rayner  (1977)  ont  publié  un  modèle  qui  rassemble  des 
données  recueillies  pendant  des  années  sur  la  vitesse  de  renouvellement  de  la 
matière  organique  dans  des  expériences  classiques  effectuées  à  Rothamsted.  La 
matière  organique  est  séparée  en  cinq  compartiments  :  la  matière  végétale 
décomposable  (MVD,  demi-vie  de  0,165  années);  la  matière  végétale  récente 
(MVR,  2,31  années);  la  biomasse  du  sol  (BIO,  1,69  années);  la  matière 
organique  stabilisée  physiquement  (MOP,  49,5  années)  et  la  matière  organique 
stabilisée  chimiquement  (MOC,  1  980  années).  Un  apport  unitaire  de  matières 
végétales  (1  t  de  carbone  provenant  de  matières  végétales  fraîches  par  hectare 
par  année)  dans  des  conditions  d'équilibre  donne  dans  le  sol  après  10  000  ans, 
selon  le  modèle,  0,1  t  de  carbone  dans  la  MVD,  0,47  t  de  carbone  dans  la  MVR, 
0,28  t  de  carbone  dans  la  BIO,  11,3  t  dans  la  MOP  et  12,2  t  dans  la  MOC. 
L'âge  déterminé  par  la  méthode  au  C^  est  de  1  240  ans.  La  concordance 
entre  la  valeur  prévue  et  la  valeur  mesurée  est  suffisamment  bonne  pour 
indiquer  que  le  modèle  représente  réellement  la  vitesse  de  renouvellement  de 
la  matière  organique  dans  des  sols  soumis  à  la  culture.  Après  10  000  ans,  la 
répartition  du  carbone  dans  les  cinq  fractions  est  :  0,41  %  dans  la  MVD; 
1,94  %  dans  la  MVR;  1,15  %  dans  la  BIO;  46,58  %  dans  la  MOP  et  50,29  %  dans  la 
MOC.   La  MVD  est  considérée  comme  la  composante  végétale  qui  se  décompose 
facilement,  la  MVR  représente  les  structures  végétales  lignifiées  qui  sont 


-  52  - 

plus  résistantes,  la  BIO  constitue  la  partie  vivante  de  la  matière  organique, 
la  MOP  représente  de  la  matière  organique  vieille  de  10  à  100  ans  et  la  MOC, 
de  la  matière  organique  très  ancienne.  À  long  terme,  aucune  fraction  ne 
résiste  à  la  décomposition.   Ce  processus  par  lequel  s'enregistrent 
simultanément  des  pertes  et  des  gains  s'appelle  le  renouvellement,  que  l'on 
peut  définir  également  comme  le  flux  de  carbone  organique  dans  un  volume  donné 
de  sol.  La  vitesse  de  renouvellement  est  la  quantité  de  carbone  dans  un  sol  à 
l'équilibre  divisé  par  l'apport  annuel  de  carbone  dans  ce  système  (Jenkinson 
et  Rayner,  1977). 

La  biomasse  de  sol  constitue  environ  2  %  de  la  quantité  totale  de 
carbone  organique  dans  le  sol  (Jenkinson  et  Rayner,  1977)  et  comprend  des 
bactéries,  des  champignons,  des  actinomycètes,  des  protozoaires,  des  algues  et 
la  microfaune.   Cela  ne  comprend  habituellement  pas  les  racines  des  plantes  et 
la  faune  mesurant  plus  de  5  x  10^  um^  comme  les  vers  de  terre  (Sparling, 
1985).  La  plus  grande  partie  de  la  biomasse  est  normalement  inactive,  parce 
que  limitée  en  éléments  nutritifs.  L'addition  de  substrats  organiques 
assimilables  dans  le  sol  augmente  l'activité  microbienne  et  la  biomasse.  La 
principale  source  de  substrats  organiques  est  la  litière  formée  par  les 
racines,  les  feuilles  et  les  tiges  des  plantes  et  les  substances  qui  exsudent 
des  racines.   Les  champignons  forment  un  constituant  majeur  de  la  biomasse. 
La  biomasse  ne  représente  qu'une  petite  partie  de  la  matière  organique  totale 
mais,  comparativement  aux  autres  constituants,  elle  est  labile  et  remplit  de 
multiples  rôles  dans  le  sol.  Elle  a  un  effet  sur  la  décomposition  et  le 
renouvellement  de  la  matière  organique,  l'immobilisation  et  le  recyclage  des 
éléments  nutritifs,  de  même  que  sur  la  physiologie  des  racines  et  la  structure 
du  sol. 

Même  si  la  biomasse  constitue  tout  au  plus  2  %  de  la  matière 
organique,  Jansson  et  Persson  (1968)  estiment  que,  dans  les  sols  suédois, 
environ  15  %  de  la  matière  organique  peut  être  classée  comme  «active»  ou 
«labile».   Ils  croient  que  c'est  la  quantité  de  matière  organique 
«active»  qui  a  un  effet  déterminant  sur  la  fertilité  du  sol  et  qui 
caractérise  l'impact  qu'a  l'agriculture  sur  l'environnement.  La  valeur 
proposée  par  Jansson  et  Persson  (1968)  est  à  peu  près  égale  à  la  concentration 
des  biopolymères  (glucides,  composés  aminés  et  bases  des  acides  nucléiques) 
dans  la  matière  organique  (Schnitzer,  résultats  non  publiés). 

3.3.3  Effets  physiologiques  de  la  matière  organique  dans  le  sol 

En  laboratoire,  les  substances  humiques  peuvent  influencer 
favorablement  la  croissance  des  plantes  supérieures,  comme  on  peut  le  mesurer 
par  l'augmentation  de  la  longueur,  du  poids  frais  et  sec  des  pousses  et  des 
racines  et  même  par  l'augmentation  du  nombre  de  racines  secondaires  et  de 
fleurs  (Vaughan  et  Malcolm,  1985;  Rauthan  et  Schnitzer,  1982).   Les  substances 
humiques  peuvent  également  influencer  la  croissance  de  microorganismes  divers 
comme  les  algues,  les  dinoflagellés,  les  bactéries  et  les  levures.  Les  effets 
précis  dépendent  de  la  nature  de  la  substance  humique,  de  sa  concentration,  de 
la  composition  et  du  pH  du  milieu  de  croissance,  des  conditions  de  culture  et 
de  l'espèce  végétale  étudiée.  Les  substances  humiques  ont  des  effets  directs 
et  indirects.   Par  exemple,  l'AH  ou  l'AF  pourraient  avoir  un  effet  direct  sur 


-  53  - 

la  synthèse  des  protéines  ou  sur  les  réactions  photochimiques  dans  les 
plantes.   Pour  ce  faire,  l'AH  ou  l'AF  devraient  être  absorbés  par  la  plante; 
jusqu'à  maintenant,  on  a  observé  uniquement  l'absorption  d'AH  de  bas  poids 
moléculaire  au  niveau  des  racides  des  plantes  et  peu  de  translocation 
jusqu'aux  pousses.  La  formation  d'un  complexe  avec  un  cation,  empêchant  sa 
précipitation,  serait  un  exemple  d'effet  indirect  de  l'AF.   À  l'heure 
actuelle,  la  participation  des  substances  humiques  dans  des  réactions 
physiologiques  en  champs  doit  faire  l'objet  de  recherches  plus  poussées. 

4.1  Concentration  idéale  de  matière  organique  dans  le  sol 

Comme  il  en  a  été  question  précédemment,  les  quantités  de  matière 
organique  présentes  dans  les  sols  continuent  à  diminuer  à  cause  des  pratiques 
culturales  actuelles.   Les  concentrations  d'équilibre  diminuent  sans  cesse. 
Il  n'est  donc  pas  possible  à  l'heure  actuelle  de  prédire  la  concentration 
idéale  de  matière  organique  pour  un  sol  ou  un  système  d'agriculture  donné.   En 
Grande-Bretagne,  où  la  teneur  en  matière  organique  a  atteint  les 
concentrations  d'équilibre  dans  certains  sols,  des  estimations  de  l'effet  des 
méthodes  culturales  modernes  sur  la  fertilité  et  la  structure  des  sols  ont  été 
faites  à  la  fin  des  années  1960.   Les  chercheurs  ont  conclu  (Newbould,  1982) 
que  la  matière  organique  du  sol  contribuait  à  en  déterminer  la  fertilité  et 
exerçait  une  influence  marquante  sur  la  structure  dans  les  sols  instables  (qui 
croit-on  renferment  de  grandes  quantités  de  sable  fin,  de  sable  très  fin  ou  de 
limon  et  dont  la  teneur  en  matière  organique  serait  inférieure  à  3  %) .  Une 
concentration  minimale  de  3  %  de  matière  organique  a  été  considérée  comme 
étant  essentielle  pour  qu'un  sol  sableux  soit  productif.   L'auteur  n'a  pu 
trouver  dans  la  documentation  qu'un  seul  exemple  de  concentration  minimum  de 
matière  organique  valable  pour  les  sols  canadiens  :   c'est  la  teneur  de  5  % 
proposée  par  Côté  (1980)  et  rapportée  par  de  Kimpe  (1986).  Bien  qu'il 
n'existe  pas  de  concentrations  de  matière  organique  minimales  précises  à 
l'heure  actuelle,  ces  concentrations  peuvent  être  maintenues  ou  même 
augmentées  lentement  par  l'utilisation  de  graminées  et  de  légumineuses, 
l'ajout  de  paille  avec  les  fertilisants  et  des  applications  de  fumier  de  ferme. 

4.2  Travaux  de  recherche  futurs 

Au  cours  de  la  rédaction  du  présent  rapport  un  certain  nombre  de  projets 
de  recherche  se  sont  imposés,  dont  les  principaux  sont  : 

1.  Caractérisation  et  identification  des  formes  organiques  inconnues 
de  N,  P  et  S,  qui  renferment  une  grande  partie  de  ces  éléments  sous  des  formes 
disponibles  pour  les  plantes; 

2.  Caractérisation  et  identification  des  agents  de  liaison  organiques 
responsables  de  la  formation  des  agrégats  de  sol; 

3.  Mise  au  point  de  méthodes  de  détermination  quantitative  de  la 
biomasse  et  de  la  matière  organique  du  sol  «active»  ou  «labile». 

4.  Cueillette  de  renseignements  sur  la  dynamique  de  la  décomposition 
de  la  matière  organique  du  sol,  notamment  la  vitesse  de  renouvellement  de  la 
biomasse. 


-  54  - 

5.  Détermination  des  concentrations  minimales  de  matière  organique  du 
sol  nécessaires  pour  le  maintien  d'une  bonne  structure  et  d'un  rendement  élevé. 

6.  Évaluation  de  l'effet  de  la  culture  sans  travail  du  sol  sur  la 
biodynamique  de  la  matière  organique  du  sol. 

5.   Résumé 

1.  La  matière  organique  du  sol  exerce  des  effets  physiques,  chimiques 
et  biologiques  sur  la  qualité  du  sol  parce  qu'elle  sert  d'agent  d'amendement, 
de  source  d'éléments  nutritifs  et  de  substrat  pour  l'activité  microbienne. 

2.  La  matière  organique  du  sol  contribue  au  maintien  d'une  structure 
adéquate  et  stable;  en  effet,  elle  sert  d'agent  de  liaison  dans  la  formation 
d'agrégats,  et  ainsi  assure  un  drainage  et  une  aération  appropriés,  protège 
contre  l'érosion,  améliore  les  propriétés  mécaniques  et  joue  un  rôle  important 
dans  la  rétention  de  l'eau. 

3.  La  matière  organique  du  sol  est  à  la  fois  une  source  et  un 
réservoir  de  N,  P  et  S  et  des  oligoéléments  essentiels  à  la  croissance  des 
plantes.   La  matière  organique  forme  des  complexes  avec  de  nombreux  métaux  qui 
deviennent  alors  disponibles  pour  les  plantes  et  les  microbes  et  tamponne  les 
sols  (protection  contre  toute  variation  marquée  du  pH) .   La  matière  organique 
du  sol  interagit  également  avec  les  pesticides  et  aide  à  leur  dégradation  et  à 
leur  détoxification. 

4.  La  matière  organique  du  sol  sert  de  sites  de  rétention  pour  les 
micro  et  macro-éléments  nutritifs  du  sol.  Les  oligoéléments  jouent  un  rôle 
important  dans  la  formation  et  la  décomposition  de  la  matière  organique.  La 
matière  organique  peut  également  exercer  un  impact  physiologique  direct  sur  la 
croissance  des  plantes. 

5.  Toutes  les  propriétés  de  la  matière  organique  du  sol  énoncées 
ci-dessus  exercent  un  impact  sur  la  qualité  du  sol  et  illustrent  le  rôle  vital 
que  joue  la  matière  organique  du  sol  sur  la  fertilité  de  ce  dernier. 


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-  58  - 

QUELQUES  COMMENTAIRES  SUR  LA  PERTE  OU  L'ACCUMULATION  DE  MATIÈRE 
ORGANIQUE  DANS  LE  SOL  ET  EFFETS  SUR  LA  QUALITÉ  DES  SOLS 

S. P.  MATHUR 

Cet  article  consiste  principalement  en  un  résumé  des  conclusions 
provisoires  et  des  recommandations  qui  découlent  d'une  revue  de  la 
documentation  pertinente,  d'une  lecture  attentive  du  rapport  de  M.  Schnitzer 
portant  sur  la  matière  organique  du  sol  en  relation  avec  la  qualité  du  sol, 
d'observations  personnelles  et  d'entrevues. 

Les  pertes  en  matière  organique  dans  un  sol 

La  mécanisation  de  l'agriculture  a  entraîné  la  disparition,  dans  beaucoup 
de  fermes,  des  bestiaux  et  des  engrais  verts,  deux  facteurs  qui  contribuaient 
à  l'enrichissement  des  sols  en  permettant  de  maintenir  ou  de  rétablir  les 
quantités  de  matière  organique  dans  le  sol.  Mais  on  pensait  alors  que  cette 
modernisation  qui  s'accompagnait  d'une  utilisation  accrue  des  éléments 
fertilisants,  en  augmentant  la  production  de  la  phytomasse,  permettrait 
d'augmenter  la  quantité  de  matière  organique  fraîche  incorporée  aux  sols  sous 
forme  de  résidus  de  culture.  La  culture  du  maïs  d'ensilage  ou  des  plantes 
sarclées  produit  cependant  très  peu  de  résidus  de  culture.   De  plus,  la  paille 
des  céréales  se  décompose  très  lentement  et  à  moins  qu'il  y  ait  fertilisation 
avec  de  grandes  quantités  de  NPK  ou  de  N,  l'utilisation  de  la  paille  comme 
amendement  peut  produire  dans  les  cultures  des  problèmes  de  toxicité  et  de 
carence  en  N.   Ainsi,  dans  les  endroits  où  les  conditions  climatiques 
constituent  une  contrainte  importante,  les  agriculteurs  qui  ont  de  faibles 
marges  de  profit  brûlent  souvent  la  paille  dans  les  champs,  comme  c'est  le  cas 
dans  les  Prairies  canadiennes.   Cette  pratique  a  aussi  d'autres  effets 
néfastes  dont  l'élimination  des  effets  bénéfiques  des  résidus  de  culture  sur 
l'infiltration  de  l'eau. 

Certaines  études  réalisées  antérieurement  semblent  indiquer  que  les 
rendements  des  cultures  ayant  reçu  des  amendements  en  fumier  n'étaient  pas 
très  différents  des  rendements  des  cultures  ayant  reçu  une  fertilisation  NPK 
complète,  même  si  les  amendements  en  fumier  permettent  parfois  de  maintenir 
des  niveaux  de  concentration  en  matière  organique  supérieurs.  À  long  terme, 
cependant,  la  situation  est  différente,  particulièrement  depuis  que  des 
variétés  à  haut  rendement  et  pouvant  utiliser  plus  efficacement  la 
fertilisation  azotée  ont  été  introduites. 

On  s'attendait  à  ce  que,  avec  l'avènement  des  pratiques  culturales 
modernes,  les  taux  de  matière  organique  du  sol  dans  les  climats  tempérés 
tendent  à  atteindre  de  nouveaux  niveaux  d'équilibre  déterminés  par  le  type  de 
système  de  culture,  de  climat  et  de  sol.   Pour  un  système  et  un  lieu  donnés, 
les  niveaux  d'équilibre  décroissent  dans  l'ordre  suivant  :  NPK  et  fumier  de 
ferme  ou  résidus  de  culture  seulement;  fertilisants  NPK  seulement;  pas  de  N 
mais  fertilisants  PK  ou  fumier  de  ferme  ou  résidus  de  culture;  et  jachère. 

La  supposition  tacite  suivant  laquelle  un  nouveau  niveau  d'équilibre  est 
atteint  et  maintenu  a  été  infirmée  par  les  résultats  de  certaines  études 
portant  sur  de  plus  longues  périodes.   Par  exemple,  des  données  provenant  de 


3,67 

3,88 

1,91 

1,81 

2,60 

2,33 

3,32 

2,56 

2,72 

2,50 

-  59  - 

la  Suède  (tableau  1)  ont  montré  que  les  taux  de  matière  organique  continuent 
de  décroître  même  dans  les  sols  qui  ont  été  cultivés  pendant  plusieurs 
décennies.   (Newbould,  1982). 

Tableau  1 

Modifications  de  la  teneur  totale  en  matière  organique  (%  C  organique) 
en  fonction  du  temps  dans  des  sols  en  Suède 

Année  de  la  première  Année  de  la  détermination 

culture  1935         1970 

Jamais 

1600 

1855 

1880 

1910 

Dans  les  Prairies  américaines  et  canadiennes  où  la  culture  des  céréales  a 
été  effectuée  sans  rotation  à  partir  d'environ  1900  jusqu'à  1935,  sans  ajout 
d'éléments  fertilisants  et  sans  incorporation  de  résidus  de  culture  dans  les 
sols,  et  où  les  rotations  jachère/céréales  permettant  de  conserver  l'humidité 
ont  été  pratiquées  à  partir  de  1937  afin  d'étudier  l'effet  de  l'érosion 
éolienne  sur  les  sols  arides,  les  taux  de  matière  organique  du  sol  ont  diminué 
d'environ  50  %,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  passés  de  1,7  à  0,9  %  C.   En  outre, 
environ  1,58  %  de  l'azote  des  14  premiers  centimètres  du  sol  est  «perdu»  à 
chaque  année,  tandis  que  les  horizons  plus  profonds  perdent  moins  d'azote.   Il 
en  résulte  que  les  rendements  commencent  à  diminuer. 

On  peut  se  faire  une  meilleure  idée  de  la  situation  avec  les  sols  sableux 
utilisés  pour  les  cultures  en  rang.   La  culture  des  pommes  de  terre  dans  l'Est 
du  Canada  en  est  un  exemple.   La  diminution  des  taux  en  matière  organique  du 
sol  est  suffisamment  importante  pour  entraîner  des  pertes  de  rendement  et  pour 
accroître  les  besoins  en  irrigation,  laquelle  aggrave  en  retour  les  pertes  en 
éléments  nutritifs,  causant  ainsi  une  réduction  des  marges  de  profit. 

Rétablissement  de  la  matière  organique  du  sol 

Les  amendements  en  engrais  verts  dans  les  sols  sableux  utilisés  pour  la 
culture  de  la  pomme  de  terre  au  Canada  ne  semblent  pas  être  en  mesure  de 
maintenir  ou  de  rétablir  les  taux  de  matière  organique  du  sol  à  un  niveau 
acceptable.   Il  est  donc  difficile  d'être  en  désaccord  avec  les  Européens  qui 
affirment  que  même  si  les  taux  de  matière  organique  peuvent  être 
progressivement  augmentés  grâce  aux  engrais  verts,  à  l'incorporation  des 
résidus  de  culture  conjuguée  avec  l'ajout  d'éléments  fertilisants  et  à 
l'utilisation  de  grandes  quantités  de  fumier  de  ferme,  il  n'est  pas  indiqué  de 
recommander  aux  agriculteurs  d'adopter  de  nouvelles  pratiques  qui  auraient 
pour  effet  de  réduire  leurs  marges  de  profit.  Toutefois,  certains  résultats 
récents  apportent  une  lueur  d'espoir.  Janssen  (1984)  a  évalué  l'efficacité 
relative  de  différents  types  de  matière  organique  en  ce  qui  a  trait  à 
l'augmentation  de  la  quantité  d'humus  dans  le  sol.   Ses  résultats  sont  résumés 
au  tableau  2. 


-  60  - 

Tableau  2 

Évolution  du  taux  de  matière  organique  dans  le  sol  après  incorporation  de 
différents  amendements 

Type  Nombre  d'années  après  l'incorporation  Âge  apparent 

d'amendement  0     13        4     8  initial 

(%)  (Années) 

Engrais  vert  100  20  7  4,5  3  0,99 

Paille  100  38  18  14,0  10  1,41 

Litière  100  57  34  23,0  14  2,28 

Fumier  de  ferme  100  60  33  25,0  19  2,45 

Sciure  de  bois  100  75  54  40,0  27  3,69 

Tourbe  A  100  85  71  61,0  51  5,47 

Tourbe  B  100  96  90,5  86,5  82  13,62 

Tandis  qu'un  engrais  légèrement  décomposé  peut  avoir  un  âge  apparent 
initial  de  2,5  années  et  se  décomposer  assez  rapidement,  un  fumier  de  compost 
«biostable»  peut  avoir  un  âge  apparent  de  3,5  ou  4  années.   Ce  tableau 
laisse  entendre  que  les  meilleurs  amendements  organiques  seraient  la  tourbe, 
les  déchets  de  bois  ou  les  fumiers  composés,  lesquels,  une  fois  incorporés 
dans  le  sol,  ne  sont  pas  minéralisés  trop  rapidement. 

À  cet  égard,  le  Canada  s'avère  un  pays  riche  en  tourbe  et  en  déchets  de 
bois.   De  plus,  le  rejet  des  déchets  de  produits  de  la  pêche  et  des  fumiers, 
lesquels  sont  en  grande  partie  transportés  mais  restent  encombrants,  cause 
problème  dans  ce  pays. 

Des  études  récentes  réalisées  par  des  scientifiques  du  Centre  de 
recherche  sur  les  sols  (par  exemple,  Mathur  et  al. .  1987,  1988)  et  leurs 
collaborateurs  montrent  que  la  tourbe  peut  être  utilisée  comme  milieu  de 
compostage  pour  plusieurs  types  de  matière  organique  tels  que  les  déchets  des 
produits  de  la  pêche  et  les  lisiers.   Un  des  résultats  importants  de  cette 
recherche  est  que  l'inclusion  de  tourbe  et  l'utilisation  d'un  ensemble  de 
tuyaux  de  ventilation  permettent  de  préparer  des  composts  de  haute  qualité  en 
moins  de  deux  mois  sans  qu'il  y  ait  utilisation  de  systèmes  coûteux  de 
retournement,  de  brassage  ou  d'aération  alimentés  en  courant. 

Une  étude  récente  réalisée  en  collaboration  avec  le  Centre  de  recherche 
en  sylvichimie  a  montré  que  l'incorporation  de  5  à  10  tonnes  de  compost  à  base 
de  tourbe  peut  s'avérer  économique,  ne  serait-ce  que  comme  source  d'éléments 
fertilisants,  dans  les  sols  qui  produisent  des  cultures  dont  la  valeur  est  de 
2  000  $  par  ha  ou  plus  (par  exemple,  les  pommes  de  terre  et  les  légumes).   Il 
peut  donc  s'avérer  possible,  au  moins  dans  certains  sols,  de  rétablir  ou 
d'augmenter  les  taux  de  matière  organique  sans  que  les  marges  de  profit  des 
agriculteurs  soient  amoindries. 


-  61  - 

Recommandation  provisoire 

En  plus  des  objectifs  proposés  par  M.  Schnitzer,  je  recommande  que  l'on 
envisage  la  mise  en  oeuvre  de  nouvelles  recherches  portant  sur  l'utilisation 
de  la  tourbe  comme  milieu  partiel  ou  total  pour  le  compostage  des  lisiers  et 
des  déchets  des  produits  de  la  pêche,  des  abattoirs  et  du  secteur  forestier 
afin  d'améliorer  la  qualité  du  sol  et  de  l'environnement.   Une  telle 
entreprise  aurait  aussi  pour  effet  de  donner  une  impulsion  au  secteur  canadien 
de  la  tourbe  et  permettrait  l'établissement  d'un  nouveau  secteur  industriel 
fondé  sur  le  compostage.   Comme  cette  solution  pourrait  ne  pas  s'avérer 
appropriée  dans  les  régions  où  les  valeurs  de  culture  sont  inférieures  à  un 
certain  montant,  il  faudrait  trouver  d'autres  moyens  pour  améliorer  la  qualité 
du  sol,  par  exemple  des  méthodes  permettant  de  conserver  les  sols  et  de  mieux 
gérer  les  résidus.   Il  faudrait  aussi  envisager  l'étude  de  l'effet  des 
composts  de  tourbe  sur  différentes  propriétés  du  sol,  sur  la  structure  du  sol 
et  sur  l'aptitude  des  composts  à  supprimer  la  toxicité  des  métaux  lourds,  à 
permettre  que  les  résidus  de  pesticides  rémanents  soient  métabolisés  par 
diverses  voies  métaboliques  et  à  corriger  les  déséquilibres  des  éléments 
mineurs. 

RÉFÉRENCE 

1.  Schnitzer,  M.   1989.   Soil  organic  matter  and  soil  quality.   This 
monograph.   33-49. 

2.  Janssen,  B.H.  (1984).   A  simple  method  for  calculating  décomposition  and 
accumulation  of  'young'  soil  organic  matter.   Plant  and  Soil  76:   297-304. 

3.  Newbould,  P.   1982.   Losses  and  accumulation  of  organic  matter  in  soils. 
in  D.  Boels,  D.B.  Davies,  and  A.E.  Johnston,  eds.,  Soil  Dégradation.  A. A. 
Balkema,  Rotterdam,  pp.  107-131. 

4.  Mathur,  S. P.,  J.G.  Prouxl,  M.  Lévesque,  and  R.B.  Sanderson.   1987. 
Composting  of  an  igneous  rock  phosphate.   Proc.  Seminar  on  Agrogeology  in 
Africa.  -  Commonwealth  Sci.  Council  Technical  Publication  Séries  No.  226. 
129-145. 

5.  Mathur,  S. P.,  J.-Y.  Daigle,  J.L.  Brooks,  M.  Lévesque  and  J.  Arsenault. 
1988.   Composting  seafood  wastes.   Biocycle  29:  Sept.   1988.   44-49. 

6.  Mathur,  S. P.,  N.K.  Patni,  and  M.  Lévesque  1988.   Composting  of  manure 
slurries  with  peat  without  mechanical  aération.   Can.  Soc.  Ag.  Engs. 
paper  No-88-123  of  the  Ag.  Inst.  of  Canada  Annual  Conf.  1988. 


-  62  - 

PROPOSITION  D'UN  SYSTÈME  DE  CLASSIFICATION  DE  LA  QUALITÉ 
DES  SOLS  MINÉRAUX  POUR  LES  TERRES  ARABLES 

C.  WANG,  D.R.  COOTE  ET  D.F.  ACTON 

INTRODUCTION 

Depuis  plusieurs  décennies,  la  volonté  d'atteindre  une  production  élevée  et 
d'améliorer  les  rendements  a  poussé,  de  plus  en  plus,  les  agriculteurs  à 
drainer  les  terres  humides  et  les  marécages,  à  déboiser  les  terres  en  pente 
abrupte,  à  améliorer  les  terres  difficilement  cultivables  et  de  faible 
rendement,  à  utiliser  de  fortes  doses  de  produits  chimiques  de  même  que  de  la 
machinerie  lourde  et  à  pratiquer  la  monoculture.  Tous  ces  facteurs  ont 
contribué  à  accélérer  la  dégradation  des  sols  au  Canada  (Coote,  1980).   Il  en 
a  coûté  très  cher.  Le  Comité  sénatorial  permanent  de  l'agriculture,  des 
pêches  et  des  forêts  (Sparrow  1984)  a  signalé  que  les  agriculteurs  canadiens 
perdaient  à  cette  époque  un  milliard  de  dollars  en  revenus  de  la  ferme  à  cause 
de  la  «dégradation  des  sols».  Évidemment,  cette  perte  de  un  milliard  de 
dollars  par  année  s'ajoute  aux  dommages  causés  à  l'environnement,  comme  la 
pollution  des  rivières,  des  lacs  et  des  eaux  souterraines  attribuable  à 
l'érosion  des  sols  et  à  l'utilisation  de  doses  massives  de  produits 
chimiques.   Ce  montant  n'inclut  pas  non  plus  les  dommages  écologiques  comme  la 
destruction  de  lieux  de  reproduction  pour  les  animaux  sauvages  causée  par  le 
drainage  des  terres  humides  et  des  marécages. 

Certains  sols,  comme  les  sols  en  pente  raide,  le  sols  peu  fertiles  ou  ceux 
dont  la  couche  d'enracinement  est  peu  profonde,  sont  difficilement  rentables 
parce  que  la  mise  de  fonds  nécessaire  pour  améliorer  ces  sols  et  leur 
permettre  d'avoir  une  production  soutenue  est  trop  élevée.  C'est  pourquoi 
l'aptitude  d'un  sol  à  produire  un  bon  rendement  année  après  année  moyennant 
une  mise  de  fonds  raisonnable  apparaît  comme  une  des  caractéristiques 
importantes  d'un  sol  de  bonne  qualité. 

Le  prix  des  céréales  sur  le  marché  mondial  a  connu  d'importantes  fluctuations 
ces  dernières  années  et  il  est  fort  probable  qu'il  en  soit  de  même  à 
l'avenir.   C'est  pourquoi  la  polyvalence  des  terres,  permettant  aux 
agriculteurs  de  s'adapter  aux  conditions  du  marché  en  produisant  les  récoltes 
qui  rapportent  le  plus,  peut  constituer  un  facteur  important  pour  assurer  la 
prospérité  d'une  entreprise  agricole. 

CRITÈRES 

Il  découle  des  considérations  précédentes  qu'un  système  de  classification  de 
la  qualité  du  sol  pour  les  terres  arables  devrait  être  fondé  non  seulement  sur 
la  «productivité»  de  la  terre  mais  aussi  sur  la  «durabilité»  de  son 
utilisation,  aussi  bien  du  point  de  vue  économique  que  du  point  de  vue  de  la 
qualité  environnementale,  de  même  que  sur  la  «polyvalence»  de  la  terre, 
c'est-à-dire  de  sa  capacité  de  produire  différents  types  de  récolte. 

L'utilisation  de  critères  tels  que  la  polyvalence,  la  productivité  et  la 
durabilité  des  sols  pour  classer  l'aptitude  des  sols  (ou  leur  qualité)  à  la 


-  63  - 

production  agricole  n'est  pas  nouvelle.   Par  exemple,  l'Inventaire  des  terres 
du  Canada  (ITC),  même  s'il  ne  les  mentionne  pas  spécifiquement,  utilise  les 
facteurs  climatiques  et  les  facteurs  reliés  à  la  productivité  et  à  la 
durabilité  des  sols  pour  classer  l'aptitude  des  sols  à  la  production  agricole 
(ARDA  1965).   Cependant,  les  facteurs  climatiques  ne  sont  pas  pris  en  compte 
de  façon  uniforme  à  l'échelle  nationale  et  les  facteurs  (ou  critères)  utilisés 
dans  le  système  de  classification  de  l'ITC  ne  sont  pas  tous  définis 
quantitativement.   Dans  un  rapport  technique  publié  récemment  et  portant  sur 
la  classification  des  terres  selon  leur  aptitude  à  la  culture  arable  en 
Alberta,  Pettapiece  (1987)  utilise  trois  sous-classes  pour  déterminer  les 
différentes  classes  d'aptitude.  Ces  trois  sous-classes  sont  :  le  climat,  le 
sol  et  la  forme  de  terrain.   Chaque  sous-classe  est  déterminée  indépendamment 
et  les  classes  d'aptitude  sont  déterminées  à  partir  d'une  combinaison  de  ces 
trois  sous-classes. 

Si  l'on  définit  la  «polyvalence»  comme  le  nombre  de  types  de  culture  qu'un 
sol  peut  produire,  le  climat  constitue  alors  le  facteur  le  plus  important  en 
ce  qui  a  trait  à  la  polyvalence  des  sols.   La  forme  de  terrain  (incluant  la 
pente)  est  un  des  facteurs  les  plus  importants  en  ce  qui  a  trait  à  la 
«durabilité»  puisqu'elle  est  liée  à  l'érosion.   Enfin,  la  «productivité 
du  sol»  dépend  du  climat  et  de  la  forme  de  terrain  mais  aussi  de  plusieurs 
propriétés  chimiques  et  physiques  du  sol.  Ainsi,  les  raisons  qui  motivent 
l'utilisation  de  la  polyvalence,  de  la  durabilité  et  de  la  productivité  du  sol 
comme  critères  permettant  de  définir  la  qualité  du  sol  pour  la  culture  arable 
sont  identiques  à  celles  qui  motivent  l'utilisation  du  climat,  de  la  forme  de 
terrain  et  du  sol  comme  critères  pour  caractériser  «l'aptitude  des  terres» 
(Pettapiece,  1987).   Bien  que  le  système  de  classification  de  Pettapiece  ait 
été  conçu  pour  1' Alberta,  il  peut  aussi  être  appliqué  à  l'échelle  nationale. 

Dans  ce  qui  suit,  nous  proposons  un  système  de  classification  de  la  qualité  du 
sol  reposant  sur  trois  composantes  caractérisées  indépendamment.  La 
combinaison  des  trois  cotes  détermine  la  classe  de  qualité  du  sol.   Nous 
proposons  aussi  une  autre  méthode  permettant  d'évaluer  conjointement  la 
polyvalence  et  la  productivité. 

1ère  composante  -  La  durabilité 

L'idée  qui  sous-tend  le  système  de  classement  présenté  ici  est  que  les  sols 
qui  sont  très  sensibles  ou  exposés  à  l'érosion  (éolienne  ou  hydrique)  et  au 
compactage  ne  pourraient  pas  soutenir  une  culture  intensive  à  long  terme  sans 
que  leur  productivité  soit  gravement  diminuée.   On  sait  que  le  compactage  du 
sol  peut  être  corrigé  moyennant  certains  coûts,  mais  les  effets  de  l'érosion 
ne  sont  pas  réversibles.   C'est  pourquoi  l'érosion  a  plus  de  poids  que  le 
compactage  dans  le  système  proposé.   Le  choix  de  la  salinité  du  sol  comme 
paramètre  repose  sur  le  fait  qu'une  portion  de  terrain  présentant  un  certain 
niveau  de  salinité  sera  de  moins  bonne  qualité  si  le  sol  reste  dans  la  même 
condition.   La  salinité,  tout  comme  le  compactage,  est  réversible  moyennant  un 
certain  coût  et  a  donc  elle  aussi  une  importance  relative  inférieure  à  celle 
de  l'érosion.   Le  risque  d'acidification  du  sol  n'est  pas  inclus  puisque  le 
chaulage  permet  de  corriger  facilement  ce  problème.  Même  si  l'on  sait  que 
certaines  régions  ne  disposent  pas  actuellement  de  grandes  quantités  de  pierres 


-  64  - 

à  chaux,  nous  pensons  qu'un  sol  sujet  à  l'acidification  peut  tout  de  même  être 
cultivé  de  façon  durable.   Les  critères  de  détermination  de  l'aptitude  des 
sols  à  une  production  durable  et  des  exemples  de  classes  de  durabilité  sont 
donnés  ci-dessous. 


Critères  : 


3. 


Érosivité  attribuable  à  la 
pluie  et  à  la  fonte  des 
neiges  (E) 
Wischmeier  &  Smith  (1978) 

Pente  (S) 


Forme  de  terrain  (L) 
Acton  (1978) 


Condition 

Sous-ii 

0-33 

1 

34-66 

2 

67-100 

3 

>100 

4 

horizontal 

1 

0-3% 

2 

4-9% 

4 

10-15% 

8 

15-30% 

16 

horizontal 

1 

incliné 

2 

ondulé 

2 

valonné 

3 

dorsal 

3 

découpé 

4 

moutonné 

4 

buttes  et  dépressions 

4 

abrupt 

5 

Facteur  «C»  d'érosion 
éolienne  (C) 
(Comprend  le  vent,  les 
précipitations,  et  la 
température) 
Lyles  (1983) 

Texture  (G) 
(En  relation  avec 
l'érosion  éolienne  et 
hydrique  de  même 
qu'avec  le  compactage) 

Profondeur  (R) 


0-19 


20-39 

2 

40-59 

3 

60-79 

4 

>70 

5 

loams 

1 

L-A,  L-S 

2 

A-S,  S-L,  A-Li,  L-S  TF, 

3 

L-Li,  Li,  S,  A 

4 

>  1  m 

1 

<  50  cm  avant  la  couche 

compacte 

2 

50-100  cm  avant  la  roche 

et  la  couche  cimentée 

3 

<  50  cm  avant  la  roche 

et  la  couche  cimentée 

6 

-  65  - 


Climat  et  drainage  (Y) 

(en  relation  principalement 

avec  le  risque  de 

compactage) 

Chapman  et  Brown  (1966) 

ID  =  Imparfaitement  drainé 

FD  =  Faiblement  drainé 


Salinité  (Z)  (existant) 


aucune  restriction  1 

zone  d'humidité  K,  L  2 
ID,  FD  dans  les  zones 

d'humidité  G,  H  2 

zone  d'humidité  M  3 
ID,  FD  dans  les  zones 

d'humidité  K,  L  3 

ceinture  du  Chinook  3 
ID,  FD  dans  la  zone 

d'humidité  M  4 

nulle/négligeable  1 
0,1-1  %  de  la  superficie 

du  sol  de  surface  2 

sous-sol  5-15  %  2 

sol  de  surface  1-5  %  3 

sous-sol  >15  %  3 

sol  de  surface   5-15  %  4 

sol  de  surface  >15  %  5 


Exemples  :  Les  données  apparaissant  dans  le  tableau  1  proviennent  d'un  fichier 
cartographique  non  publié  sur  la  dégradation  des  sols  dont  les  cartes  ont  été 
établies  à  l'échelle  1  :  1  000  000  (Coote)  et  d'un  fichier  cartographique  sur 
la  forme  de  terrain  (Shields). 


-  66  - 

Tableau  1 .  Classes  de  durabilité  de  quelques  polygones  de  sol  au  Canada. 


Prov 


N°  R+Rs     Pente     Forme  de  terrain     Vent     Texture     Épaisseur     Climat     Salinité     Total      Classe 

polyES  L  CG  R  Y  Z 


T.-N. 

92 

3 

16 

3 

2 

3 

30 

4 

N.-É. 

213 

3 

2 

2 

2 

2 

14 

1 

Î.-P.-É. 

13 

3 

8 

3 

3 

2 

22 

3 

N.-B. 

48 
266 

3 
3 

8 
2 

3 
2 

2 
3 

2 

2 

3 

22 

16 

3 
2 

QC 

40 
751 

3 
2 

1 
8 

1 
2 

2 

4 

3 
3 

13 
22 

1 
3 

ONT. 

215 
14 

3 
3 

8 
2 

4 
2 

2 
2 

1 
2 

21 
14 

3 

1 

MAN. 

107 

2 

2 

4 

1 

1 

1 

2 

14 

1 

SASK. 

51 

1 

4 

4 

3 

2 

1 

3 

19 

2 

ALB. 

644 
694 

1 
2 

2 
2 

2 
2 

3 

1 

4 

1 

3 
2 

3 

1 

19 
12 

2 

1 

C.-B. 


41 


18 


La  somme  des  valeurs  des   sous-indices  varie  de  8  à  41 .     Si   l'on  tient  compte  de  la  situation 
géographique  des   14  polygones   ci-dessus,    on  peut  définir  provisoire nt  les   classes   comme  suit    : 


-  67  - 

Tableau  2.   Limites  des  classes  de  durabilité 

Somme  des  sous-indices  Classe  de  durabilité 

de  durabilité 


<15  1  Supérieur 

15-19  2  Moyen 

20-25  3  Bas 

26+  4  Non  durable 


Les  sols  ayant  les  caractéristiques  suivantes  sont  considérés  comme  non 
durables  quant  à  leur  utilisation  agricole  :  a)  pente  >  30  %;  b)  substratum 
rocheux  ou  couches  cimentées  à  moins  de  20  cm  de  la  surface  du  sol. 

Quand  un  grand  nombre  de  polygones  auront  été  évalués  et  après  avoir  recueilli 
l'avis  de  pédologues  de  toutes  les  régions  du  pays,  il  est  probable  que  des 
modifications  seront  apportées  au  système  pour  ajuster  à  la  fois  les  valeurs 
des  sous-indices  et  les  classes  de  durabilité. 

2e  composante  -  La  polyvalence 

Les  critères  proposés  ici  (tableau  3)  sont  similaires  aux  sous-classes 
climatiques  du  système  de  classification  de  l'aptitude  des  terres  proposé  par 
Pettapiece  (1987).   Les  catégories  d'humidité  (A)  sont  toutefois  établies 
suivant  les  sous-classes  d'humidité  du  sol  définies  dans  le  système  canadien 
de  classification  des  sols  (Comité  d'experts  sur  la  prospection  pédologique 
d'Agriculture  Canada  1987)  en  fonction  des  déficits  ou  des  surplus  en  eau  dans 
les  sols.   Les  données  d'humidité  du  sol  dont  nous  disposons  sont  limitées 
dans  la  plupart  des  régions  du  Canada.   Les  sous-classes  d'humidité  du  sol 
peuvent  être  établies  en  calculant  par  une  méthode  simple  le  bilan  hydrique  à 
partir  des  données  de  précipitations  mensuelles  et  du  taux 

d'évapotranspiration  potentielle  relatives  à  la  saison  de  croissance  (Baier  et 
Robertson  1965).  La  température  (H)  est  caractérisée  suivant  le  nombre  de 
degrés-jours  réels  de  croissance.   Ce  critère  est  meilleur  que  le  nombre  de 
degrés-jours  de  croissance  parce  qu'il  prend  aussi  en  compte  le  fait  que  la 
photopériode  est  plus  longue  dans  le  nord  du  Canada  durant  les  mois  d'été 
(Pettapiece  1987).   Les  limites  des  classes  des  facteurs  A  et  H  (tableau  3) 
sont  arbitraires.   Elles  devront  être  mises  à  l'épreuve  afin  que  l'on  puisse 
établir  des  limites  plus  appropriées. 


-  68  - 

Tableau  3.   Critères  de  détermination  des  classes  de  polyvalence  des  sols* 
dans  les  terres  arables. 


Humidité  (A) 


Température  (H) 


Sous-classe  de 
régime  hygrométrique 


Cote  de 
À 


Degrés-jours  réels 
de  croissance 


Cote  de 
H 


Perhumide  et  humide 

Sub-humide 

Subaquique 

Semi-aride 

Aquique 

Subaride 

Peraquique 

Aride 

Régime  aqueux 


1 
2 
3 
4 
5 
6 
7 
8 
Non  durable 


> 

3300 

3300 

-  2801 

2800 

-  2301 

2300 

-  2001 

2000 

-  1701 

1700 

-  1501 

1500 

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*  Les  cotes  de  l'humidité  (A)  et  de  la  température  (H)  sont  établies  de  façon 
indépendante,  et  la  valeur  la  plus  basse  détermine  la  classe  de  polyvalence 
du  sol. 


3e  composante  -  La  productivité  du  sol 

Les  critères  utilisés  pour  estimer  la  productivité  du  sol  pour  les  cultures 
arables  sont  présentés  au  tableau  4.  Chacun  de  ces  critères  sera  quantifié  à 
l'aide  d'un  sous-indice  semblable  à  celui  utilisé  pour  établir  les  classes  de 
durabilité.   Ces  sous-indices  seront  déterminés  ultérieurement.  Nous 
prévoyons  aussi  tester  ces  critères  d'une  manière  semblable  à  celle  ayant 
permis  d'obtenir  les  résultats  du  tableau  1  afin  de  déterminer  des  limites  de 
classe  appropriées  pour  cette  troisième  composante.  À  partir  de  notre 
expérience  et  des  discussions  que  nous  avons  eues  avec  plusieurs  prospecteurs 
pédologiques,  nous  avons  classé  tous  les  sous-groupes  de  sol  du  système 
canadien  de  classification  des  sols  suivant  leur  productivité  (tableau  5).  La 
cote  des  sols  selon  leur  productivité  est  habituellement  supérieure  à  la  cote 
établie  par  l'ITC  d'après  l'aptitude  des  sols  à  la  production  agricole  parce 
que  les  facteurs  climatiques  ne  sont  habituellement  pas  pris  en  considération 
dans  notre  classification  des  sols  selon  leur  productivité.   Le  tableau  5 
s'avère  utile  pour  déterminer,  à  l'aide  des  informations  que  l'on  peut 
retrouver  dans  un  fichier  où  la  forme  du  terrain  est  caractérisée,  la  classe 
de  qualité  du  sol. 


-  69  - 

Tableau  4.   Critères  utilisés  pour  déterminer  la  classe  de  productivité  du  sol 
dans  les  terres  arables. 


Facteurs  relatifs  au  sol  de  surface 
0  -  20  cm 


Facteurs  relatifs  au  sous-sol 
20  -  120  cm 


Texture  (M) 

Structure  et  consistance  (D) 

Teneur  en  carbone  organique  (F) 

Réaction  du  sol  (V) 

Teneur  en  carbonate  (K) 

Salinité  (N) 

Pierrosité  à  la  surface  (P) 


Texture  (m) 

Structure  et  consistance  (d) 

Réaction  du  sol  (v) 
Teneur  en  carbonate  (k) 
Salinité  (n) 

Profondeur  à  laquelle  les 
racines  peuvent  se  rendre  (r) 
Drainage  (w) 


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16 

-  71  - 
DÉTERMINATION  DE  LA  CLASSE  ET  DES  SOUS-CLASSES  DE  QUALITÉ  DU  SOL 

a)  Classe  de  qualité  du  sol 

Les  classes  de  qualité  du  sol  sont  déterminées  grâce  à  l'indice  de  qualité  du 
sol,  lequel  représente  la  somme  des  cotes  des  trois  composantes  mentionnées 
précédemment  (c'est-à-dire  la  polyvalence,  la  durabilité  et  la  productivité  du 
sol).  Si  l'une  des  trois  composantes  reçoit  la  cote  «inapte»,  le  sol  est 
automatiquement  reconnu  lui  aussi  comme  «inapte».   En  plus  de  la  classe 
«inapte»,  la  durabilité  et  la  productivité  comportent  chacune  quatre 
classes  tandis  que  la  polyvalence  est  divisée  en  huit  classes.  Ainsi, 
l'indice  de  qualité  du  sol  varie  de  3  à  16.   La  relation  entre  l'indice  de 
qualité  du  sol  et  les  classes  de  qualité  est  la  suivante  : 

Indice  de  qualité  du  sol  Classe  de  qualité  du  sol 

1  supérieur 

2  bon 

3  moyen 

4  bas 

5  mauvais 

b)  Sous-classes  de  qualité  du  sol 

Les  sous-classes  de  qualité  du  sol  sont  utilisées  pour  indiquer  le  ou  les 
facteurs  limitants  pour  chacune  des  classes  de  qualité.   Un  maximum  de  trois 
critères,  parmi  les  critères  apparaissant  aux  tableaux  1,3  et  4,  peuvent  être 
utilisés  comme  suffixes  ajoutés  à  la  classe,  ce  qui  permet  ainsi  de  constituer 
des  sous-classes.   La  classe  1  ne  comporte  pas  de  sous-classes  puisque  les 
sols  de  cette  classe  n'ont  pas  de  facteurs  limitants.   À  titre  d'exemple,  un 
sol  ayant  reçu  la  cote  3CA  est  un  sol  de  classe  3  qui  est  sujet  à  l'érosion 
éolienne  et  dont  le  régime  hygrométrique  pose  certains  problèmes. 

Une  méthode  de  rechange  pour  évaluer  conjointement  la  polyvalence  et  la 
productivité  des  sols. 

Dumanski  et  al.  (1988)  ont  utilisé  l'équation  suivante  pour  obtenir  un  indice 
de  polyvalence  des  terres  (Physical  Land  Flexibility  Index,  PLF)  dans  la 
région  des  Prairies  canadiennes. 

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PLF  =  I        Si  Yi/Ymi 
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où  Si  =  portion  de  l'unité  cartographique  apte  à  produire  la 

culture  i  (%); 
Yi  =  rendement  potentiel  attendu  de  la  culture  i  exprimé  en  poids 

frais  (kg  ha~l) 
Ymi  =  rendement  maximum  attendu  de  la  récolte  i  exprimé  en  poids  frais 

(rendement  potentiel)  dans  la  zone  d'étude  (kg  ha--'-); 
n   =  nombre  de  récoltes  utilisé  pour  les  analyses 


-  72  - 

Des  indices  PLF  ont  été  calculés  pour  la  région  des  Prairies  en  prenant  en 
considération  huit  récoltes  (blé  de  printemps,  maïs,  soya,  haricot,  orge, 
avoine,  canola  et  tournesol).   Après  avoir  comparé  les  résultats  obtenus  avec 
cette  formule  avec  ceux  obtenus  par  l'évaluation  des  sols  et  du  climat, 
Dumanski  et  al.  (1988)  sont  arrivés  à  la  conclusion  que  les  indices  PLF  sont 
supérieurs  pour  évaluer  la  polyvalence  des  terres.   Cela  est  dû  au  fait  que  le 
rendement  (ou  la  production)  se  trouve  intégré  dans  cet  indice  en  plus  des 
paramètres  liés  au  sol  et  au  climat.   La  prise  en  compte  du  rendement  permet 
de  mieux  pondérer  les  effets  du  sol  et  du  climat  sur  la  polyvalence  des  sols. 

CONCLUSION 

Les  indices  PLF  constituent  potentiellement  le  meilleur  critère  pour  évaluer 
la  polyvalence  des  sols  à  l'échelle  nationale.   Pour  l'instant,  les  indices 
PLF  ont  été  calculés  seulement  pour  la  région  des  Prairies.   L'évaluation  de 
ces  indices  pour  tous  les  sols  cultivés  au  Canada  devrait  être  une  priorité 
importante  dans  tous  les  projets  visant  à  déterminer  la  qualité  des  sols  et  à 
évaluer  les  terres.   Si  les  indices  PLF  s'avèrent  appropriés  pour  évaluer  la 
polyvalence  des  sols,  la  troisième  composante  utilisée  pour  déterminer  la 
qualité  des  sols  (la  productivité)  pourrait  ne  plus  être  utile  parce  que  ces 
indices  tiennent  compte  du  climat  et  de  la  productivité. 

RÉFÉRENCES 


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Le  système  canadien  de  classification  des  sols.   2e  édition. 
Publication  1646  du  ministère  de  l'Agriculture  du  Canada,  170  pp. 

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-  73  - 

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3    ^073    0006006^    B 


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